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Homélie

Homélie TV du 26 juin 2016 (Luc 9, 51-62)

Don Flavio Gritti, Isabelle Baume, Jean-Marie Rotzer – Eglise Notre-Dame de l’Assomption, Le Locle

Homélie à 3 voix sur Galates 5,1.13-18 + Luc 9, 51-62

Don Flavio Gritti (aumônerie de rues et mission italienne)    
Le désir de bonheur et de liberté
fait partie de rêves de tout être humain.
Saint Paul le sait bien et, dans la Parole de Dieu
qu’il nous a adressée aujourd’hui,
il nous rappelle que cette liberté
nous a été donnée par le Christ Jésus…
mais il ne s’arrête pas là… il nous invite aussi
à faire attention que cette liberté soit au service des autres
et non pas utilisée pour notre égoïsme.
Pour nous aider à mieux comprendre ces démarches de la foi
nous voulons demander comment est-il possible
de mettre en pratique ces conseils de saint Paul
à quelques associations qui s’engagent
dans les domaines de la solidarité.
Le but est de nous aider à reconnaitre la faisabilité de la foi
et redécouvrir que chaque jour
nous avons la possibilité de faire de même.
Commençons à demander au Centre Social Protestant
de nous dire comment il voit le besoin de liberté
et comment il veut se mettre au service des ceux qui ne l’ont pas.

Isabelle Baume (Centre social protestant)    
Dans l’esprit de chacun, aujourd’hui,
la privation de liberté est souvent associée à l’emprisonnement,
à  l’enfermement.
Or, ce que nous constatons au travers des situations
que nous rencontrons au Centre social protestant,
c’est que ce sentiment de perte de liberté est,
très souvent, exprimé par les personnes qui nous demandent de l’aide.
Vivre une situation d’endettement en est un exemple. Imaginez !
Vous travaillez, vous vous levez tous les matins
et une partie de votre revenu est saisi par l’office des poursuites
pour régler vos dettes.
On ne vous laisse pas même de quoi payer toutes vos factures.
C’est l’engrenage.
Et vous ne savez pas comment vous allez vous en sortir.
Vous devez compter toutes vos dépenses jusqu’au moindre centime.
Vous devez renoncer à toutes les sorties, car ça coûte trop cher.
Vous êtes limité dans vos recherches d’appartement
parce que vous avez des dettes,
et vous vous voyez refuser certains emplois pour la même raison.
Ces exemples démontrent comment, très rapidement,
la privation de liberté peut être intimement vécue
par les personnes qui rencontrent des difficultés financières,
suite à une séparation, une perte d’emploi ou encore,
suite à un problème de santé.
Et, croyez-moi, personne n’est à l’abri
de vivre ce genre de situation.

«Ce peut-être votre voisin,
votre amie, votre frère»

Regardez autour de vous !
Ce peut-être votre voisin, votre amie, votre frère.
Au CSP, notre travail consiste à accompagner ces personnes
pour leur permettre de stabiliser leur situation
et voir quelles sont les solutions possibles  à leurs problèmes.
En reprenant prise sur leur existence,
en redonnant du sens à leurs démarches
et aux efforts consentis quotidiennement,
ces personnes retrouveront, sensiblement, le chemin de la liberté.

Don Flavio Gritti    
Il est déjà clair que cette attention
vers les personnes qui ont besoin d’aide n’est pas trop loin…
nous avons la possibilité d’aider, d’être solidaires,
simplement avec un regard plus humain sans juger.
Finalement la Parole de Dieu est praticable !

«Etre solidaires, simplement
avec un regard plus humain sans juger»

Mais nous pouvons aller encore un peu plus loin.
A tout point de vue !
L’amour de Dieu qui nous propose d’aimer notre prochain
nous dit que le prochain est proche,
il est à nous de dire qu’il est bien là. Nous pouvons le voir.
Ce projet d’une Eglise universelle,
qui nous fait frères et sœur est atteint aussi
par ceux qui s’engagent pour donner un élan de liberté
dans les pays les plus pauvres.
Le groupe tiers Monde nous explique comment et pourquoi
il veut témoigner de cet esprit de proximité,
d’amour inconditionnel dans le but d’offrir un bout de liberté.

