Baptisés et envoyés

Ce slogan du Mois de la mission extraordinaire, promulgué par la pape François, invite à s’interroger sur la place des chrétiens dans la société d’aujourdhui. Ouvrant la porte à la créativité, beaucoup de baptisés ont redécouvert dans la joie qu’ils «avaient reçu un don à partager gratuitement».

A ce sujet, deux éléments peuvent être mis en avant. Le premier renvoie à la nature de la mission. Il est loin le temps où l’on comptait les conversions pour augmenter le nombre de baptisés. Maintenant, il s’agit d’être présent au monde dans lequel nous vivons. «Respirer l’harmonie et l’équilibre dans un monde professionnel tourmenté», «soigner les personnes dans leur quotidien», «être attentif aux pauvres», «rayonner d’espérance et de joie», «inspirer les autres» … chacun, chacune a pu décliner «sa mission» sur l’affichette proposée. On en trouve quelques exemples sur le site de Missio.

«Les chrétiens sauront-ils être inspirateurs de solutions inédites?»

C’est peut-être là que réside la nouveauté. Dans une société qui se cherche un avenir entre manifestations pour le climat ou contre la violence faite aux femmes et élections rajeunissant, féminisant et verdissant le Parlement fédéral, on sent une ébullition, une recherche de pistes nouvelles. Les chrétiens sauront-ils être inspirateurs de solutions inédites, comme ils le furent pour le commerce équitable, une coopération au développement plus équitable ou de manière plus lointaine encore dans la création d’hospices et d’écoles? Sauront-ils témoigner qu’un «autre monde est possible» en cherchant le Royaume de Dieu et sa justice?

L’autre élément relève de la dynamique collective que vit l’Eglise dans ce coin de pays. Le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg vient de vivre deux événements. Une session pastorale sur l’interculturalité et une journée en mémoire des victimes d’abus en Eglise. Ces deux événements ne sont pas liés l’un à l’autre. Et pourtant. Le visage de l’Eglise est devenu très multiculturel: 60% des fidèles sont d’origine étrangère et la plupart des prêtres du diocèse viennent d’ailleurs. Il s’agit donc de développer un vivre ensemble dans le respect mutuel. Il en découle une exigence fondamentale: abandonner toute position de domination sur l’autre, quel qu’il soit. Cet abandon du pouvoir permet d’être simplement à l’écoute et au service des humains qui cherchent un sens à leur vie, sans mettre la main sur eux, sans abuser d’un pouvoir indu. N’est-ce pas ici que se joue la mission, humble dans sa réalité matérielle, mais forte de son authenticité?

Paul Dembinski avec Jean-Claude Huot

27 novembre 2019