Rencontre avec le Père Ghaleb Bader, prêtre catholique de Jordanie

APIC Interview

Moyen-Orient: Chrétiens autrefois majoritaires, aujourd’hui minorité à peine tolérée

Jacques Berset, APIC

Amman, 14 décembre 1999 (APIC) La visite du pape en Terre sainte devrait être l’occasion de mieux connaître les chrétiens de Jordanie, une petite minorité de 3 à 4% de la population (entre 200 et 250’000, toutes confessions confondues) souvent oubliée. «Nous sommes aussi en Terre Sainte, mais à l’extérieur, tout le monde l’ignore, car nous souffrons de la notoriété des lieux où Jésus est né, a vécu et connu la mort», confie à l’APIC un prêtre jordanien de 48 ans, l’abbé Ghaleb Bader, président du tribunal ecclésiastique catholique latin à Amman.

En effet, poursuit le brillant docteur en philosophie et en droit de l’Université du Latran à Rome, «le Christ a aussi foulé le sol de ce qui est aujourd’hui la Jordanie, Jean Baptiste – décapité dans la citadelle de Machéronte – l’a baptisé de ce côté-ci du Jourdain, Moïse est enterré au Mont Nebo… Le prophète Elie, c’est mon ancêtre, il est né à 3 km de chez moi. Sur la colline, on trouve les ruines d’une église byzantine du IVème siècle. Elle a été désignée comme lieu de pèlerinage pour le Grand Jubilé de l’an 2000».

Le Père Bader rappelle que des judéo-chrétiens fuyant les Romains après la destruction du Temple de Jérusalem, en 70, ont cherché refuge dans le nord de la Jordanie, à Pella et à Gadara. On trouve ainsi des chrétiens en Jordanie depuis le temps des apôtres, dès le début.

APIC: Né dans un village jordanien, vous précisez bien: «en Terre Sainte!»

G.B.: Effectivement, je suis né dans un village du nord de la Jordanie où les chrétiens ne forment que le 20% de la population, la majorité étant musulmane. A Khirbeth, les chrétiens sont répartis en deux tribus, les Bader, dont je fais partie, qui sont catholiques latins, et les Haddad, des grecs-orthodoxes. Depuis mon village, sur la dernière colline de la Jordanie, ont voit les frontières israéliennes, libanaises et syriennes… On voit le Jourdain, le Mont Thabor. Nazareth est en face et l’on aperçoit même par temps clair les clochers de Jérusalem.

APIC: Les chrétiens, de plus en plus minoritaires dans un environnement islamique plus ou moins «tolérant», sont-ils en train de disparaître de la Terre Sainte ? Pèlerins et touristes risquent-ils un jour de ne plus visiter que des «monuments historiques» ?

G.B.: Les chrétiens étaient partout majoritaires jusqu’à l’arrivée de l’islam, venu de la Péninsule arabique au VIIème siècle. «Les gens du Livre», comme les musulmans désignent souvent les chrétiens (terme utilisé aussi pour les juifs), sont effectivement en constante diminution au Moyen-Orient. Ils ne sont plus aujourd’hui que 3 à 4% en Jordanie, en Israël, en Palestine et en Irak, 9 à 10% en Syrie, 10 à 15 % en Egypte. Même au Liban, qui a toujours fait figure d’exception, les chrétiens ne forment plus actuellement que le 42 à 45% de la population. Alors qu’il étaient majoritaires avant la guerre civile.

Les chrétiens arabes peuvent à juste titre se targuer d’avoir constamment maintenu leur présence dans la région depuis le temps des apôtres. Malgré les vicissitudes de l’histoire. Ils souffrent néanmoins souvent des mêmes maux que toutes les minorités: peur, complexes d’infériorité, esprit de ghetto… Ce qui ne les empêche pas d’être partie prenante dans la vie sociale de ces pays et d’y avoir une influence plus ou moins grande.

Lors de votre passage en Terre Sainte (il ne s’agit pas seulement de Jérusalem, d’Israël ou de la Palestine, mais de tout le Croissant fertile, ndr.), profitez de rencontrer les chrétiens locaux, de parler avec eux, pour leur donner du courage. Ce n’est pas seulement une Eglise de pierre, un reliquaire des lieux saints, que vous allez rencontrer, mais une Eglise vivante qui témoigne d’une présence chrétienne ininterrompue sur cette terre depuis quasiment deux mille ans.

