Bernard Litzler

Devant nos portes

Calais ou Kos… L’été est agité. La mer charrie des vagues… de réfugiés, de migrants, de fugitifs. Ces humains attendent de l’aide. S’il vous plaît, un secours, un toit, de la nourriture. Et nous les voyons à la TV, dans nos journaux. Ils sont là par centaines, par milliers.

Calais ou Kos, Lampedusa, ou Vintimille, la Macédoine ou les plages de Sicile, ou Chiasso… les lieux sont connus. Les frontières sont poreuses, les détresses immenses. Ceux qui arrivent sont déjà des rescapés. Chez nous, ils deviennent des «migrants». Un étrange ballet politique s’installe en Europe: «Pas chez moi, peut-être mon voisin…», leur dit-on. Mais les flux ne s’arrêtent pas. Ce peuple sorti des eaux est devant nos portes.

Certains – c’est heureux – les ouvrent, ces portes. D’autres réfléchissent. Mais l’ampleur du phénomène démontre les drames que fuient ces pèlerins de l’été: la Syrie démantelée, l’Erythrée dictatoriale, l’Afghanistan incendié. Quitte à périr en mer, fuyons, cela vaut mieux que de subir la guerre civile et la violence. Et nous tergiversons. Nous réfléchissons. La mesure de ces errances peine à nous toucher. C’est là le drame. Sans être angéliques, nous savons que des migrants viennent par intérêt économique. Mais la grande majorité cherche un abri aussi longtemps que dure le malheur.

Des portes s’entrouvrent chez nous. Sauront-elles s’ouvrir comme en 1973 pour les réfugiés chiliens? Comme en 1992 pour les Bosniaques? Comme pour les Kosovars? Les futures stars de l’équipe nationale de football sont peut-être devant nos portes. Et Samia, 4 ans aujourd’hui, sera sans doute celle qui, en 2038, consolera nos pensionnaires d’EMS. Nous y serons, sans doute. Elle aussi, si nous lui ouvrons la porte.

Bernard Litzler

Réfugiés arrivant sur les côtes italiennes. (photo: Flickr/rn_topten/CC BY-NC 2.0)
27 août 2015 | 16:38
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 1 min.
Migrants (345)
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