
Police secours
Lorsque je me promène en ville, mon œil s’agrippe volontiers aux graffitis et autres tags. Non pas que je sois complètement d’accord avec ce mode sauvage d’expression ni que je sois convaincu par les qualités artistiques qui s’exhibent ainsi. Mais j’ai l’impression que ces maculages de nos murs publics disent quelque chose de notre temps et de son état…
Je suis à Lausanne quand je tombe sur un définitif «POLICE, JE VOUS HAIS». Je m’interroge: Comment interpréter le «vous»? Formule de politesse? Expérience désastreuse de rencontre saignante avec une troupe multiple en uniformes?…
Poussant ma réflexion plus loin j’en suis venu à me dire que l’on peut mesurer la température d’une société (d’une civilisation) à travers sa manière de vivre avec la police, de la considérer, de la comprendre.
Lorsque je vis au Congo, je me rends compte que ce pays va mal, notamment parce que sa police y est considérée par le commun des gens comme une force ennemie, chargée de rendre encore plus difficile ce qui est déjà très compliqué. Sur une route cahoteuse et sans goudron, où chaque kilomètre fait souffrir tout moyen de transport (depuis les sandales, jusqu’aux camions), la police monte une barrière et rançonne tout le monde pour des papiers que l’on n’a pas ou pour des taxes qui n’ont souvent aucune réalité officielle.
Lorsque quelque part une rixe éclate, quand un vol a lieu, quand un méfait est découvert, le premier réflexe de tout le monde est de trouver une solution avant l’arrivée de la police, sinon la tension monte et le contenu du porte-monnaie descend… Triste réalité des pays où «l’état de droit» est défaillant.
C’est pourquoi je trouve désolant que dans nos pays cossus et stables toute une frange de la population trouve encore à redire sur l’action de la police qui fait ce qu’elle peut, bien encadrée par notre état démocratique, même si des dérapages peuvent exister.
Je reste convaincu que plus une société râle, glapit, barrit, rugit contre sa police, plus elle retourne dans la jungle.
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