Ville de Timika | © Kankungrebus/wikipedia/ CC BY-SA 4.0
International

Un nouvel évêque papou a été ordonné en Indonésie

Après cinq ans de vacance, le diocèse de Timika, en Indonésie, a enfin pu célébrer la consécration d’un nouvel évêque le 14 mai 2025. Il s’agit de Mgr Bernardus Bofitwos Baru, deuxième natif de Papouasie et premier augustin à recevoir l’ordination épiscopale. Une nouvelle qui s’inscrit dans un contexte politique et humanitaire très tendu pour les Papous.

Depuis le décès de Mgr John Philip Saklil, survenu il y a cinq ans, le diocèse de Timika, en Papouasie centrale, était sans évêque. C’est dire si l’ordination de Mgr Baru a été accueillie avec joie. Une semaine de prière et de fête a été organisée. La consécration, accompagnée de chants et de danses traditionnels, a eu lieu dans la cathédrale des Rois Mages à Timika.

Trente-trois évêques et environ 10’000 fidèles catholiques ont participé à la cérémonie. Les autorités locales étaient également présentes, notamment le gouverneur de Papouasie-Occidentale, Elisa Kambu, précise l’agence vaticane Fides. «Cette ordination témoigne de la grande attention que le Saint-Siège porte aux fidèles catholiques de Papouasie», a déclaré l’archevêque Piero Pioppo, nonce apostolique en Indonésie. Il a aussi réitéré l’engagement de l’Église locale à promouvoir la paix dans la région.

Un conflit indépendantiste brutalement réprimé

La visite du pape François chez leurs voisins de Papouasie Nouvelle-Guinée, en septembre 2024, avait permis aux Papous de Papouasie occidentale d’attirer par ricochet l’attention internationale sur leur situation politique et humanitaire. Cette province indonésienne est traversée depuis des décennies par un conflit opposant le gouvernement indonésien et les indépendantistes papous autochtones. Elle fait partie d’un territoire plus large annexé par l’Indonésie en 1962, suite à l’accord de New York. La partie orientale de l’île a acquis son indépendance en 1975, prenant le nom de Papouasie Nouvelle-Guinée.

La partie ouest de l’île de Nouvelle-Guinée, sous contrôle indonésien et baptisée au départ Irian Jaya, a été renommée Papouasie en 2000 par le président Wahid. Elle a ensuite été scindée en deux en 2003 par le gouvernement suivant de la présidente Megawati, avec d’un côté la Papouasie, et de l’autre, à l’extrême ouest de l’île, la Papouasie occidentale. Cette séparation est contestée par le mouvement indépendantiste Organisation pour une Papouasie libre et par son pendant politique, le Mouvement uni pour la libération de la Papouasie occidentale (ULMWP).

Depuis 2019, les autorités indonésiennes ont déployé sur l’île un imposant contingent de soldats. De nombreux indépendantistes ont été arrêtés et des défenseurs des droits humains emprisonnés ou poursuivis. La répression s’est encore durcie depuis mars 2023, dénonçait dans un rapport Human Rights Monitor, partenaire du Conseil œcuménique des Églises (COE) sur les questions de conflit et de droits de l’homme en Papouasie occidentale.

Des divisions qui touchent l’Église

Ce conflit nationaliste a aussi des répercussions sur la vie de l’Église locale. Selon des observateurs, de nombreux catholiques papous souhaiteraient que leurs évêques rejoignent la Conférence épiscopale Papouasie-Nouvelle-Guinée et Îles Salomon. Si l’Église a longtemps apporté de l’espoir aux Papous qui souffrent, ce n’est plus le cas aujourd’hui, dénonce le Père Mecky Mulait, prêtre papou du diocèse de Jayapura, et auteur en 2018 d’un mémoire de master intitulé Diocèse de Jayapura, une Église au pouvoir transformateur dans un contexte de violations des droits de l’homme en Papouasie.

L’ordination d’un deuxième évêque papou pourrait dans ce contexte apaiser quelque peu les tensions internes à l’Église. Le premier papou à avoir été ordonné en Indonésie est Mgr Yanuarius Natopai Tul, évêque du diocèse de Jayapura, dans la province de Papouasie, en février 2023. (cath.ch/fides/lb)

Ville de Timika | © Kankungrebus/wikipedia/ CC BY-SA 4.0
20 mai 2025 | 15:17
par Lucienne Bittar
Temps de lecture : env. 3  min.
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