APIC: En 634, l’islam, s’affirmant comme «la seule vraie religion», s’impose dans la région. Les chrétiens deviennent alors rapidement une minorité «tolérée», obligée de payer le tribut, la «jizya»…

G.B.: Il est nécessaire de rappeler que les chrétiens arabes de Terre Sainte ne sont pas des convertis de l’islam – selon la loi islamique, un musulman ne peut quitter sa religion sous peine de mort – mais qu’ils étaient là bien avant l’arrivée de l’islam. Jusqu’au VIIème siècle, toute la région était chrétienne. En Jordanie, rien qu’à Gérasa, on a trouvé les ruines de 17 églises, basiliques et cathédrales. A Madaba, au sud d’Amman, les ruines d’une vingtaine d’églises témoignent de cette présence florissante.

Mais depuis le VIIème siècle, sous la pression, les chrétiens ont commencé à disparaître inexorablement. Si nous étions encore près de 7% en Jordanie il y a une dizaine d’années, aujourd’hui, toutes confessions confondues, les chrétiens ne sont plus que 3% à 4%, soit entre 200 et 250’000. Ils appartiennent principalement aux grandes familles catholiques et orthodoxes, mais aussi aux Eglises protestantes. Les sectes d’obédience évangélique, en pleine croissance – elles ne peuvent recruter que parmi les chrétiens – représentent une véritable «peste».

APIC: Des facteurs sociaux expliquent-ils aussi la diminution actuelle des chrétiens ?

G. B.: Si le nombre global des chrétiens reste constant, leur proportion dans la société – et par conséquent leur influence – régresse continuellement. Cette diminution relative est due à plusieurs facteurs: l’émigration qui touche davantage les chrétiens, les conversions à l’islam pour des motifs sociaux ou professionnels (alors que toute activité missionnaire en direction des musulmans est prohibée), le fort taux de natalité des familles musulmanes (on rencontre encore la polygamie), le retour massif des travailleurs immigrés, très majoritairement musulmans, à cause de la guerre du Golfe.

Les chrétiens, qui représentaient il y a vingt ans encore une «élite sociale» comptant nombre de gens riches et cultivéés, grâce au haut niveau des écoles chrétiennes, se voient désormais soumis à rude concurrence. L’Etat a fait de gros efforts dans le domaine éducatif – 10 ans minimum de scolarité obligatoire pour tous -, ce qui fait que les bonnes places dans l’administration sont devenues plus chères.

APIC: Peut-on tout de même parler de pressions contre les chrétiens ?

G.B.: Certes, il n’y a pas de persécution religieuse en Jordanie – on n’est pas en Arabie Saoudite! – et nous jouissons pleinement de la liberté de culte. Nous pouvons construire des édifices religieux sans restrictions: 4 ou 5 nouvelles églises ont été construites à Amman ces deux dernières décennies.

Les rapports institutionnels entre les Eglises et les autorités au plus haut niveau sont excellents. Au Parlement, sur 80 députés, 9 sièges sont réservés aux chrétiens. La plupart d’entre eux, élus sur le programme de leur parti, ne défendent cependant pas les intérêts des Eglises ou des chrétiens en tant que tels. Officiellement, dans la loi, i n’y a pas de discrimination en fonction de la religion. Théoriquement, les postes sont ouverts aux mieux qualifiés. Derrière le paravent, on ressent parfois de la discrimination: des chrétiens se plaignent d’être des «citoyens de seconde zone».

Au niveau du peuple, en principe, nous ne rencontrons pas de fondamentalisme, même si, malgré les précautions prises par les autorités civiles, on entend parfois des invectives contre les «infidèles» provenant des prédicateurs des mosquées. Je me promène tout le temps en soutane dans les rues, et je n’ai jamais été provoqué ni insulté. Mais des fidèles me parlent, dans des cas particuliers, de pressions sociales, d’incitation de conversion à l’islam, de difficultés à trouver un emploi quand on porte un nom explicitement chrétien… S’il n’y avait pas de restrictions à l’obtention de visas, beaucoup partiraient faire leur vie ailleurs.

APIC: On dit des musulmans qu’ils sont en général tolérants, pourquoi les chrétiens se sentent-ils alors «sous pression» au point de chercher à émigrer ?

