Bernard Litzler

Carola Rackete, l’honneur de l’Europe

«Ma vie a été facile. Je suis blanche, allemande, née dans un pays riche et avec le bon passeport. Quand je m’en suis rendu compte, j’ai ressenti l’obligation morale d’aider qui n’avait pas les mêmes opportunités». Carola Rackete, 31 ans, est la capitaine du navire humanitaire Sea Watch 3.

Son culot? Elle a osé faire débarquer sur l’île de Lampedusa les 40 migrants qu’elle avait recueillis au large de la Libye. Carola a défié le ministre italien Salvini. Qui n’a pas apprécié, mais pas du tout, le toupet de celle qui a bravé l’interdiction de débarquer. Mais la capitaine s’est appuyée sur son devoir humanitaire. Arrêtée, elle est en attente de jugement. Son bateau est séquestré et elle risque entre 10’000 et 50’000 euros d’amende.

Carola Rackete symbolise le jeu cruel qui s’est emparé des consciences européennes. D’un côté ceux qui aident les migrants comme elle, comme le pasteur Norbert Valley en Suisse ou d’autres vers les Alpes françaises. De l’autre, ceux qui fustigent l’»invasion» venue du Sud, la culture européenne menacée, le «trop plein» qui serait atteint.

«La conscience humaine ne peut se satisfaire de lois d’exclusion»

Mais Carola est aussi l’honneur de l’Europe. La classe politique allemande ne s’y est pas trompée, prenant la défense de leur compatriote.

Car l’Europe reste une destination privilégiée pour bien des détresses. Le rêve du Vieux-Continent continue de hanter les Africains. L’Europe, un monde meilleur pour eux. La réalité n’est pas aussi simple. Heureusement qu’il reste des humanitaires prêts à s’engager pour recueillir les personnes en perdition. La capitaine Carola est de cette trempe. Elle réalise la chance qu’elle a eue, dans sa vie. Et veut en faire profiter d’autres. Quitte à être criminalisée ou perçue comme félonne.

Si l’Europe a encore un sens, c’est de ce côté qu’il faut le chercher. Car la conscience humaine ne peut se satisfaire de lois d’exclusion. Carola Rackete nous le rappelle, à son corps défendant!

Bernard Litzler

1er juillet  2019

Carola Rackete, la capitaine du Sea Watch 3, a été arrêtée le 29 juin 2019 | © Keystone
1 juillet 2019 | 17:56
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 1 min.
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