Evangile de dimanche: demeurer auprès de lui

Ce soir-là, l’ambiance doit être bien lourde dans le groupe des apôtres! Jésus vient de leur dire que l’un d’entre eux va le livrer et il ajoute qu’il ne sera bientôt plus avec eux. Les douze sont bouleversés, troublés. Décidément, cette aventure ne tourne pas comme ils l’espéraient! La perspective de rester livrés à eux-mêmes dans un monde hostile fait naître dans leur esprit une profonde angoisse qui risque de les submerger.

Où va-t-on? ils ne savent pas. Ils ne savent plus. Ils sont, à la lettre, déroutés.

Mais Jésus leur dit: «Je suis le Chemin». Pas un chemin parmi d’autres, non, LE chemin. L’apôtre Thomas, plein de bon sens, réplique: «Seigneur nous ne savons pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin?»

Pour faire pressentir le mystère de sa personne, Jésus a déjà multiplié les images et les comparaisons: Je suis le cep, le pain de vie, le bon berger, je suis la porte de la bergerie… Maintenant, il se désigne comme le chemin qui conduit au Père.

C’est au tour de Philippe de réagir: «Montre-nous le Père, cela nous suffit.» Jaillit alors la réponse, attristée sans doute, de Jésus: «Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas? Celui qui m’a vu a vu le Père.»

Voir le visage du Père, le visage de Dieu! C’est le vieux rêve de l’homme, le nôtre, la quête de l’amour. Moïse déjà avait dit à Dieu: Fais-moi voir ta gloire. Dieu a accédé à cette demande mais toutefois sans montrer son visage: «Ma face, nul ne peut la voir.»

En Jésus, ce désir commence à trouver son accomplissement: «Qui me voit, voit le Père.»

«Jésus nous indique une route, une voie pour atteindre une vérité qui sera toujours au-delà de nous.»

Philippe réclame une démonstration extérieure: voir; alors que Jésus demande une conviction intérieure: croire. Ainsi chaque acte de foi en Jésus est un pas vers le Père. Jésus est le chemin qui nous relie au Père. Cette image du chemin signifie que notre amour pour le Christ, comme tout amour se vit dans un cheminement. Jésus nous indique une route, une voie pour atteindre une vérité qui sera toujours au-delà de nous. La vérité ne nous est pas donnée d’un seul coup, elle est devant nous. A mesure que nous marchons sur ce chemin nous progressons toujours plus vers la vérité, c’est l’affaire de toute notre existence.

A nous comme à Philippe Jésus pourrait-il déclarer: il y a si longtemps que tu as été baptisé, que tu participes à l’Eucharistie, que tu pratiques, que tu te dis chrétien… et «tu ne me connais pas?» Quel temps consacrons-nous à cette connaissance de Jésus? Par la lecture de la Parole, par l’étude, mais aussi par la prière personnelle, l’oraison, ce cœur à cœur silencieux.

Entendons cette affirmation de Jésus: «Celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes parce que je pars vers le Père». Est-ce possible? Faire des œuvres plus grandes que les miracles de Jésus! Certes oui, parce qu’elles auront une portée beaucoup plus large, parce qu’elles sont spirituelles et que les croyants d’aujourd’hui sont envoyés dans le monde entier, si ce n’est en personne du moins par une prière universelle.

«Je m’en vais et je reviendrai.» Les disciples ont dû se faire à l’idée de son départ, son départ par sa Passion et sa mort pour le retrouver vivant le troisième jour, puis son départ vers la maison du Père au jour de l’Ascension, pour recevoir le don de l’Esprit au jour de la Pentecôte.

«Je m’en vais vous préparer une place auprès de moi.»

Demeurer auprès de Celui que nous aimons, est-ce notre désir le plus profond?

Sœur Véronique | Vendredi 5 mai 2023

Jn 14, 1-12

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
    « Que votre cœur ne soit pas bouleversé :
vous croyez en Dieu,
croyez aussi en moi.
    Dans la maison de mon Père,
il y a de nombreuses demeures ;
sinon, vous aurais-je dit :
‘Je pars vous préparer une place’ ?
    Quand je serai parti vous préparer une place,
je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi,
afin que là où je suis,
vous soyez, vous aussi.
    Pour aller où je vais,
vous savez le chemin. »
    Thomas lui dit :
« Seigneur, nous ne savons pas où tu vas.
Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
    Jésus lui répond :
« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ;
personne ne va vers le Père sans passer par moi.
    Puisque vous me connaissez,
vous connaîtrez aussi mon Père.
Dès maintenant vous le connaissez,
et vous l’avez vu. »
    Philippe lui dit :
« Seigneur, montre-nous le Père ;
cela nous suffit. »
    Jésus lui répond :
« Il y a si longtemps que je suis avec vous,
et tu ne me connais pas, Philippe !
Celui qui m’a vu
a vu le Père.
Comment peux-tu dire : ›Montre-nous le Père’ ?
    Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père
et que le Père est en moi !
Les paroles que je vous dis,
je ne les dis pas de moi-même ;
le Père qui demeure en moi
fait ses propres œuvres.
    Croyez-moi :
je suis dans le Père,
et le Père est en moi ;
si vous ne me croyez pas,
croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.
    Amen, amen, je vous le dis :
celui qui croit en moi
fera les œuvres que je fais.
Il en fera même de plus grandes,
parce que je pars vers le Père »