La réalité homosexuelle

Mgr Jean-Marie Lovey a-t-il bien fait de donner une interview au Nouvelliste, ce 19 mai? La réponse lui appartient. Mais sa prise de position sur l’homosexualité perçue comme une «faiblesse de la nature» a prêté le flanc à la critique des cercles concernés et des réseaux sociaux.

L’homosexualité fait débat dans toutes les Eglises. La ligne de front entre accueil et mise à l’écart des personnes homosexuelles existe dans tous ces milieux. Avec des réponses différentes. Et un juste milieu difficile à déterminer. Ce week-end encore, lorsque l’Eglise protestante unie de France a autorisé la bénédiction des couples homosexuels, le Conseil national des évangéliques de France a qualifié la décision de «consternante».

La cause homosexuelle sait habiller son combat de parades colorées dont la Suisse est familière. Cette lutte porte ses fruits, lentement. Les jeunes générations possèdent, à juste titre, une ouverture à la vie des personnes homosexuelles que n’avaient pas leurs aînés, manifestement.

Faut-il, pour autant, taire ses oppositions? Faut-il accepter toutes les revendications, multiples et parfois contradictoires, des gays et lesbiennes? Mgr Lovey a pris le risque de faire entendre une voix différente, cette semaine. Il l’avait déjà fait, en avril, dans l’Echo magazine, lorsqu’il avait indiqué avoir reçu les organisateurs de la Gay Pride de Sion: «Je leur ai dit que des homosexuels ne se reconnaissent pas dans ce cortège et dans les débordements qui l’accompagnent. On peut très bien faire une manif pour obtenir une meilleure acceptation des personnes homosexuelles, mais ce carnaval n’est pas à leur honneur et ne les aide pas».

La position du pape François (»Si une personne est homosexuelle et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?») a mis le curseur à sa juste place. Reste la réalité pastorale. Dieu aime ses enfants, il les aime tous, d’une égale manière. L’Eglise catholique, comme les autres Eglises chrétiennes, doivent en être témoins. Mais les Eglises sont provoquées par la condition homosexuelle. Cela ne doit pas les empêcher, comme le fera encore le Synode romain de cet automne, de parler de la vie familiale, au cœur de la transmission de la vie. Sans oublier que ce modèle n’est pas unique. Et sans ostraciser ceux dont la condition de vie est différente.

Bernard Litzler