Discernement des esprits

Marocains d’origine, parlant catalan avec leurs copains et copines. Une douzaine d’ados et de jeunes, nés aux pieds des Pyrénées dans une bourgade où tous se connaissent ou se fréquentent. Terroristes, eux? Vous plaisantez. Soyons sérieux! Ces gars ne sortent pas de prison, ni ne rentrent de Syrie ou d’Irak. Ils n’habitent pas à Sarcelles ou à Clichy-sous-Bois. Bien sûr, dit-on pour se justifier de ne rien savoir, ils cachaient leur jeu. Mais qui donc leur en avait appris les règles criminelles?

Alors, les yeux se tournent vers un mystérieux imam. Je préfère qu’un imam soit visé, plutôt que le Coran ou l’islam. Et je m’interroge. Avons-nous à faire à un imam ou à un gourou dénaturé? Quelle force de séduction ne faut-il pas mettre en oeuvre pour entraîner à des actes criminels des jeunes que rien ne dispose à les commettre. Et, de surcroît, leur faire miroiter les délices du paradis s’ils passent à l’acte. Cela dépasse l’entendement et fait éclater les repères élémentaires de la conscience qui permettent à tout humain de distinguer le bien du mal. Je ne connais rien de plus pervers.

Je sais bien que Daesh ne détient pas le monopole de ces turpitudes. Pas plus que le salafisme. Ces déviances diaboliques témoignent jusqu’à l’absurde de la force de l’esprit quand il est mis au service du mal. Et s’il agissait selon les forces du bien, à quel miracle ne faudrait-il pas s’attendre?

J’ai parlé d’esprit. La spiritualité est l’un de ses dérivés ambigus et ambivalents. Il ne suffit pas d’en faire une religion pour croire qu’elle est dans l’orbite du bien. Seul, le discernement rationnel permet à l’esprit de produire de merveilleux fruits et d’éviter l’abominable. Je crains que personne de raisonnable n’ose de nos jours prendre cette tâche au sérieux et s’en porter responsable. De peur de profaner la sacro-sainte oasis au sein de laquelle désormais tout individu s’enferme et se complaît.

Je plaide pour le retour du courage de la vérité. Si nous voulons survivre.

Guy Musy | 22 août 2017