APIC Reportage

Genève: Les mille participants Forum «Amour et Vie» décernent la palme à Pierre Ceyrac

«On ne vit pas pour étudier, trouver un job et s’acheter une maison»

Gladys Theodoloz, APIC

Genève, 29 janvier 2001 (APIC) Les mille jeunes venus de France et de Suisse romande pour assister au Forum «Amour et Vie», les samedi et dimanche 27 et 28 janvier, à Genève, ont décerné la palme au missionnaire Pierre Ceyrac, talonné par l’ex-baroudeur Tim Guénard et le chef d’entreprise Guy Michelin. «On ne vit pas pour passer un examen, trouver un job et s’acheter une maison mais pour voir, un jour, en face, la beauté de Dieu, leur a dit le jésuite amoureux de l’Inde.

Moins médiatique que celui de Davos – et nettement plus spirituel – le Forum «Amour et Vie» au Centre international de conférences de Genève a attiré un bon millier de participants cette fin de semaine. Jeunes en majorité, catholiques à l’unanimité, et venus principalement de France, avec quand même un petit contingent de Suisses romands, ils se sont mis à l’écoute des «maîtres» invités par la Congrégation des Frères de Saint-Jean.

Une bonne demi-douzaine de conférenciers se sont relayés pour de transmettre à un public juvénile leur regard personnel sur «la beauté, lumière de l’amour». La palme revenant sans conteste au rayonnant Pierre Ceyrac, talonné de près par l’ex-baroudeur Tim Guénard. Bonne note également pour Luc Adrian, reporter à «Famille chrétienne», et pour Jean-Pierre Nortel, aumônier des artistes de Paris. Quant à Dominique Peccoud, jésuite travaillant au BIT, il aurait mérité d’être programmé à un moment plus favorable que le samedi soir, où l’attention des jeunes auditeurs était un peu émoussée.

Chargé de clore la réflexion, le Père Marie-Dominique Philippe, enfin, a parfaitement rempli son rôle de «maître». Objet d’une adulation difficile à comprendre pour les non-initiés, le prieur général de la Congrégation de Saint-Jean a su avec brio nouer la gerbe finale dans une intervention qui «volait très haut», selon les termes d’une jeune participante admirative.

«Des fleurs en enfer»

Auteur «Des fleurs en enfer», le journaliste Luc Adrian a d’emblée donné le ton en racontant, photographies à l’appui, les étapes de son séjour parmi les franciscains du Bronx. Dans ce quartier new-yorkais grand comme deux fois Paris, où règne la pire détresse matérielle et affective, il a partagé pendant six mois le quotidien de huit religieux décidés à vivre la règle de leur fondateur. Au fil des anecdotes, des histoires de vie, on voit ces religieux – un ex buveur, un ex hard-rocker et un ex skinhead – se mettre au service de leurs frères.

«Nous avons tous en nous un Bronx, un lieu que nous n’aimons pas, un lieu rempli de violence, c’est ce Bronx-là que Dieu veut visiter, habiter de sa présence», proclame Luc Adrian, avant de céder la parole à François Michelin, chef de l’entreprise du même nom, qui a démontré qu’un patron pouvait être humain malgré les aléas du marché et que la clef de la réussite, c’est de mettre en valeur «les qualités dominantes» de chacun: «Il n’y a rien de plus beau que de découvrir pour quoi on est fait». Quant à la qualité du travail, qui est un souci de respecter la matière, elle fait partie de ce mystère de beauté et de vérité dont la source est en Dieu.

Voix traversée de sanglots

C’est ensuite le tour du Père Pierre Ceyrac, missionnaire jésuite de 86 ans, engagé depuis 62 ans auprès des plus démunis en Inde. La voix traversée de sanglots, l’homme frêle, au sourire lumineux, évoque le séisme qui vient de frapper l’Inde, pays si cher à son cœur qu’il en a pris la nationalité. «Je ne veux pas de vie tranquille et peinarde!» Cri du cœur mêlé de larmes pour ces «populations si belles» avec lesquelles il travaille».

«Chaque homme est beau, même le plus misérable, même le plus tordu; chaque homme est la copie de la beauté de Dieu. On ne vit pas pour passer un examen, trouver un job, s’acheter une maison – on vit pour voir un jour en face la beauté de Dieu, c’est merveilleux!» L’amour est une force formidable qui transforme le monde. Les 31’000 petits orphelins indiens qu’il a pris sous son aile, les 500’000 hommes, femmes, enfants pour lesquels ils s’occupent de creuser des puits – tous l’habitent en permanence, l’entraînant dans une spirale d’amour «qui ne s’arrêtera même pas dans l’éternité», car la découverte de l’amour ne finit jamais. La vieillesse sert à ça, «c’est du rabiot que Dieu nous donne pour aimer davantage».

Le Père Ceyrac encourage pour finir les jeunes qui l’écoutent, fascinés, à se lancer dans l’aventure. Et à aller prêter main forte, sur place, dans un pays du tiers-monde. «Comme disait mon ami l’abbé Pierre, vous serez des chefs désastreux si vous ne connaissez pas les problèmes des pauvres aujourd’hui».

Un homme «tordu»

Destin tout différent que celui de Tim Guénard. Cet homme massif au nez cabossé, ancien boxeur, ancien loubard, ancien paumé, abandonné par sa mère à l’âge de trois ans, tellement battu par son père qu’il a fait plusieurs années d’hôpital, ce rescapé de la violence et du désespoir a découvert Dieu et l’amour à travers des handicapés. Avec humour, avec pudeur, il raconte sa rencontre avec une communauté de l’Arche de Jean Vanier, son chemin vers la foi, son mariage, sa paternité. Aujourd’hui réconcilié avec ses parents, époux heureux et père comblé de quatre enfants, Tim Guénard atteste que la beauté d’aimer et d’être aimé transfigure. «J’ai été un enfant tordu et je suis un homme tordu, mais c’est pas grave… J’ai grandi en voulant devenir un tueur et aujourd’hui, je ne veux plus tuer, je veux aimer».

