Bernard Litzler

Corona, un signe des temps?

A chaque époque son signe. Pour l’Eglise, la pandémie actuelle n’échappe pas à ce devoir «de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre (…) aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques», affirme Gaudium et spes, l’encyclique pastorale (1965) de Vatican II.

«Scruter et interpréter»: une tâche vaste, notamment quand un virus inconnu nous condamne au confinement. Pourtant, des enseignements sont à tirer de la crise. Les experts de tous ordres, sollicités, se répandent en conseils dans les médias. Exercices de consultation où chacun «prêche pour sa paroisse».

Il est vrai que la crise sanitaire mérite une lecture à l’aune évangélique. D’abord pour rappeler que l’humanité est une. Le pape François ne cesse de le rappeler. Le monde est un et nous, les humains, sommes tous embarqués dans cette même aventure, folle et incertaine, qu’est la vie. Le coronavirus meurtrier nous rend ainsi service, nous révélant à nouveau notre humanité, avec ses beautés, ses failles et notre destin de mortels.

«La crise révèle l’importance des liens»

Le mystérieux corona remet également en mémoire l’importance des soins (ah, l’élan de gratitude envers les soignants) et de la santé en général (pour une religion chrétienne qui respecte le corps, cela n’est pas banal). Il réaffirme aussi avec force la notion de service public: dans un monde où le modèle marchand imprègne les mentalités jusqu’à l’extrême, nous sommes saisis par les limites à respecter. Que ce soit en matière de santé, d’information, de ravitaillement, de maintien de l’ordre, il est des missions où le seul profit ne peut régner en maître.

Au final – et c’est sans doute la leçon la plus évangélique de cette crise -, elle révèle l’importance des liens. Dans les EMS, l’absence de contacts familiaux ou amicaux crée de véritables drames, lorsque les résidents préfèrent le Covid et le décès plutôt qu’une vie au rabais, coupée des relations qui en font le charme. En silence, des milliers de personnes se dévouent pour maintenir en vie, au sens relationnel, ceux qui pâtissent douloureusement de la situation. Si nos établissements cessaient d’être considérés comme «des mouroirs», nous sortirions gagnants de ce passage perçu davantage comme une nouvelle leçon de vie que comme un couloir de la mort.

Bernard Litzler

21 avril 2020

La crise sanitaire a révélé l'importance des liens (Photo par Macau Photo Agency sur Unsplash)
21 avril 2020 | 16:26
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 2 min.
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