Sœur Marie-Paule

Evangile de dimanche: «Eh bien moi, je vous dis…»

Oui, que vais-je bien pouvoir vous dire pour ne pas tomber dans une lecture par trop moralisante de ce texte ?…

Tout d’abord, les deux assertions de Jésus aujourd’hui nous conduisent vers un accomplissement de la Loi de Moïse.

Il s’agit surtout de dépasser la loi du talion, dont la Bible n’a ni l’exclusivité, ni la primeur. Aussi dure qu’elle puisse nous paraître, n’oublions pas qu’elle constituait déjà un progrès remarquable. Rappelons-nous que Caïn devait être vengé sept fois et Lamek septante-sept fois ! Même aujourd’hui, le fait que le châtiment soit proportionnel à la faute est le fondement de notre justice. Partout, ce droit est regardé comme légitime. Pourtant, Jésus le remet en question au nom d’une juridiction plus haute. A l’opposé de cette vengeance réglementée qui risque toujours de déclencher la violence, il prêche la non-résistance, celle qui renonce à répliquer au mal.

Il va même plus loin avec la seconde partie. L’Ancien Testament recommandait déjà d’aimer le prochain comme un autre soi-même. Le prochain, c’est le compatriote, le Juif, au mieux l’étranger fixé en Israël, parfaitement assimilé et adopté. A noter qu’on pourra chercher partout dans la Bible, jamais on ne trouvera le commandement de haïr son ennemi… Pour Jésus, donc, tout homme, fut-il ennemi ou persécuteur, devient le prochain. A la haine instinctive, il oppose l’amour. Un amour concret, signifié par des comportements : l’accueil de l’immigré, la prière pour le persécuteur.

«Au fond, ce texte est davantage un éclaircissement sur qui est notre Dieu, plutôt qu’une leçon pour nous.»

Naïveté, utopie ? Pourtant, il suffit de regarder autour de soi pour remarquer qu’un geste d’apaisement est souvent plus efficace qu’une conférence sur le désarmement, que la justice n’est réelle que par la charité, là où l’humain a quelque chose à dire, où le lien tente de se tisser à nouveau, de personne à personne. Ainsi, la patience est la force des non-violents. Ressembler à notre Père des cieux, c’est s’interdire toute riposte, toute gifle. C’est ainsi que nous devenons vraiment ce que nous sommes : les fils et les filles de notre Père qui est dans les cieux.

Au fond, ce texte est davantage un éclaircissement sur qui est notre Dieu, plutôt qu’une leçon pour nous. Pour le dire autrement, ici, Jésus nous révèle bien plus, les mœurs et les agissements de notre Dieu. C’est une véritable révolution qui doit s’impliquer en nous, révolution dans le sens de conversion. C’est fou. C’est déraisonnable. C’est insensé. Pourtant, c’est comme cela que Dieu agit avec nous, chaque jour, comme il n’a pas cessé de le faire pour son peuple. Alors oui, c’est exigeant, mais il en va de l’avènement du Royaume !

Soeur Marie-Paule | Vendredi 21 février 2020


Mt 5, 38-48

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
«Vous avez appris qu’il a été dit :
Œil pour œil, et dent pour dent.
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ;
mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite,
tends-lui encore l’autre.
Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice
et prendre ta tunique,
laisse-lui encore ton manteau.
Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas,
fais-en deux mille avec lui.
À qui te demande, donne ;
à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos !
Vous avez appris qu’il a été dit :
Tu aimeras ton prochain
et tu haïras ton ennemi.
Eh bien ! moi, je vous dis :
Aimez vos ennemis,
et priez pour ceux qui vous persécutent,
afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ;
car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons,
il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.
En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment,
quelle récompense méritez-vous ?
Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
Et si vous ne saluez que vos frères,
que faites-vous d’extraordinaire ?
Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
Vous donc, vous serez parfaits
comme votre Père céleste est parfait. »

Jésus à dit à ses disciples: «Aimez vos ennemis» (dr)
21 février 2020 | 17:00
par Sœur Marie-Paule
Temps de lecture: env. 3 min.
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