Claude Ducarroz

Bourrage de solidarités

Je présume que je ne suis pas le seul. Chaque matin, La Poste m’apporte son lot de courriers sous forme d’enveloppes estampillées aux logos de quelque œuvre de solidarité. On me submerge d’informations sur tout le bien accompli, on cherche à me motiver pour soutenir en urgence telle ou telle action spéciale, on tend la main -compte QRCode à l’appui- pour solliciter ma générosité.

J’avoue -qu’on me pardonne!- que j’ai eu parfois la tentation de glisser immédiatement ces enveloppes dans la corbeille à papier, tant leur nombre et leur insistance finissaient par m’agacer. Trop, c’est trop, d’autant plus que, en toute (bonne) conscience, il me semble que je ne renâcle pas dans le domaine de l’engagement altruiste. Simplement, il m’arrive d’être un peu saturé devant l’avalanche des bonnes causes à soutenir, efficacement et immédiatement.

Mais rassurez-vous! Avant de procéder à quelque geste fatal du côté de la poubelle, je me reprends, je réfléchis, je me laisse le plus souvent convertir.

Finalement, toutes ces opérations ont incontestablement un but très louable. On veut faire du bien, le plus possible, le plus rapidement possible. Et c’est vrai que les renseignements fournis ne manquent pas de pertinence.

«A l’autre bout de la chaîne de ces ‘actions’, il y des hommes, des femmes, des enfants qui comptent sur notre compassion»

A y voir de plus près, n’est-ce pas réconfortant que tant de personnes, y compris dans notre Suisse opulente, s’engagent -le plus souvent bénévolement- pour venir au secours d’autres personnes frappées par le malheur ou la pauvreté, chez nous et jusqu’au bout du monde? Soyons reconnaissants pour tant de bonnes volontés qui soulagent la misère du monde, même si leurs pressantes invitations à les rejoindre peut déranger notre confort ou nos habitudes.

A l’autre bout de la chaîne de ces «actions», il y des hommes, des femmes, des enfants qui comptent sur notre compassion au milieu de leur drames et de leurs nécessités. Nous ne les voyons pas en direct, mais ils existent réellement. C’est pour eux d’abord, les yeux dans les yeux et le cœur ouvert, que nous contribuons à leur mieux-être et à leur libération. Sur ces chantiers de fraternité, il n’y aura jamais trop d’ouvriers attelés à la rude et belle tâche de l’amour en actes.

Et puis, en fin de compte -avec ou sans QRCode-, je demeure libre de donner ou pas, de verser peu ou beaucoup. Mais je ne saurais oublier que, dans mon contexte bien helvétique et en comparaison avec tant d’autres humains, je suis encore du bon côté de la destinée, ce qui ne saurait me dispenser des devoirs minima de la solidarité…humaine!

Claude Ducarroz

12 octobre 2022

Notre solidarité est sollicitée de toutes parts en faveur des plus pauvres | © EU Civil Protection and Humanitarian Aid/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
12 octobre 2022 | 07:58
par Claude Ducarroz
Temps de lecture: env. 2 min.
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