Bernard Litzler

Des chiffres et des faits

Bataille de chiffres et de commentaires dans la NZZ. Le journal zurichois a eu l’outrecuidance de publier une lettre de lecteur évoquant les «petits moutons» (Schäfchen) qui quittent l’Eglise catholique. Et sa page en ligne souligne le phénomène, en comparaison avec l’Eglise réformée, en indiquant même l’«Eglise catholique souffre d’un exode», «des milliers de personnes quittant l’Eglise». Réaction outrée de la Conférence centrale catholique-romaine. Elle rappelle, à juste titre, que le nombre de catholiques suisses de plus de 15 ans n’a jamais été aussi nombreux (2’576’616) même si globalement leur pourcentage diminue (37,7%). L’Eglise catholique est ainsi remise au milieu du village.

Revenons aux chiffres. Globalement le nombre de chrétiens, protestants et catholiques, diminue en Suisse, comme dans d’autres pays européens. Le nombre de personnes sans confession augmente (23%), d’année en année, atteignant presque le nombre de réformés (24,9%). Un monde sans Dieu ne peut que voir croître les «sans confession». Pas besoin de statistiques pour percevoir ce manque de repères, cette distanciation avec les Eglises. Le syndrome des «églises qui se vident» devient même un poncif médiatique trop utilisé par ceux qui ne mettent jamais les pieds dans un lieu de culte.

Dieu absent? Oui, du discours public souvent, mais des parcours individuels jamais.

Et pourtant… Une enquête de l’Office fédéral de la statistique menée en 2014 indiquent que les moments difficiles de la vie sont le seul domaine dans lequel la religion ou la spiritualité jouent un rôle «plutôt», voire «très important» pour la majorité des personnes. Et les moments difficiles sont aussi les plus forts, souvent. Que dire des aumôneries de prisons ou d’hôpitaux, des conseils spirituels, des itinéraires personnels où chemine la grâce. Dieu absent? Oui, du discours public souvent, mais des parcours individuels jamais. Ah si les statistiques pouvaient enregistrer, tel un sismographe spirituel, les conversions, les retournements, les métanoia dont parlent les orthodoxes. Il est des réalités intimes qui dépassent les mouvements massifs.

Que ces retours à la foi fassent boule de neige, qu’ils transforment nos regards, qu’ils incendient le monde. Ce sont des souhaits, des vœux, des prières. Ce sont aussi ceux de la Suisse. Encore davantage en cette année de Jubilé de Nicolas de Flue…

Bernard Litzler | 9 février 2017

«Que ces retours à la foi fassent boule de neige, qu’ils transforment nos regards»
9 février 2017 | 18:35
par Bernard Litzler
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