Euthanasie d'un mineur en Belgique: La Commission de bioéthique de la CES réagit

Un mineur de 17 ans, qui souffrait d’une maladie en phase terminale, a été euthanasié à sa demande en Belgique la semaine dernière, a révélé la presse belge le 17 septembre 2016. Réagissant à cette «première», Thierry Collaud, président de la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses (CES), s’élève contre de tels «dérapages».

La Commission avait déjà mis en garde contre les risques de «dérives» en cas de légalisation de l’euthanasie, et ces craintes se vérifient. Dans un entretien accordé à kath.ch, le professeur de théologie morale et d’éthique sociale chrétienne à l’Université de Fribourg relève que l’exemple belge est à cet égard révélateur.

Risques de dérapages

L’éthicien et médecin fribourgeois voit clairement les risques de dérives: à partir de situations extrêmes qui semblent justifier l’euthanasie, sa portée va s’étendre progressivement et de façon inévitable, relève Thierry Collaud.

En Belgique, des gens se déclarant «fatigués de la vie» ont demandé la mort, récemment aussi l’athlète handicapée néerlandaise Marieke Vervoort a dit qu’elle pensait le faire, mais que le moment de recourir à l’euthanasie n’était pas encore arrivé.  Aujourd’hui des enfants le demandent et demain peut-être des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer… «Et cela va toujours plus loin», craint le président de la Commission de bioéthique de la CES.

«Nous devons protester fermement contre ces dérives»

«Nous devons protester fermement contre ces dérives, d’une part en interpellant les législateurs qui ouvrent ces portes par lesquelles sont aspirées progressivement les personnes les plus vulnérables de notre société. Nous devons également lutter avec acharnement pour améliorer notre capacité de répondre à ces situations dramatiques par autre chose que la mise à mort, de manière que nous puissions éviter que des personnes arrivent à une situation despérée où elles pensent que la mort vaut mieux que la vie», poursuit le professeur Collaud.

L’alcool non, la mort oui

Thierry Collaud reproche en outre à la société de faire montre d’une attitude contradictoire quand elle interdit la vente d’alcool aux mineurs, mais leur accorde en même temps la mort sur demande. On remarquera aussi que cette annonce intervient une semaine après que l’OMS ait animé une journée mondiale de lutte contre le suicide et insisté à cette occasion sur le drame du suicide des jeunes.

Le médecin rappelle que la Commission de bioéthique de la CES s’est prononcée à plusieurs reprises sur le problème du suicide assisté qui s’apparente à celui de l’euthanasie.

Soins palliatifs et accompagnement compatissant

«Nous ne pensons pas qu’il peut y avoir un droit à la mort de la même manière qu’il y a un droit à la vie. Notre conviction est qu’il faut aider à vivre plutôt qu’à mourir. Toute démarche soignante doit avoir pour but d’aider la personne à vivre en mettant toute notre énergie et notre inventivité à améliorer les conditions difficiles dans lesquelles cette vie peut se trouver. Cela passe par les solutions techniques des soins palliatifs, mais aussi par l’accompagnement compatissant».

La Commission de bioéthique qui conseille les évêques est composée d’une équipe de spécialistes des domaines importants en matière de bioéthique. Elle s’occupe des questions du bon usage des nouvelles possibilités dans le domaine de la biologie et de la médecine et de ses conséquences sur l’être humain. (cath.ch-apic/ludwig/be)

Thierry Collaud, président de la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses
18 septembre 2016 | 19:18
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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