Guy Musy

L'Evangile de dimanche: Qu’as-tu fait de ton baptême?

Luc 3, 15-16,21-22

«Mais enfin, Jésus n’a pas été baptisé… Impossible!» – «Mais si, puisque les évangiles nous le disent» .

Oui, mais alors que signifie le baptême de Jésus, noyé dans la masse des petites gens qui se pressent autour de Jean? Il est dans la file! Comme un pécheur pénitent qui attendent son tour au confessionnal. Assujetti à ce prédicateur farouche dont la voix tonne dans ce désert et affole plus qu’elle ne console.

On comprend que les disciples de Jésus – comme des potaches qui en cours de récréation se disputent au sujet des hauts faits de leurs pères respectifs – aient tenu à rétablir l’équilibre en leur faveur et ne pas laisser l’avantage aux disciples de Jean. Ils ont fait de leur Maître le maître du Baptiste. Contre toute attente, ce dernier est présenté comme l’esclave du premier, indigne de délier la courroie de ses sandales. Quant à son baptême, il n’a évidemment pas les vertus de celui que promet Jésus.

Mais le génie des évangélistes ne s’arrête pas là. Il produit des effets encore plus étonnants. La démarche pénitentielle baptismale est transformée, quand il s’agit de Jésus, en cérémonie d’investiture royale. Le Ciel s’en mêle. Muet depuis des générations, il intervient à nouveau pour accréditer ce charpentier de Nazareth en sa qualité de roi. Un souverain pour Israël et, comme si cela ne suffisait pas, il régnera aussi sur toutes les nations. Bref, c’est ce Jésus qui est Messie ou Christ. De grâce, ne vous trompez d’adresse!

Une version parallèle ajoute à cette scène d’investiture royale des mots de tendresse inouïe. Ils vont bien au-delà d’une déclaration officielle de prise en charge d’un pouvoir. Ce Jésus, dit la voix céleste, est «mon Fils, mon bien aimé, celui que j’ai choisi…». Il me semble entendre en sourdine les quatre évangiles évoquant chacun à sa manière l’intimité de la prière de Jésus, sa proximité avec celui qu’il appelle son Père, ce lien filial que ni la souffrance ni la mort ne parviendront à rompre. Alors, Jésus remonte de l’eau et entame comme un roi sa mission.

Et c’est à nous d’entrer dans la danse baptismale. Que nous soyons plongés dans une piscine octogonale comme le furent nos aïeux, que nous soyons ondoyés comme les enfant d’aujourd’hui – le rite importe peu – le baptême fait de nous des fils et des filles d’un Père qui nous aime, chacun et chacune comme son préféré ou sa préférée. Il nous fait partager aussi la mission de Jésus. Elle ne consiste plus à menacer ou à condamner le monde, comme le faisait le sévère Baptiste, mais à le sauver par amour et abnégation.

Alors, chers amis et amies, l’heure est venue de réentendre et de nous réapproprier la fameuse interpellation: «Qu’as-tu fait de ton baptême?» Prophétiser et dénoncer le mal est stérile. Le baptisé chrétien préfère s’engage sur une voie où se fabrique le bonheur.

Guy Musy | 08.01.2016


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente,
et tous se demandaient en eux-mêmes
si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous :
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ;
mais il vient, celui qui est plus fort que moi.
Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser
et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait,
le ciel s’ouvrit.
L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe,
descendit sur Jésus,
et il y eut une voix venant du ciel :
« Toi, tu es mon Fils bien-aimé ;
en toi, je trouve ma joie. »

«Mon Fils, mon bien aimé, celui que j’ai choisi…»
8 janvier 2016 | 16:00
par Guy Musy
Temps de lecture : env. 3  min.
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