Jeanne-Marie Ambly

Evangile de dimanche: tu aimeras…

L’Evangile de ce dimanche nous rappelle les deux grands commandements, «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même». Des mots usés d’avoir été entendus si souvent. Et pourtant si l’Evangile est Bonne Nouvelle, il doit y avoir du nouveau à entendre.

Nouveau il y aura, si je reçois ces mots comme parole qui m’est adressée, à moi. C’est ce à quoi invite Jésus. A la question posée par le docteur de la Loi : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » il ne répond pas par un article de loi impersonnel et général. Il s’adresse directement à son interlocuteur : « Tu aimeras… » Ce qui était débat d’école, piège posé, devient interpellation personnelle au questionneur. A lui, à nous, de l’entendre ainsi. Non pas un point de règlement, même le plus grand, mais une parole qui, aujourd’hui, nous est adressée personnellement.

En parlant ainsi, Jésus ne fait que citer la Loi telle qu’elle est énoncée dans les livres du Deutéronome (6,5) et du Lévitique (19,18). Cela n’a pas grand chose à voir, malgré la similitude de vocabulaire, avec les articles de loi de notre code civil. Les Dix Commandements sont Dix Paroles. Paroles adressées par Dieu à son peuple, à chacun au sein du peuple. Il ne s’agit pas d’un règlement à respecter mais d’une relation à vivre. D’un appel à faire Alliance. Cet appel Jésus le lance au docteur de la Loi qui l’interroge et à tout lecteur ou auditeur de son Evangile.

La question n’est pas de savoir quel est « le plus grand commandement » mais quel est « le grand commandement ». On n’est pas dans la comparaison car il n’y a pas de comparaison possible. Ce commandement est le seul « grand commandement », avec le second qui lui est semblable. D’une certaine façon ce double commandement est unique.

Il n’est pas le premier d’une série, mais le cœur du dispositif de l’Alliance. « De ces deux commandements, dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes », commente Jésus. Le verbe grec employé (qui a donné le mot « crémaillère ») est plus imagé et du coup plus parlant : « A ces deux commandements est suspendue toute la Loi… ». Ils sont la clef de voûte de l’architecture de l’Alliance. Sans ce double commandement, tout s’effondre, la Loi et les Prophètes. « S’il me manque l’amour, je ne suis rien » écrira Paul aux Corinthiens (2 Co 13, 1-3).

Puisse la parole de Jésus nous rejoindre, chacun, dans la vigueur de son interpellation : « Tu aimeras… » Un unique verbe, aimer, à conjuguer dans le tissu de nos relations à l’Autre et aux autres, proches et lointains – de culture, de religion,… dont je suis appelée à me faire proche comme le Bon Samaritain de la parabole.

Jeanne-Marie d’Amby | 20 octobre 2017


(Mt 22, 34-40)

En ce temps-là,
les pharisiens,
apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens,
se réunirent,
et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi,
posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve:
« Maître, dans la Loi, quel est le grand
commandement ? »
Jésus lui répondit:
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements dépend toute la Loi,
ainsi que les Prophètes. »

Le bon samaritain a su aimer son prochain (fresque à la cathédrale St-Joseph de Marseille)
27 octobre 2017 | 17:59
par Jeanne-Marie Ambly
Temps de lecture: env. 2 min.
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