Guy Musy

L'evangile du dimanche: Rançon…

Marc 10, 35-45

Jésus a donné sa vie en rançon. Voilà une expression qui me tracasse depuis mes années d’études théologique. D’autant plus qu’on me faisait lire en ce temps-là de vénérables auteurs qui osaient prétendre que cette rançon devait être versée à Dieu comme à un Moloch buveur de sang ou au diable qui tenait sous ses griffes l’humanité captive. Deux hypothèses aussi injurieuses qu’insoutenables. En fait, il ne s’agit là que d’une métaphore, d’une image qu’il faut savoir interpréter. Son sens se définit à partir de l’usage concret qu’on faisait de cette pratique en Israël. Donner une rançon était alors une transaction financière dont le but était d’obtenir la libération ou le rachat d’un esclave ou pour éviter à un condamné l’exécution de la peine capitale. Bref, un usage pas trop éloigné de celui d’aujourd’hui, quand des gouvernants payent clandestinement une montagne d’euros ou de dollars pour obtenir la libération d’un de leurs ressortissants kidnappé par une organisation terroriste et criminelle. Suivez mon regard….

Le sens évangélique de la métaphore, si on s’en tient là, apparaît clairement: Jésus est disposé à payer le prix d’une libération. Mais l’évangéliste se garde bien de préciser à qui il doit le payer. De grâce, ne faisons pas dire au texte plus qu’il ne dit lui-même. Ce qui est dit, par contre, c’est la nature de cette transaction. Non pas un montant d’argent versé à je ne sais qui, mais une vie donnée. Autrement dit, un amour qui va jusqu’au bout de lui-même sert de monnaie d’échange. Puisqu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Et qui sont donc les bénéficiaires de cette libération? L’évangéliste, sans être très clair, nous dit qu’ils sont «nombreux». Ce qui se traduit habituellement par «multitude». Comme cette «multitude» pour laquelle est versé le sang de l’alliance évoquée à chaque messe. L’humanité toute entière est donc concernée par ce don. Et non pas seulement une partie d’entre elle, comme voulaient nous le faire croire ces crucifix jansénistes qui présentaient le Christ en croix, les bras dressés à la verticale, les doigts repliés sur la paume des mains et non pas largement ouverts pour embrasser le monde entier.

En conclusion, le Christ nous fait sortir de toutes nos prisons en nous témoignant un amour sans limites. Cet exemple ne peut être qu’incitatif et communicatif. Comment rester de marbre face à une générosité qui va jusqu’au total oubli de soi? Inutile de chercher d’autres explications à ce texte. Il suffit de réponde à l’Amour par l’amour.

Guy Musy I 16.10.2015


 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (10, 35-45)

Les fils de Zébédée, Jacques et Jean, s’approchèrent de Jésus, et lui dirent: Maître, nous voudrions que tu fisses pour nous ce que nous te demanderons.

Il leur dit: Que voulez-vous que je fasse pour vous? Accorde-nous, lui dirent-ils, d’être assis l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, quand tu seras dans ta gloire.

Jésus leur répondit: Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé? Nous le pouvons, dirent-ils.

Et Jésus leur répondit: Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire, et que vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé; Mais pour ce qui est d’être assis à ma droite ou à ma gauche, cela ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu’à ceux à qui cela est réservé. Les dix, ayant entendu cela, commencèrent à s’indigner contre Jacques et Jean.

Jésus les appela, et leur dit: Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent.

Il n’en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous.

Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.

https://www.cath.ch/blogsf/levangile-du-dimanche-rancon/
16 octobre 2015 | 16:33
par Guy Musy
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