La globalisation, cette machine à centrifuger les populations

C’est à l’intelligence de ses jeunes auditeurs que fait appel ensuite le Père Dominique Peccoud, conseiller spécial pour les affaires sociales et religieuses au BIT. «Seul, je ne suis rien, je n’existe que par les relations que je tisse, qui s’étendent au monde entier». C’est d’abord cela la globalisation, l’extension de nos capacités de sentir et d’agir, explique-t-il. Mais il y aussi la globalisation fausse, pilotée uniquement par l’argent, et c’est celle d’une économie de marché anarchique et radicalement autonome, qui est «la plus belle machine à centrifuger les populations vers la marge». «Aérez-vous, sortez de l’univers clos du consumérisme effréné».

Il est possible de construire un système économique où chaque homme soit considéré dans la plénitude du respect. De nombreuses personnes travaillant à l’ONU s’y emploient. Une nouvelle stratégie a fait l’objet en 1998 d’une déclaration de l’OIC. Elle est axée sur «un travail décent pour tout homme et toute femme en ce monde», dont les conditions de base sont la liberté d’association, la lutte contre le travail forcé, l’éradication du travail des enfants, et le refus des discriminations sexuelles, raciales, ethniques ou religieuses sur la place de travail.

«Priez pour que les collaborateurs des organisations internationales n’oublient pas les hommes et les femmes derrière les statistiques» lance Dominique Peccoud à un public un peu fatigué, qui retrouvera toute son énergie pour la veillée de prière du samedi soir, autour de Mgr Pierre Farine.

Dimanche ou la beauté du corps glorieux

La journée de dimanche du Forum Amour et Vie à Genève a débuté avec Jean-Pierre Nortel, «artiste-prêtre» passionnément épris du Verbe qui se révèle dans le prologue de Jean. Converti à l’Evangile par la puissance d’un texte de Paul Claudel, le fougueux homme de théâtre incarne à lui seul l’expression «brûler les planches». «Tout art est parole et en même temps lumière… Le public est sous le charme.

La voie est libre pour le Père Marie-Dominique Philippe, dernier intervenant du week-end, qui parle des rapports entre beauté, vérité et amour: «Tout ce qui est beau n’est pas forcément vrai». «Nous sommes tous appelés, avec notre pauvre corps, à devenir corps glorieux; semblables à Jésus et Marie». Conclusion planante pour un week-end résolument haut de gamme, couronné l’après-midi par une messe célébrée par Mgr Bernard Genoud. (apic/gt/mjp)

29 janvier 2001 | 00:00
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APIC – Reportage

Grenoble, 23décembre (APIC) Avant de se perdre dans les cimes, le son mat

d’un gong magistral appellle à la méditation silencieuse. Un bruit qui le

dispute au

claquement sec des bannières de prières qui entourent le «Chorten» de

l’Institut Karma Ling, centre d’étude et de pratique de la tradition de

Bouddha, situé entre Chambéry et Grenoble. Approche de la pratique du

bouddhisme en France.

Un petit bâtiment blanc rehaussé de couleurs très vives et quatre

paires

d’yeux désignant la sagesse sur chaque côté de la maison. Voilà pour la

première impression du visiteur. Autour de ce lieu consacré, des

retraitants tournent en récitant des prières, parfaitement indifférents à

ce qui se passe à l’extérieur: un carré surmonté d’un cercle puis d’un

triangle, d’un croissant et enfin d’une flamme, symbole des cinq éléments.

Un vrai contraste: A quelques dizaines de mètres en contrebas, l’ancienne

chartreuse de St-Hugon aux formes dépouillées, aux murs austères et

massifs. Une douzaine de journalistes français venus se familiariser au

dialogue interreligieux sont quelque peu désapointés. L’un d’eux s’écrie:

«Cà fait quand même mal de voir une tradition religieuse si différente de

la nôtre importée dans haut lieu du christianisme comme celui-ci!»

D’autres questions tourmentent l’esprit des journalistes. Pourquoi la

retraite de méditation intensive, expérience austère de claustration, 40

mois durant, pratiquée dans les centre tibétains de

France sous la conduite d’un lama, connaît-elle un tel succès? Pourquoi la

vogue actuelle du bouddhisme?.

Le lama Denys Teundroup est son aise pour y répondre. Directeur de Karma

Ling et supérieur de la Congrégation Dachang Rimé, reconnue en 1994 par le

gouvernement français, il est aussi directeur de l’Union bouddhiste

européenne. Français, fils de mai 68, marié depuis peu, il a trouvé auprès

de Kalou Rinpoché (1904-1989), un des plus grands maîtres spirituels

tébétasins contemporains, les réponses à sa quête de vérité. Ample robe de

moine de couleur bordeaux, collier rituel autour du cou, les yeux bleus et

profonds, le débit de la voix et les gestes invariablement lents et

posés, comme animés d’un souci dominant d’auto-contrôle, il explique: Nous

accuillons 10’000 personnes pare an. Un millier constitue le noyau stable

qui gravite autour de ce centre. La perspective du «Dharma»

(l’enseignement du Bouddha) est plus médicale que juridique. L’agression

de l’»ego» est à l’origine de la maladie entendue au sens large de

comportements pathogènes. Le Dharma propose une guérison possible,en

jalonne les étapes. Son succès tient à plusieurs facteurs: esprit

d’ouverture et de tolérance sincère, affinité naturelle avec une recherche

spirituelle

25 décembre 1996 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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