Responsabilité de l’ancien Premier ministre Nguza Karl I Bond
Zaïre: Un missionnaire belge dénonce les déportations au Shaba (151092)
Bruxelles, 15octobre(APIC) Jour après jour depuis le mois d’août, des
villages entiers du Shaba (ex-Katanga) au sud du Zaïre sont vidés de tous
les Kasaïens, ethnie originaire de la province voisine du Kasaï à environ
150 km à l’ouest. Un missionnaire spiritain belge, Christian Roberti, de
retour du Zaïre, a révélé ces déportations à Bruxelles. Pour lui, il s’agit
d’une politique délibérée du parti UFERI de l’ancien Premier ministre Nguza
Karl I Bond, originaire du Katanga, et du gouverneur Kiyungu y Kumwanza. Au
moins 2’000 personnes ont été expulsées dans des conditions inhumaines et
l’économie de la région tourne au ralenti, les Kasaïens étant traditionnellement des fermiers et des petits commerçants.
«A part quelques vieux, tous les Kasaïens sont partis! Expulsés!» témoigne Christian Roberti, qui a constaté lui-même ces faits. En tant que
médecin, il s’est astreint à une visite systématique de toute la zone, soit
un parcours de 1200 kilomètres. Il confime les craintes avancées quelques
semaines plus tôt par d’autres observateurs étrangers. Nguza Karl I Bond,
ex-Premier ministre, et Kyungu ya Kumwanza, gouverneur de la région, ont
dressé les Katangais contre les Kasaïens.
A partir du 8 août avec l’accession au poste de Premier ministre
d’Etienne Tshisekedi, ressortissant du Kasaï oriental, la situation s’est
aggravée, les Katangais craignant de voir les Kasaïens imposer leur loi au
Shaba.
Des conditions de déportation inhumaines
«On a chassé les Kasaïens sous les insultes et les menaces. On a mis le
feu à leurs maisons, après avoir arraché les portes et les fenêtres et volé
leurs biens. (…) Même les vieillards, les femmes enceintes et les enfants
ont été contraints de fuir vers le Kasaï oriental à 150 km de là», témoigne
le missionnaire. En général, ces expulsions qui ont touché quelque 2’000
personnes n’ont pas fait de blessés, mais les conditions de l’exil ont été
très dures.
Pour le frère Roberti, la responsabilité de l’UFERI, parti de Nguza Karl
I Bond, ne fait aucun doute. Ce sont les Jeunesses UFERI qui ont organisé
ces expulsions au vu et au su des autorités locales qui n’ont rien fait ni
pour empêcher ces déportations, ni pour permettre le retour des réfugiés.
Le responsable régional du parti aurait déclaré :»Les Kasaïens sont des microbes qu’il faut écraser; ce sont eux les responsables de la ruine de notre Katanga».
Outre les Kasaïens, des membres de la communauté katangaise ont également été menacés ou expulsés sous prétexte de leur appartenance à l’UDPS,
le parti du Premier ministre actuel Etienne Tshisekedi. Plusieurs directeurs d’école ont dû prendre la fuite, certains ont été agressés par des
membres de la Jeunesse UFERI, d’autres ont vu leur maison incendiée après
leur refus de s’inscrire à ce parti. (apic/cip/mp)