G.B.: L’émigration est en fait la plaie principale de notre région en général et des chrétiens en particulier: il y a deux ou trois fois plus de chrétiens originaires de cette région ailleurs dans le monde que sur la terre natale… Ce mouvement s’est massivement développé sous l’empire ottoman, au XIXème siècle déjà. L’émigration a aujourd’hui quelque peu ralenti, parce que les pays d’accueil potentiels ferment leurs frontières et les Eglises font beaucoup d’efforts pour encourager les chrétiens à rester.

Il faut souligner une fois encore que la situation concrète des chrétiens aujourd’hui dans les pays islamiques dépend de la position de principe du Coran à l’égard des chrétiens. Le Coran reste partout la base des législations musulmanes à l’égard des chrétiens. A l’exception du Liban et de la Syrie (où l’islam est la religion du président, pas celle de l’Etat), l’islam est institué religion d’Etat dans tous les pays du Moyen-Orient. Par conséquent, les chrétiens ne sont pas des citoyens à part entière.

APIC: Les chrétiens sont-ils soumis aux normes juridiques islamiques ?

G.B.: En effet, les normes du droit de la famille sont celle de la religion musulmane, ce qui signifie que le chrétien, soumis au régime juridique musulman, se voit appliquer des normes discriminatoires en matière de droit de la famille et de droit de succession: testament et adoption sont interdits, la loi musulmane sur les successions est imposées aux chrétiens (l’homme a droit à une part double de celle de la femme, quand le mari n’a que des filles, elles devront se partager l’héritage avec leurs oncles…).

La notion de liberté religieuse est à sens unique: le chrétien peut devenir librement musulman – quand il n’y est pas encouragé ou forcé – mais en aucun cas un musulman ne peut quitter sa religion, sous peine de mort, selon le droit musulman classique. Ce droit interdit toute succession entre musulmans et non-musulmans. Il prive de même le musulman qui quitte sa religion de sa qualité d’héritier. Une chrétienne épousant un musulman avec lequel elle a des enfants, si elle reste chrétienne, ne saurait hériter ni de son mari ni de ses enfants.

Les mariages mixtes sont également dépourvus de réciprocité: la femme chrétienne peut épouser un musulman (ses enfants seront par conséquent automatiquement musulmans); en revanche, la femme musulmane ne peut épouser qu’un musulman. Ainsi, selon la loi étatique, aucune autorité ne peut célébrer le mariage d’une musulmane avec un non-musulman dans un pays islamique. L’unique moyen pour un non-musulman d’épouser une musulmane est donc de se convertir à l’islam. Si pour motif ou pour un autre, un chrétien – voulant par exemple se remarier, mais ne pouvant divorcer – se convertit à l’islam, c’est toute sa famille qui passe malgré elle avec lui à l’islam. On peut imaginer les drames et les déchirements provoqués par de telles décisions.

APIC: Quelle alternative pour les chrétiens ?

G. B.: L’unique espoir, pour que les chrétiens aient un avenir au Moyen-Orient, est un pouvoir politique qui aurait le courage de prendre un peu de distance avec la religion. Pour les musulmans, l’unique religion pour Dieu est l’islam: il n’y a par conséquent pas de place pour une autre religion, notamment le christianisme, dont les dogmes sont combattus et les fidèles qualifiés d’apostats et de renégats qu’il faut combattre et convertir. Il y a tout de même lieu, en effet, de se demander si l’islam et les musulmans sont au fond capables d’accepter le chrétien ou le non-musulman tout court et de le considérer autrement que comme un «infidèle». (apic/be)

14 décembre 1999 | 00:00
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Rencontre avec Abdel Fattah Husseiny El-Sheikh, (250594)

APIC – Interview

recteur de l’Université islamique d’Al-Azhar

Al-Azhar, l’islam tolérant?

Jacques Berset, Agence APIC

Le Caire, 25mai(APIC) «A Al-Azhar, nous représentons l’islam modéré et

ouvert:il n’y a ni intégristes ni fanatiques parmi nos étudiants». Abdel

Fattah Husseiny El-Sheikh, recteur de la grande Université islamique du

Caire (100’000 étudiants musulmans de 83 nationalités), nous accueille dans

les bâtiments administratifs modernes de Nasr City, où l’on achève la construction d’une nouvelle mosquée. Il se veut rassurant:en Egypte, les extrémistes représenteraient moins de 1% de la population, et les islamistes

qui ensanglantent le pays depuis plusieurs années n’ont absolument aucun

droit de se réclamer de l’islam.

