Zurich: Mgr Henrici à propos du suicide de deux prêtres dans le diocèse de Coire

«L’Eglise ne laisse pas ses prêtres seuls dans la tourmente»

Zurich,

(APIC) «Il est abusif d’établir une relation entre la pénurie de prêtres et le suicide de deux d’entre eux, comme l’a fait le quotidien de Zurich «TagesAnzeiger» (TA), a déclaré Mgr Peter Henrici, vicaire générale des bords de la Limatt, interrogé mercredi par l’APIC. «Dans les deux cas, il s’agit de tragédies personnelles.» Mgr Henrici déplore cependant le climat tendu de certaines paroisses qui alourdit considérablement la tâche des curés.

Sous le titre de «Priestermangel: Tragische Folgen» (manque de prêtres: conséquences tragiques), le quotidien zurichois «Tagesanzeiger» (TA) a consacré la première page de son édition de mercredi au suicide de deux prêtres catholiques, survenus ces deux dernières années dans le diocèse de Coire.

Selon l’évêque auxiliaire de la ville des bords de la Limatt, les deux prêtres qui ont attenté à leurs jours étaient instables. Il est établi que leur équilibre psychique était précaire. La charge que les prêtres d’aujourd’hui doivent assumer n’a pas joué un rôle décisif dans ces deux morts brutales. Les deux responsables pastoraux avaient bénéficié d’un soutien psychologique et d’un accompagnement, poursuit Mgr Henrici. La mort du plus âgé d’entre eux remonte à deux ans. Le second s’est suicidé sitôt rentré d’un pèlerinage houleux à Lourdes.

Des tensions paroissiales de longue date

Urdorf connaît des tensions de longue date. Le TA relie ainsi les deux suicides au retrait du Conseil de paroisse d’Urdorf (ZH) qui aurait fait grand bruit. Le démissionnaire Josef Koller avait mis en cause les carences du curé de la paroisse en matière de communication et de gestion. Trouvant étrange que Josef Koller ait jugé bon d’incriminer l’incompétence du prêtre devant le conseil de district, Mgr Henrici lui a écrit qu’il regrettait que le démissionnaire n’ait pas fait part de ses doléances à l’instance compétente, c’est-à-dire au vicariat général.

L’affaire de Urdorf a mis deux éléments en lumière, poursuit Mrg Henrici. D’abord, la pénurie de prêtres détériore le climat dans les paroisses, qui craignent de ne plus avoir de prêtre. Cela peut conduire à précipiter l’installation d’un jeune prêtre dans une paroisse et à ne pas tenir compte des mises en garde du diocèse. C’est ce qui semble s’être passé à Urdorf. Dans sa lettre à Josef Koller, Mgr Henrici disait que ce n’était peut-être pas sans raison qu’il s’était montré très réservé face à l’empressement des autorités paroissiales à élire leur nouveau curé.

Un curé ne peut pas plaire à tout le monde

Il faut savoir en outre, indique Mgr Henrici, que la paix et l’entente ne règnent pas toujours au sein des paroisses. Ils ne sont pas rares les prêtres chevronnés et expérimentés que l’on ne veut pas voir à la cure, en raison de divergences d’opinions. «Un prêtre peut passer pour conservateur chez les uns et progressiste chez les autres», souligne Mgr Henrici. Les autorités paroissiales ressentent la pression des fidèles et se doivent de réussir à trouver un prêtre. Il peut arriver que dans ces circonstances, elles n’examinent pas suffisamment les candidatures sous l’angle des compétences à diriger une paroisse.

«La proportion de prêtres par rapport aux fidèles reste paradoxalement très élevée en Suisse, par rapport au reste du monde. Nous avons bénéficié d’un effectif pléthorique dans les années 30 et 40 et nous avons établi alors un réseau de communauté extrêmement dense. Il n’est pas facile à présent de changer cet état de chose», relève Mgr Henrici, qui se déclare favorable à la formation de secteurs pastoraux regroupant plusieurs paroisses. Le prélat ne nie cependant pas le problème que constitue la pénurie des vocations sacerdotales.

Encadrement des agents pastoraux

Il existe des prêtres, insuffisamment formés à rencontrer les gens ou dépourvus de qualités de dirigeant, qui ne sont pas faits pour la vie en paroisse et qui ne pourraient pas conduire une communauté, Comment pallier ces lacunes? Réponse de Mgr Henrici: «Nous essayons d’adjoindre ces prêtres à des curés rompus à l’exercice de leur charge, en tant que vicaire. Nous leur proposons une supervision ou nous les dirigeons vers un psychothérapeute. Nous avons procédé ainsi pour les deux prêtres tragiquement décédés.

Mgr Henrici explique encore: «Nous ne confions pas une paroisse à un prêtre dont nous savons qu’il n’est pas apte à cette fonction. «Le problème, c’est que les curés en place sont débordés et ne peuvent pas encadrer de jeunes prêtres inexpérimentés «Nous ne disposons pas de suffisamment de postes de vicaire». Il arrive de plus en plus que les conseils de paroisse complètent leur dotation en forces pastorales par des assistants pastoraux. Il n’y a alors plus de place pour les vicaires. «A cet égard, notre encadrement est insuffisant.» En plus, en raison du manque de personnel, des gens travaillent dans l’administration des paroisses sans connaître vraiment l’Eglise. C’est sans doute la raison pour laquelle le vicariat épiscopal n’est pas la première instance à laquelle ils s’adressent, admet Mgr Henrici.

Elargir la formation

La formation des prêtres doit à tout prix être élargie et nous devons vouer tous nos soins au premier ministère exercé en paroisse, estime Mgr Henrici. Il ne s’agit pas seulement d’introduire de nouvelles matières dans les facultés de théologie. C’est la «formation personnelle» qui doit être améliorée. Mais la meilleure des formations ne peut pas garantir un sens égal du relationnel chez tout le monde. «Je ne peux pas attendre que chacun de mes prêtres soit à même de tenir les rennes d’une paroisse de 3’000 âmes et de gérer dix employés. Il faut bien se rendre compte qu’une paroisse de cette taille constitue déjà une petite entreprise.» (kipa/gs/job/mjp)

Zurich: feu vert pour la première église en gare

Zurich,

(APIC) La gare de Zurich sera la première de Suisse à avoir son église. Munie du feu vert de l’assemblée du Synode catholique de Zurich, l’»église de la gare de Zurich» ouvrira ses portes au mois d’octobre. Les deux Eglises nationales impliquées dans le projet se partageront le coût annuel de 400’000 francs du petit édifice.

Le projet œcuménique de l’église de la gare de Zurich concerne une surface de 60 m2 dans le secteur des guichets. A côté d’un espace de silence et de recueillement, l’Eglise comportera un local d’accueil ainsi que deux places de travail pour des prêtres. L’église est destinée aux voyageurs de passage et au personnel qui travaille dans l’aire de la gare. «Des personnes qui cherchent un peu de paix dans l’agitation urbaine ou qui sont en détresse et attendent une assistance spirituelle», précise le communiqué de presse.

Pour quatre ans tout d’abord

Le Synode de l’Eglise réformée avait accepté mardi déjà, à une grande majorité, le projet pilote qui coûtera environ 400’000 frs par année aux deux Eglises. Avec le «oui» clair de leurs synodes, les Eglises nationales s’engagent à mener l’expérience pendant quatre ans, jusqu’à la fin 2003. En plus des représentants des Eglises, la commission de projet compte des membres des CFF, de la police cantonale et des auxiliaires de la gare. (apic/com/job/mjp)

29 juin 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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