Marie-Christine Varone

Evangile de dimanche: La dernière prière du Christ

Jn 17, 20-26

Après le discours d’adieu (13-16), Jésus adresse à son Père une longue prière (17,1-26) dont nous méditons ce dimanche la finale. Cette intercession vise d’abord ses disciples actuels, puis, dans notre passage, ses disciples futurs: ceux qui croiront en lui (20). L’abord est difficile: une théologie très élaborée, des procédés littéraires subtils (longues phrases, vocabulaire qui revient, etc.) qui laissent croire à une pensée qui n’évolue pas.

Un comme le Père et le Fils (20-23)

Le souhait du Christ (21) consiste à désirer que ses disciples futurs fassent authentiquement l’expérience de l’unité (soient un), c’est-à-dire de la communion et de l’intimité même (comme) qui l’unit à son Père et réciproquement (toi en moi et moi en toi).

De la sorte les disciples auront leur «lieu» en Dieu même (en nous) et cette unité devrait conduire (afin que) le monde (encore incroyant) à reconnaître le Christ en tant qu’Envoyé du Père (21c).

Les versets 22 et 23 reprennent cette même thématique – c’est dire son importance – qu’ils soient un comme nous – (22), mais avec une insistance (23a) sur cette habitation du Christ dans les disciples (moi en eux) et du Père en Jésus (toi en moi). Participer à cette communion constitue pour le disciple un accomplissement (23b) et tend à (afin que) ce que le monde reconnaisse non seulement que le Christ est l’Envoyé du Père (cf. v.21 et 23b), mais que l’amour du Père pour son Fils (23c) a été manifesté aux disciples (23c).

La dernière volonté du Christ (24-26)

L’arrestation du Christ est proche (18,1ss.); c’est donc sa volonté profonde (je veux) et ultime pour ses disciples (donnés par son Père: 24a) qu’il exprime. Il veut qu’ils partagent définitivement son intimité (là où moi je suis, ceux-là soient aussi avec moi: 24b) et voient sa gloire.

Cette gloire, reçue du Père (22a et 24c), comme un don aimant (24d), de toute éternité (dès avant la fondation du monde), est à comprendre comme la manifestation de la  sainteté de Dieu que les disciples contempleront dans la vie éternelle.

C’est le verbe connaître (5 usages) qui unifie les dernières paroles (25-26) du Christ à son Père. Ce verbe ne parle pas de connaissance cérébrale ou d’un savoir quelconque, mais bien d’intimité.

Subsiste un monde incroyant qui ne s’est pas ouvert au Père (25a), alors qu’il va de soi que le Christ a connu le Père (25b) et qu’à travers lui les disciples (25c) ont, à leur tour, connu le Père qui est à l’origine de l’envoi de son Fils.

Le Christ a proposé aux disciples (26) d’entrer dans la communion avec son Père. Cette révélation, il va la poursuivre (je ferai connaître) pour qu’ils fassent l’expérience de la plénitude de l’amour du Père  (soit en eux).

Une bouleversante intimité

L’amour dont le Père et le Fils s’aiment, au point de n’être qu’un, appelle les disciples – dont nous sommes – à une unité (à ne pas confondre avec une uniformité) qui soit signe pour le monde.

Les divisions qui subsistent entre chrétiens constituent donc un contre-témoignage…

Le vœu profond du Christ que nous soyons un jour pleinement avec lui illumine notre présent, surtout en ses zones obscures, et nous invite à désirer la Rencontre définitive où seul l’amour subsistera.

L’intimité (la connaissance) que vivent le Père et le Fils nous est déjà proposée par le Christ comme actuelle. Il nous y entraîne en vivant en nous cet amour réciproque et nous donne de nous y ouvrir de plus en plus.

Un programme ambitieux, au-delà de nos capacités.

Une grâce donc à demander et à accueillir du Père lui-même.

Marie-Christine Varone |06.05.2016


Jn 17, 20-26

20 Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi.

21 Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.

22 Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN:

23 moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.

24 Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.

25 Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé.

26 Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux.»

 

6 mai 2016 | 17:30
par Marie-Christine Varone
Temps de lecture: env. 3 min.
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