Bernard Litzler

Avec foi, sans loi

Sagesse que celle du Conseil fédéral. Questionné sur l’opportunité de légiférer sur les signes religieux, les sept Sages ont indiqué le 9 juin vouloir renoncer à une loi fédérale en ce domaine. En Suisse, le pragmatisme l’emporte: le port de signes religieux aussi bien que les symboles religieux dans les édifices publics ne soulèvent pas de tempête. Le rapport sur «La présence et le port de symboles religieux dans les bâtiments publics» constitue donc un reflet du sens pratique helvétique.

Une vague vient bien troubler, de temps à autre, cette quiétude. Mais certaines empoignades virulentes – le voile d’une enseignante ou une croix dans une salle de classe – se calment vite. Le respect des croyances individuelles d’une part, la compréhension des règles de la vie en société d’autre part, posent des balises claires. Parfois, le recours aux tribunaux permet de gérer les situations délicates. Pourtant seuls 9% des affaires se terminent devant la justice.

Le respect des croyances individuelles et le bon sens commun évitent les dérapages de certains voisins. Les séquences hargneuses vues en France, à cause du voile musulman ou du burkini, n’ont pas été reproduites sur ce versant des Alpes. Et lorsqu’un motard sikh refuse, en Suisse, de porter un casque sur sa moto, car sa longue chevelure enchâssée dans un turban l’empêche d’enfiler l’accessoire pourtant obligatoire, les jugent rappellent que l’intérêt public à la sécurité dépasse les croyances individuelles.

La Suisse reste donc un pays religieux. En apparence, du moins. L’étude indique que dans les cantons catholiques, 61% à 88% des écoles présentent des symboles religieux, contre 22% à 33% des cantons protestants. Et, précise le rapport, la visibilité [des signes religieux] facilite l’intégration des minorités religieuses dans la société. En clair, il ne sert à rien de bannir les signes religieux hérités de notre passé. Car les nouveaux arrivants s’intégrent plus facilement, avec leurs croyances, s’ils constatent que la Suisse reste une terre de foi.

«Le fédéralisme a produit de bons résultats dans l’ensemble, en matière de droit des religions», estime le Conseil fédéral. Et les cantons restent libres d’apprécier comme ils le souhaitent l’affichage et le port de symboles religieux. Sans loi (fédérale) mais avec foi: c’est la recette d’une paix confessionnelle assumée.

En Suisse, le port de signes religieux ne soulève pas de tempête
12 juin 2017 | 17:25
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 2 min.
Laïcité (100)
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