Jean-Marie Rotzer (Groupe tiers monde)   
Tous d’abord, notre soutien aux pays les plus pauvres
complète notre combat, quotidien,
pour le respect de la dignité des plus démunis d’ici
que notre société exclut avec une violence extrême.
La plupart d’entre nous, dans le comité du Groupe Tiers Monde,
avons vécu des périodes plus ou moins longues d’engagement,
sous différentes formes, dans un ou plusieurs pays du sud.
Notre première expérience,
par-delà les différences de couleur de peau
et d’habitudes culturelles, a été que l’humanité est une ;
nous sommes tous de la même race.

«Notre première expérience :
que l’humanité est une»

En plus, isolés dans un village de la sierra ou de la brousse
ou dans la banlieue angoissante d’une ville pleine d’agitation,
nous avons souvent pu nous raccrocher à une paroisse,
à une communauté religieuse.
Il devient alors vite évident que l’Eglise aussi,
sur toute la terre est une ;
l’Eucharistie est la même, qu’elle que soit la latitude.
Nous communions au même Christ.
C’est une fraternité universelle.
Comment alors oserions-nous laisser de côté
ces frères et sœurs, les abandonner sans soutien.
D’autant plus qu’ils sont fréquemment les premiers
à vivre l’entraide et la solidarité dans leur entourage,
parfois malgré des menaces de mort, au péril de leur vie.
De nombreux projets de développement sont le fait de paroisses
et de communautés religieuses locales.
Celles-ci nous demandent surtout un coup de pouce passager,
pour passer un cap difficile,
pour faire face aux conséquences d’une catastrophe,
d’une guerre, ou pour démarrer un projet prometteur.
Mais nous ne devons pas non plus oublier
la parole de saint Paul dans les textes de ce jour :
« (…) si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres,
prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres ».

«Même sans le vouloir vraiment,
nous participons au pillage»

En effet, qui peut affirmer que nous ne profitons pas avec insolence
des richesses des pays du sud sans vraiment en payer le prix.
L’or et le tantale de nos smart phones,
l’huile de palme et de coco de nos biscuits et de notre chocolat,
l’essence qui fait rouler nos voitures
ont-ils toujours été extraits sans violence, sans créer la misère.
Dans ce cas, notre responsabilité est grande.
Même sans le vouloir vraiment, nous participons au pillage.
C’est pourquoi, les actions de développement que,
comme tant d’autres, notre groupe soutient ou initie
sont un moyen de rétablir un tant soit peu la justice,
même si c’est à l’échelle d’une goutte d’eau dans un lac.

Notre Eglise vit l’année de la miséricorde.
Je suis convaincu que
toutes les actions de solidarité avec le sud
s’inscrivent parfaitement et très concrètement
dans ce mouvement de pardon
que nous demandons pour le mal que nous faisons.

Don Flavio Gritti  
Ces histoires concrètes et vraies, vécues, nous touchent.
Si nous sommes des êtres humains
nous nous sentons concernés par ces témoignages.
C’est le signe que la vérité de la Parole de Dieu nous habite toujours.
Avec la prière d’aujourd’hui nous voulons dire que nous tous,
chacun à sa façon, avons mis la main à la charrue
et nous regardons en avant, parce qu’il y a plein de petits services,
d’attentions, de signes de proximité et d’amour, dans nos vies !
Peut-être que les associations
représentées par le CSP et le Groupe tiers Monde
mènent des activités un peu plus hors de l’ordinaire que nous tous,
mais le message de la solidarité et de l’amour
est vécu concrètement par tout le monde.

Il s’agit d’avoir le courage de se dire
qu’on est témoins de la volonté de Jésus.
Que nos actions, quand elles sont humaines,
essaient de pratiquer l’esprit de l’Evangile.
Que cette l’espérance puisse devenir avec certitude
la présence de Jésus dans nos jours…
et qu’elle ne nous quitte jamais.

Amen.


13e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : 1 Rois 19, 16b.19-21 ; Psaume 15 ; Galates 5, 1.13-18 ; Luc 9, 51-62

 

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26 juin 2016 | 10:10
Temps de lecture: env. 5 min.
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