Zambie: Le nonce apostolique opposé à l’usage du préservatif dans la lutte contre le sida
«Une solution erronée au véritable problème du vih/sida»
Lusaka, 23 mai 2005 (Apic) Le nonce apostolique en Zambie, Mgr Orlando Antonini, s’est publiquement opposé à l’usage du préservatif dans la lutte contre le sida. Le représentant du Vatican en Zambie répondait aux critiques d’un expert de la lutte contre le vih/sida qui estime que l’interdiction du préservatif par l’Eglise catholique freine la campagne contre la pandémie dans ce pays d’Afrique centrale.
«L’usage du préservatif constitue encore une solution erronée au véritable problème du vih/sida, même si c’est une question brûlante en Afrique», a déclaré l’archevêque catholique Orlando Antonini, cité par l’agence oecuménique ENI basée à Genève. L’agence a repris un article du journal zambien «The Sunday Post» à Lusaka.
L’usage du préservatif interdit face à une espérance de vie désormais à 37 ans ?
Mgr Antonini répondait à un article paru dans ce journal début mai, dans lequel l’expert de la lutte contre le sida Mannasseh Phiri critiquait le pape Benoît XVI, ainsi que l’enseignement catholique sur l’usage des préservatifs contre le sida. L’archevêque a déclaré que la position de l’Eglise catholique n’allait pas changer et il a ajouté que «l’enseignement de l’Eglise catholique s’adresse aux catholiques – car hors du mariage, les relations sexuelles sont interdites, et l’usage du condom est donc hors de question.»
Selon le programme ONUSIDA, le vih/sida représente aujourd’hui en Zambie le problème le plus grave pour le développement et sur le plan humanitaire. L’espérance de vie, qui serait de 60 ans sans le sida, est aujourd’hui de 37 ans à cause de la pandémie, selon les chiffres de 2003.
Le cardinal Wilfred Napier, archevêque de Durban et président de la Conférence épiscopale d’Afrique australe (SACBC), estime pour sa part que la promotion du condom a raté son objectif de freiner le sida en Afrique et a même favorisé plus de promiscuité et un comportement immoral. Il a rappelé que 600 personnes meurent quotidiennement du sida en Afrique du Sud, malgré les millions dépensés dans les campagnes de prévention faisant la promotion du préservatif.
Des opinions plus ouvertes dans la hiérarchie catholique
Pourtant, dans une partie de l’Afrique, un archevêque catholique a accepté l’utilisation du préservatif chez les couples mariés affectés par le virus. Mgr Boniface Lele, nouvel archevêque de Mombasa, au Kenya, a en effet déclaré que l’Eglise était en faveur d’un changement de comportement comme première protection contre le sida, mais que la situation des couples infectés était unique, puisque le choix de la séparation pourrait entraîner la propagation du sida.
En avril dernier, il a déclaré que «puisque ces personnes sont mariées, que peut-on leur dire? De se séparer? Ceci serait contraire à l’enseignement de l’Eglise.» L’utilisation des préservatifs par les personnes affectées par le VIH est conforme à l’enseignement de l’Eglise, a affirmé Mgr Lele, «car tout ce qui peut sauver et prolonger la vie doit être utilisé.»
Au début de l’année, le cardinal suisse Georges Cottier, théologien de la maison pontificale, se déclarait également – à titre «strictement personnel» – favorable à l’utilisation du préservatif dans la lutte contre le sida, mais dans un cadre très limité et dans des situations d’urgence. Il considérait que l’utilisation du préservatif pouvait être considérée comme «légitime» dans certaines circonstances particulières, en particulier lorsque les gens sont «prisonniers» d’une «situation» d’épidémie et que n’est plus praticable «la voie normale» et la «plus sûre» de l’éducation à la «sacralité du corps humain». (apic/eni/imedia/be)