Des accusations «qui se sont révélées infondées»
Rome: Le Gouvernorat du Vatican répond point par point dans «l’affaire Vigano»
Rome, 4 février 2012 (Apic) Sortant de son silence dans «l’affaire Vigano» – du nom de l’ancien secrétaire général du Gouvernorat de la Cité du Vatican – le Gouvernorat du Vatican a contre-attaqué samedi 4 février. Mgr Carlo Maria Vigano s’était plaint de la «corruption» et des «malversations» dans la gestion du patrimoine du Saint-Siège, avant d’être muté comme nonce apostolique aux Etats-Unis en octobre dernier. Des médias italiens avaient qualifié ce déplacement à Washington de «punition».
Le Saint-Siège avait déjà exprimé son amertume et sa réprobation juste après la diffusion, dans la soirée du mercredi 25 janvier, de documents confidentiels dans le cadre de l’émission les «intouchables» de la chaîne de télévision italienne, «La 7». Radio Vatican a publié samedi la déclaration de la présidence du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican.
Dans un long texte publié le 4 février, le Gouvernorat dément point par point les affirmations contenues dans des lettres de l’ancien numéro deux des services administratifs du Vatican adressées à ses supérieurs, dont le pape Benoît XVI, et révélées par les médias italiens le 25 janvier dernier. Dans cette mise au point portant la signature du cardinal Giovanni Lajolo, président émérite, de Mgr Giuseppe Bertello, président actuel, de Mgr Giuseppe Sciacca, secrétaire général, et de Mgr Giorgio Corbellini, ancien sous-secrétaire général, le Gouvernorat du Vatican réaffirme «sa confiance et son estime pour les personnes victimes d’accusations qui se sont révélées infondées».
Le Gouvernorat du Vatican déplore un certain «journalisme irresponsable»
Le Gouvernorat y exprime sa «vive amertume» devant la «publication abusive» des deux lettres de Mgr Carlo Maria Vigano, la première adressée au pape le 27 mars 2011, la deuxième au cardinal Secrétaire d’Etat le 8 mai, et déplore en passant un certain «journalisme irresponsable».
Les affirmations que ces lettres contiennent ne peuvent pas ne pas donner l’impression que le Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican, au lieu d’être un organe de gouvernement responsable, est «une entité dont on ne peut se fier, à la merci de forces obscures», peut-on lire dans la mise au point. Après un examen attentif du contenu des deux missives précitées, la présidence du Gouvernorat estime qu’il est de son devoir de déclarer publiquement que «ces affirmations sont le fruit d’évaluations erronées, ou qu’elles se basent sur des craintes qu’aucune preuve n’a pu étayer et que, au contraire, les principales personnalités appelées à témoigner, ont ouvertement démenties».
Le bilan et le budget du Gouvernorat, souligne le texte, sont d’abord approuvés par la Commission pontificale pour l’Etat de la Cité du Vatican, puis soumis à la Préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège, qui les examine puis les soumet à un collège d’auditeurs internationaux. Comme on le sait, les investissements financiers du Gouvernorat, confiés à des gestionnaires externes, ont essuyé des pertes importantes lors de la grande crise internationale de 2008.
Selon les critères comptables établis par la Préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège conformément aux critères adoptés en Italie, ces pertes ont été distribuées sur l’exercice 2009 qui a donc enregistré un déficit de 7’815’000 euros. Le communiqué relève que, indépendamment des pertes financières, la gestion du Gouvernorat est restée positive.
Excellents résultats des Musées du Vatican
«On est ainsi passé d’un déficit de 7’815’00 euros en 2009 à un excédent de 21’043’000 euros en 2010 et cela grâce à deux facteurs principaux: à la gestion des investissements financiers du Gouvernorat, confiée par le cardinal président à l’APSA (Administration du Patrimoine du Siège apostolique), et surtout aux excellents résultats des Musées du Vatican».
La présidence du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican exprime «sa confiance totale et son estime aux membres du Comité de Finance et de Gestion et les remercie de la précieuse contribution qu’ils apportent, avec un professionnalisme reconnu, en consacrant une part de leur temps, sans aucune charge pour le Gouvernorat, et espère pouvoir continuer à l’avenir à faire appel à leur compétence».
Le Gouvernorat réitère sa totale confiance aux collaborateurs
Elle confirme par ailleurs sa totale confiance dans les Directions et divers collaborateurs, «puisque, après un examen approfondi, les soupçons et les accusations se sont révélés infondés, tout comme la nouvelle, tellement infondée qu’elle en devient ridicule, propagée par un certain journalisme très peu sérieux, selon laquelle on aurait procédé à des écoutes téléphoniques», et ceci dans le cadre d’une procédure purement administrative et disciplinaire !
La présidence se dit bien consciente du fait que la gestion du Gouvernorat peut être améliorée conformément aux recommandations de la Société de gestion McKinsey, consultée en 2009 par le cardinal président suite à une proposition faite par le Comité de Finance et de Gestion. La réalisation des suggestions de la Société McKinsey a déjà commencé il y a un certain temps, relève le communiqué, et se poursuivra dans le même esprit, «tandis que la transparence et la rigueur, adoptées par la présidence précédente, seront poursuivies, avec le même engagement et la même sérénité, par l’équipe actuelle».
Dans ses lettres, Mgr Vigano, secrétaire général du gouvernorat de la Cité du Vatican entre 2009 et 2011, dénonçait la situation «désastreuse» découverte à sa prise de fonction, sur fond de népotisme et de favoritisme. Il se plaignait de voir les contrats toujours attribués aux mêmes entreprises à des prix selon lui exagérés. Il se disait victime d’une campagne de dénigrement de la part de responsables du Vatican hostiles à sa politique de rigueur et considérait sa mutation à Washington comme «un verdict de condamnation» et une «punition». (apic/com/rv/be)