Les quinquagénaires les plus touchés

Rome: En 40 ans, près de 70’000 prêtres ont quitté l’Eglise

Rome, 19 avril 2007 (Apic) Entre 1964 et 2004, près de 70’000 prêtres ont quitté l’Eglise. La Civiltà Cattolica, le bimensuel des jésuites relu par la Secrétairerie d’Etat avant publication, a donné ces chiffres officiels dans son numéro à paraître le 21 avril. Dans une analyse sur les défections et les réintégrations de prêtres, en particulier pour cause de mariage, le père Gianpaolo Salvini note que la rigidité d’autrefois, qui jugeait et condamnait durement chaque abandon au sacerdoce, a été tempérée par une pratique pastorale, certainement plus compréhensive et maternelle.

«Il n’existe pas de statistique fiable qui permette de connaître le nombre actuel de prêtres qui, ayant abandonné le ministère, se sont mariés», note le père Salvini. Selon le droit canonique, l’ordination sacrée, une fois validement reçue, n’est jamais annulée. A sa demande, souvent en vue d’un mariage, un prêtre peut toutefois perdre l’état clérical.

Dans son analyse, il livre cependant les chiffres officiels du Saint-Siège. En 40 ans, 69’063 prêtres ont quitté le ministère. Dans le même temps, entre 1970 et 2004, 11’213 ont réintégré la prêtrise. «Ce qui signifie que les prêtres mariés ne peuvent pas être aujourd’hui plus de 57’000. Probablement sont-ils encore moins nombreux, car en 40 ans un certain nombre d’entre eux est mort», constate ainsi Gianpaolo Salvini.

Pour lui, les chiffres donnés par la presse et les associations de prêtres mariés, qui parlent de 80’000 à 100’000 ex-prêtres, sont infondés. Le jésuite met aussi en garde les fidèles contre certaines de ces associations qui n’ont «évidemment aucun lien avec la hiérarchie» et qui offrent «leurs services sacerdotaux à ceux qui le demandent, en particulier des fidèles qui, à cause de leur situation irrégulière ou pour des raisons de commodités, ne désirent pas recourir aux services d’un prêtre régulier».

Défections en baisse, demandes de réadmission en hausse

Il constate aussi qu’actuellement les défections sont en légère augmentation, mais en rien comparable à celles des années 1970, après le Concile Vatican II. Entre 2000 et 2004, la moyenne des défections des prêtres s’élève à 0,26 % des effectifs du clergé, soit en 5 ans, 5’383 abandons. Généralement, les prêtres qui demandent à quitter le sacerdoce sont des quinquagénaires, qui ont déjà derrière eux un service actif d’environ 13 ans. 50,2 % de ceux qui demandent à quitter le ministère sont déjà mariés civilement, 14,5 % vivent en concubinage et 35,2 % sont célibataires.

Mais, dans le même temps, le nombre de ceux qui demandent à être réintégrés augmente. Sur 1’076 défections annuelles, 554 prêtres (en majorité membres de congrégations religieuses) l’officialisent par une demande de dispense de leurs obligations de prêtres : célibat et récitation du bréviaire. Sur les 522 restants, chaque année, 74 demandent leur réintégration au clergé actif. Ainsi le Vatican est sans nouvelle de 2’240 prêtres qui ont quitté leur ministère entre 2000 et 2004.

«Les causes d’abandon, du moins pour celles déclarées, sont très variées», souligne le jésuite. «La majeure partie des demandes de dispense est due à des situations d’instabilité affective», des «dépressions», «de graves limites de comportement», mais aussi «des crises de foi», «des conflits avec des supérieurs ou des difficultés avec le magistère».

Retours au sacerdoce sous conditions

Quant aux retours, le père Salvini précise que certains font pression pour être réadmis au sacerdoce, mais sans abandonner leur vie de prêtre marié, une chose que l’Eglise ne peut concéder sans modifier la loi sur le célibat. Bon nombre d’entre eux vont alors exercer dans les confessions protestantes ou dans les sectes.

Le père Salvini souligne cependant que, dans l’Eglise catholique, les prêtres mariés en activité existent bien : ceux des rites orientaux et, depuis Pie XII, les pasteurs protestants passés à l’Eglise catholique.

Rappelant la discipline de l’Eglise catholique romaine sur le célibat, le jésuite explique toutefois que la «récupération» des prêtres mariés, dont les cas se sont multipliés, a demandé une modification de la législation et de nouvelles procédures. Pour pouvoir réintégrer les rangs du clergé actif, les impétrants doivent en faire personnellement la demande, obtenir l’appui d’un évêque, ou d’un supérieur de congrégation religieuse, qui manifestent leur désir de le prendre sous leur autorité et de garantir l’absence de risque de scandale.

Celui qui veut réintégrer le ministère doit aussi être libre de tous liens matrimoniaux sacrés et d’obligations civiles envers sa femme ou envers des enfants mineurs. Il doit ainsi présenter l’acte de décès de son épouse ou un décret de nullité de mariage. Quant à ses enfants, ils doivent donc être majeurs, indépendants financièrement et ne pas vivre avec leur père. Enfin, le candidat ne doit ne pas être trop âgé lorsqu’il demande sa réintégration, fournir le témoignage de laïcs et d’ecclésiastiques sur ses capacités à reprendre son ministère et suivre une remise à niveau théologique d’au moins six mois.

Les chefs de dicastère de la curie romaine avaient réaffirmé avec Benoît XVI l’exigence du célibat des prêtres, le 16 novembre 2006, lors d’une réunion convoquée par le pape au Vatican. Cette réunion extraordinaire s’était en particulier penchée sur les requêtes de dispense de l’obligation au célibat, présentées ces dernières années, et sur la possibilité de réadmission au ministère.(apic/imedia/hy/js)

19 avril 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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