Mgr Monsengwo assumera la présidence au départ de Mobutu

Zaïre: L’archevêque de Kisangani élu à la présidence du Parlement de transition zaïrois

Kinshasa/Rome, 11 mai 1997 (APIC) L’archevêque catholique de Kisangani, Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, a été élu samedi à Kinshasa à la présidence du Parlement de transition zaïrois. Il devrait assumer la présidence ad intérim en cas de départ du président Mobutu. Critique du régime dictatorial du clan Mobutu, Mgr Monsengwo, qui se trouve actuellement à Rome, a déclaré n’avoir pas été consulté avant cette désignation.

Mgr Monsengwo avait déjà occupé la présidence du Haut Conseil de la République – Parlement de Transition (HCR-PT), chargé de conduire la démocratisation du Zaïre, mais il en avait été destitué en juillet 1995 grâce à une entente entre partisans de Mobutu et députés de l’opposition. Six mois plus tard, en janvier 1996, le président du HCR-PT rendait publique sa démission de cette fonction, voulant donner un «signal d’alarme face au risque d’une restauration de la dictature».

L’»ancien régime» vit ses derniers jours

Le prélat dénonçait alors l’abandon progressif de l’Etat de droit et la veulerie d’une frange de la classe politique zaïroise, accusée de vouloir le retour de l’»ancien régime» et de travailler pour «l’immobilisme, le marasme et le pillage du patrimoine national». Aujourd’hui, cet «ancien régime» vit ces derniers jours, face aux troupes de Laurent-Désiré Kabila, qui progressent inexorablement en direction de Kinshasa.

L’archevêque de Kisangani se trouve actuellement au Vatican pour une session de travail discrète, alors que les diplomaties des Etats-Unis, de France et d’Afrique du Sud s’accordent sur son nom pour le voir conduire une étape de transition politique au Zaïre. Au Zaïre, dit-on de source diplomatique, le prélat jouit de l’estime et de la confiance des différentes parties en présence pour son rôle joué de 1991 et janvier 1996 à la tête du Haut Conseil-Parlement de Transition. Appelé à ce poste comme médiateur afin d’apaiser une situation politique déjà en ébullition, il avait dû donner sa démission en janvier 1996, en partie sous la pression du Vatican, qui estimait que les prises de position qu’il était amené à prendre sortaient de son rôle d’évêque.

Crainte d’un dérapage total à Kinshasa

Aujourd’hui, sans le vouloir, Mgr Monsengwo revient sur le devant de la scène, alors que les diplomaties occidentales craignent un dérapage total de la situation à Kinshasa, qui pourrait bien être le théâtre, craignent-t-elles, d’un pillage violent de la part des derniers soldats du président Mobutu ou, d’ici peu, de la part des rebelles de Laurent Kabila. Le nom de Monsengwo circule donc à nouveau, non comme personnage providentiel, mais comme personnalité capable de mener une transition, la moins brutale possible, entre le président et le chef des rebelles.

Le fait que Mgr Monsengwo soit actuellement à Rome et – contrairement à ses habitudes – logé à l’intérieur de la Cité du Vatican, laisse penser, d’une part que différents pays occidentaux auraient pu demander au Vatican d’étudier cette idée, d’autre part que le Vatican prend très au sérieux cette hypothèse, soucieux qu’il est de privilégier les solutions pacifiques, fondées sur la négociation. Jusqu’à présent, le Vatican, n’a pas réagi ni même commenté ce retour aux affaires de Mgr Monsengwo. De son côté, le président de la Conférence épiscopale zaïroise, Mgr Faustin Ngabu, archevêque de Goma, affirmait encore vendredi qu’aucune demande officielle n’a été encore formulée au Zaïre pour inviter Mgr Monsengwo à jouer un tel rôle.

Dans une interview accordée le 25 février à la revue italienne «Mondo e Missione», Mgr Monsengwo déclarait: «Ils connaissent bien ma position: ils ne peuvent pas me faire de demande en tant que simple personne parce que j’appartiens à une communauté. Beaucoup, à l’intérieur comme à l’extérieur du Zaïre, voudraient me voir revenir pour diriger le Haut Conseil, mais je n’y pas encore pensé. Il faudrait avant toute chose que la demande soit formalisée et motivée. Et cela, personne ne l’a fait.» Et il avertissait: «Revenir dans des conditions identiques à celles que nous avions quand j’ai quitté le Haut Conseil, ce serait perdre son temps. Il faudrait de toute façon un discernement ecclésial sur toute la question.» En 1995, l’archevêque de Kisangani avait étéé la cible d’un complot visant à l’assassiner, qui

aurait été fomenté par des agents du régime Mobutu. Les Etats-Unis avaient mis en garde leur ancien protégé contre une telle intention. (apic/cip/imedia/bia/kap/be)

6 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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