Lors de la présentation du plan, Manu Keirse, Jessika Soors et Mgr Luc Terlinden étaient accompagnés de l’ancienne ministre Céline Fremault (à la droite de l'archevêque sur la photo) | © CathoBel / CH
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L’Église en Belgique dévoile son nouveau plan d’action anti-abus

Un nouveau plan stratégique pour lutter contre les abus sexuels dans l’Église en Belgique a été présenté en décembre 2025. Il comprend trois volets majeurs: des réformes structurelles, une prévention rigoureuse et une participation accrue des victimes.

Le nouveau plan stratégique a été élaboré par la Fondation Dignity, note le portail belge Cathobel. Il s’agit d’une fondation d’utilité publique créée par l’Église en Belgique pour gérer les signalements de victimes de violences sexuelles.

Le nouveau plan s’appuie sur les recommandations qui ont suivi les commissions parlementaires mises en place en 2024 à la suite de la diffusion de la série Godvergeten. La diffusion de ce reportage donnant la parole aux victimes de prêtres pédophiles a provoqué une vague d’indignation dans le pays.

Choisir son point de contact

La nouvelle stratégie, approuvée par les évêques de Belgique et les coupoles de congrégations et ordres religieux, a donc pour objectifs principaux de mieux soutenir les victimes et de prévenir de nouveaux cas d’abus. Les victimes ont été impliquées dans son élaboration et le seront dans sa mise en œuvre. Une collaboration sera développée avec un forum pour la justice réparatrice et la médiation, afin de concrétiser cette participation.

L’accueil des victimes sera davantage professionnalisé. La collaboration avec d’autres points de contact sera optimalisée, afin que les victimes puissent choisir celui qui leur convient le mieux.

Une politique de prévention rigoureuse à tous les niveaux

Chaque diocèse et les coupoles des congrégations et ordres religieux devront désigner un coordinateur ou une coordinatrice qui veillera sur cet aspect essentiel. Par ailleurs, tous les collaborateurs et bénévoles dans l’Église devront suivre une formation obligatoire sur l’intégrité des personnes, la gestion trauma-sensitive et les signes de comportements transgressifs ou d’abus.

La politique d’intégrité sera renforcée par une obligation de signalement pour les collaborateurs faisant l’objet d’une enquête pénale ou d’une condamnation. La numérisation du celebret – le document qui accorde à un prêtre l’autorisation de célébrer l’eucharistie – doit constituer un outil de sécurité supplémentaire garantissant que seuls les prêtres sans plainte ni condamnation puissent exercer un ministère.

Tolérance zéro

Le plan stratégique veut encore renforcer la politique de tolérance zéro. Chaque plainte devra être traitée de manière cohérente et des enquêtes proactives effectuées pour vérifier si les abuseurs ont fait d’autres victimes. Un Conseil de supervision, composé d’experts issus de la société civile dans différents domaines tels que la criminologie, la psychologie et le droit, formulera des recommandations concernant le suivi des abuseurs. Ce Conseil fonctionnera indépendamment de la hiérarchie ecclésiale et son avis sera désormais requis dans chaque dossier. Tout obstacle à la mise en œuvre de cet avis sera immédiatement signalé à l’instance compétente à Rome, en vue d’une approche efficace au sein de l’Église en Belgique. Par ailleurs, une offre spécialisée d’accompagnement sera mise en place pour les abuseurs et leurs proches, axée sur la supervision et la réduction du risque de récidive.

Une collaboration intensive avec la société

Une procédure de lancement d’alerte facilitera le signalement des soupçons d’abus par des témoins, sans crainte de représailles. Les nouveaux mouvements ecclésiaux devront suivre les mêmes protocoles, sous peine de perdre la reconnaissance qui leur permet d’exercer leurs activités au sein d’un diocèse.

Enfin, le nouveau plan stratégique présenté par l’Église en Belgique mise sur une transparence maximale et une collaboration avec la société. Une Commission nationale qui veillera à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation de la politique de lutte contre les abus a été mise sur pied.

Des attentes élevées vis-à-vis de l’Église

La Fondation Dignity mettra en place un point de communication central pour garantir la transparence sur la politique menée. Une procédure uniformisée sera instaurée pour archiver tous les documents et les dossiers relatifs aux abus.

Pour Jessika Soors, coordinatrice nationale pour la Fondation Dignity, «les attentes vis-à-vis de l’Église sont légitimement élevées. Le passé ne peut être effacé, mais un changement structurel est possible et nécessaire pour offrir reconnaissance, rétablissement et sécurité. Le présent plan stratégique trace la voie.»

À noter que l’Église catholique en Suisse a également lancé depuis quelques années un train de mesures similaires. (cath.ch/cathobel/arch/rz)

Lors de la présentation du plan, Manu Keirse, Jessika Soors et Mgr Luc Terlinden étaient accompagnés de l’ancienne ministre Céline Fremault (à la droite de l'archevêque sur la photo) | © CathoBel / CH
30 décembre 2025 | 14:56
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
Abus sexuels (1365), Belgique (234), Prévention (41), victimes (45)
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