Dans la rue, des voitures avec un autocollant bien visible sur la vitre

arrière:»Sauvez l’islam en Bosnie». Dans les journaux, à la télévision, un

même leitmotiv, quotidien, lancinant: on viole des femmes musulmanes, on

tue des enfants musulmans, on veut éradiquer l’islam en Bosnie. Ce message

répétitif accusant les chrétiens occidentaux de mener une «nouvelle croisade contre l’islam» crée un climat de plus en plus malsain pour la minorité

copte d’Egypte. Des terroristes islamiques s’en sont déjà pris aux chrétiens sous prétexte de venger les morts musulmans de Sarajevo.

L’islam, affirme pourtant le professeur Abdel Fattah Husseiny, ne sera

jamais une menace pour l’Occident, car c’est une religion par nature pacifique. Mais l’homme est souvent ennemi de ce qu’il ignore, poursuit le recteur d’Al-Azhar, et la méconnaissance de l’islam est totale en Occident. Et

d’estimer que depuis la chute du communisme, l’Occident a besoin d’un nouvel ennemi. Il a trouvé en l’islam une victime toute désignée. La preuve:

l’agression actuelle contre la minorité musulmane désarmée de Bosnie. «Un

vrai génocide pour éliminer l’islam d’Europe et le monde ne bouge pas!».

APICLa guerre en Bosnie a-t-elle amené un regain de tension entre les

communautés musulmanes et chrétiennes en Egypte ?

AbdelFattahHusseiny:En tant que musulman, je partage les sentiments d’un

musulman, d’un frère, quand j’apprends qu’en Bosnie, il y a des massacres

et des viols collectifs. C’est normal qu’il y ait des tensions interreligieuses, d’autant plus qu’on a l’impression qu’il y a deux poids et deux

mesures face au génocide des musulmans. Je comprends les événements de Bosnie comme une guerre religieuse, la volonté de peuples chrétiens d’en finir

avec l’islam en Europe. Pourquoi tant d’hostilité contre cette petite minorité musulmane?

APIC:Pourenrevenirà Al-Azhar, vous considérez votre Université comme

une institution de formation destinée à répandre l’islam…

AbdelFattahHusseiny:Dès le départ, l’Université d’Al-Azhar a été conçue

comme école pour propager l’islam, former les savants en religion et conserver les principes de l’islam dans le monde entier. C’était une mission

scientifique et universelle. Dès le début du 19ème siècle, Muhammad-’Ali,

«père de l’Egypte moderne», assigna de nouvelles tâches à Al-Azhar, envoya

des boursiers en Europe qui furent les pionniers du développement de la

science moderne en Egypte.

Notons que les étudiants en médecine par exemple, comme ceux de toutes

les autres Facultés, ont des cours de théologie islamique et de langue arabe. Tous nos étudiants – Egyptiens ou étrangers – sont musulmans.

APIC:Al-Azhar n’accepte donc que les étudiants musulmans?

AbdelFattahHusseiny:Vous acceptez des étudiants musulmans dans une Université catholique…C’est une autre façon de voir les choses.Quant à notre Université d’Al-Azhar, elle n’a été prévue que pour les musulmans.

C’est pour ne pas imposer aux chrétiens nos idées et nos principes (Sourire

entendu de la part du recteur, NDA). Cette question touche à la politique!

N’oubliez pas qu’il y a 13 Universités au Caire, donc suffisamment d’institutions d’enseignement pour tous, où il n’y a pas de différences en

fonction de la religion. La Constitution égyptienne déclare en fait que

l’Egypte est un pays musulman et que la loi de l’Etat est l’islam.

APIC:Etes-vous partisan de l’introduction de la «charia» pour tous les citoyens égyptiens ?

AbdelFattahHusseiny:Jamais de la vie, car les chrétiens coptes, qu’ils

soient catholiques, orthodoxes ou protestants, sont régis par leurs propres

lois en matière de mariage ou de divorce. Tout cela est réglé par le «statut personnel» des chrétiens. Ainsi, on ne peut pas appliquer aux catholiques les dispositions musulmanes réglant la polygamie ou le divorce.

Il existe certes des mariages mixtes, car il est permis à un musulman

d’épouser une chrétienne ou une juive, car elles appartiennent aux «Gens du

Livre» (Ahl Al-Kitab). Le contraire est interdit: il n’est pas possible

qu’un chrétien ou un juif épouse une musulmane. La loi islamique interdit

qu’une femme musulmane marie un non-musulman. Si elle le fait, le mariage

est déclaré nul et n’est pas considéré comme légitime tant par l’Etat que

par les institutions religieuses de l’Egypte.

