Claude Ducarroz

L’autre Noël?

Messages de Noël! Vœux de Nouvel An! Les courriers déjà reçus à ce jour sonnent étrangement. Après les bons sentiments d’usage, tous évoquent les graves circonstances de notre inquiétante actualité.

Surgissent alors des spectres alarmants: une guerre qui se rapproche, un environnement qui se dégrade, les violences devenues banales, la dangereuse polarisation politique, les périls engendrés par les réseaux sociaux, sans compter le fantôme de l’IA, etc… Comment retrouver la «magie de Noël» dans une conjoncture si anxiogène?

Je relis les récits bibliques qui racontent la naissance de Jésus. Peut-être avons-nous un peu oublié, sous ses atours romantiques, quelques situations moins romanesques.

Noël, si l’on en croit les évangiles, ce fut aussi un couple de voyageurs auquel on refusa tout accueil digne, un accouchement en urgence dans une étable, le massacre des enfants innocents de Bethléem et l’éprouvante fuite en Égypte de la sainte famille. Dans notre piété chrétienne, nous retenons surtout le chant glorieux des anges dans les cieux, les bergers si bienveillants et la générosité des mages avec leurs précieux cadeaux. Et nous avons bien raison, car rien ni personne ne doit suspecter ou gâcher l’allégresse de Noël, Emmanuel, Dieu avec nous dans l’Enfant de la crèche.

 »La crèche et la croix ne seraient-elles pas constituées du même bois?»

Mais ce n’est pas manquer de ferveur noélique que de rappeler l’autre face du mystère. L’incarnation du Fils de Dieu n’est que le premier acte d’un autre évènement. L’ombre de la croix plane déjà sur les commencements du pèlerinage christique. La présence de Marie de Bethléem au pied de la croix de Jésus à Jérusalem fait le lien entre la Nativité et la Rédemption par le sacrifice d’amour du Christ. À condition de ne pas en rester là, comme il convient de ne pas camoufler Noël dans les effluves de la sentimentalité.

Noël comme la croix nous pressent de passer à Pâques. La crèche et la croix ne seraient-elles pas constituées du même bois? Mais heureusement l’ouverture du tombeau dans l’alleluia de Pâques a tout bouleversé, tout éclairé, tout transfiguré. Noël est devenu Pâques. Nous en sommes là maintenant.

Alors, même les obscurités qui risquent de ternir la joie de Noël, parce que nous avons encore quelques motifs d’angoisse intime ou sociétale, doivent laisser briller dans nos nuits une lueur déjà toute pascale. Nos relations interpersonnelles, nos engagements dans l’Église, nos investissements dans la société peuvent se glisser humblement près de Jésus à la crèche. Lui nous aidera à enfouir déjà des ferments de pâque dans la pâte de nos jours. Ce peut être des moments de foi priante, des signes d’espérance malgré tout et surtout des étincelles d’amour allumées au ciel de nos rencontres humaines. Alors Noël restera joyeux et la nouvelle année sera encore meilleure.

À vos souhaits!

Claude Ducarroz

17 décembre 2025

«Noël comme la croix nous pressent de passer à Pâques» (Claude Ducarroz) | photo: le Christ ressuscité dans une crèche de René Bugnion, à Lausanne © Raphaël Zbinden
17 décembre 2025 | 07:20
par Claude Ducarroz
Temps de lecture : env. 2  min.
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