Bernard Litzler

Cauchemar américain

Un marathon à Boston… 20’000 coureurs, 500’000 spectateurs et 3 morts. La mort est passée par Boston. Et 170 blessés, dont certains amputés, s’ajoutent au bilan de ce 15 avril meurtrier. Deux faux spectateurs sont passés par là, déposant des engins destructeurs dans des poubelles. Les frères Tsarnaev ont pris les Etats-Unis à témoin de leur détresse. De leur perdition. De l’échec de leur rêve américain.

 

La machine mythique de l’intégration connaît des ratés. On le savait. Tous les migrants aux Etats-Unis ne se voient pas dérouler un tapis rouge. Il faut trimer, bosser, essayer d’émerger dans une société acharnée, affûtée, habituée à la concurrence. Il faut faire son trou. Et vae victis, malheur aux vaincus… Les deux frères tchétchènes ont essayé, mais n’ont pas pu. Pu, ni su percer. Impossible de revenir à la case départ quand on a caressé un tel rêve. Alors l’intégrisme radical a semé ses graines redoutables dans leur esprit. Il est devenu secours, recours, horizon ultime. Que s’est-il passé dans la tête de Djokhar et de Tamerlan Tsarnaev? Comment ces enfants ballottés par la guerre de Tchétchénie sont-ils devenus des ennemis de l’Amérique, leur patrie d’accueil?

 

Frapper l’Amérique au cœur, durant une fête populaire et sportive, tuer, faucher les coureurs et les spectateurs du marathon bostonien: le projet a mûri, s’est concrétisé et a été mis à exécution. Un enfant de huit ans est décédé, ainsi que deux adultes.

 

Et sur Boston, vitrine multi-culturelle de l’Amérique, a flotté une odeur de mort. A suivi une éprouvante chasse à l’homme. L’aîné des Tsarnaev a été tué, le second a été grièvement blessé. L’honneur de l’Amérique est sauf. Mais les questions demeurent. Et les soupçons sur les étrangers, le FBI, la police ont encore crû.

 

La violence barbare de la Tchétchénie a rejailli sur l’Amérique. Puits sans fond de haine qui s’auto-alimente. A Boston, le rêve américain est devenu cauchemar. La distance entre le Massachusetts et le Caucase a encore augmenté. Un monde de fraternité, c’est pour quand?

Bernard Litzler

25 avril 2013 | 10:14
par Bernard Litzler
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