APIC:Un chrétien peut se convertir à l’islam, mais un musulman ne peut

choisir une autre religion…

AbdelFattahHusseiny:Il n’y pas de libre choix: l’apostasie d’un musulman

est condamnable, car un adepte de l’islam ne peut changer de religion. S’il

le faisait quand même, il serait puni. La question ne se pose pas, car il

s’agit de principes indiscutables. Cela se passe dans toutes les religions,

et si vous avez maintenant en Occident la possibilité de vous marier avec

des gens d’autres religions, c’est une liberté de cette époque moderne.

APIC:On dit que l’islam a fermé, depuis bientôt un millénaire, l’»ijtihad», la «porte de l’effort» juridique. Les musulmans sont donc en principe

régis encore aujourd’hui par des lois des premiers siècles de l’islam…

AbdelFattahHusseiny:En vérité, la «porte de l’ijtihad» n’est pas fermée,

elle reste ouverte. Il faut cependant faire une différence entre les principes déjà établis, qu’on ne peut discuter – comme les cinq piliers de

l’islam -, ou les principes sur lesquels le Prophète et ses compagnons sont

tous d’accord. Ici, le problème est résolu depuis longtemps, on ne discute

pas. Mais il y a de petits détails qui changent, qui s’adaptent à l’époque,

mais qui ne touchent en rien le fondement.

En ce qui concerne le courant fondamentaliste en Egypte, nous n’avons en

général pas de problèmes d’extrémistes. En effet, 99% des musulmans sont

des modérés qui aiment leurs compatriotes chrétiens et cherchent à travailler en commun au service de la patrie. Il existe certes peut-être 1% de

fanatiques ou d’extrémistes, mais c’est l’exception qui confirme la règle.

Vous avez d’ailleurs aussi vos propres minorités intégristes en Occident.

APIC:Considérez-vous les terroristes qui commettent des attentats contre

les autorités ou les chrétiens comme de bons musulmans?

AbdelFattahHusseiny:En vérité, nous ne connaissons pas jusqu’à maintenant l’identité réelle de ces terroristes, qui ne sont qu’une goutte dans

l’océan de la population égyptienne. Si ces terroristes croient réellement

qu’ils peuvent imposer leurs vues par la violence et l’assassinat d’innocents, ils se trompent lourdement. En réalité, le Prophète lui-même a demandé que l’on n’impose pas une opinion par la force, mais que l’on discute

avec quelqu’un d’un autre avis. De ce fait, le Prophète a utilisé la méthode de la démocratie, la «choura» (le conseil). Comment une si petite fraction de terroristes peut-elle vouloir imposer son point de vue à la grande

majorité des musulmans? S’ils se réclament de l’islam, ils en sont bien

loin, et l’islam n’est pas fier d’avoir de tels gens parmi ses partisans.

(apic/be)

Encadré

La célèbre Université islamique d’Al-Azhar, au Caire, fondée il y a plus

d’un millénaire sous la dynastie des Fatimides, se targue d’être la plus

ancienne Université religieuse du monde. Elle a été établie à ses débuts

pour propager la religion chiite, qui dominait alors en Egypte, avant de

devenir la référence mondiale pour l’islam sunnite.

En effet, après la disparition des centres culturels islamiques d’Andalousie, avec la reconquête catholique en Espagne, et de Bagdad, après l’invasion mongole en Asie centrale, Al-Azhar est devenue le plus grand centre

d’études arabes et islamiques du monde musulman. Parmi ses quelque 100’000

étudiantes et étudiants inscrits dans ses 52 Facultés du Caire et de ses

autres branches locales, Al-Azhar accueille 10’000 étudiants étrangers (musulmans uniquement!) de 82 pays des cinq continents. Les Facultés ne sont

pas mixtes, mais séparées selon les sexes.

Outre sa tâche scientifique au niveau de l’enseignement et de la recherche dans ses nombreuses Facultés, l’Université islamique d’Al-Azhar considère comme l’une de ses missions principales de «propager la religion musulmane et de montrer le vrai visage de l’islam et son impact sur le progrès et le bien-être de l’humanité». (apic/be)

Les divers reportages que l’agence APIC a publiés sur l’Egypte et la chrétienté copte sont illustrés par les photos de l’agence CIRIC, Chemin des

Clochetons 8, Case postale 50, CH-1000 Lausanne, tél. 021/625 28 29, fax.

021/625 28 35)

25 mai 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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