Bernard Miserez

Evangile de dimanche: Des oui et des non pour bâtir le Royaume….

«Vraiment, je vous le déclare, les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu!» C’est sans doute une des phrases les plus choquantes et les plus fortes de l’Évangile. Certes, elle s’adresse aux chefs des prêtres et aux anciens, c’est-à-dire, à l’élite du peuple. Elle leur dit, contrairement à ce qu’ils croient, qu’ils se trouvent dans le Royaume, non pas les premiers, mais les derniers, derrière celles et ceux qui sont au bas de l’échelle sociale, les publicains étiquetés comme pécheurs et les prostituées. Quelle parole décoiffante! Elle renverse le système instauré par l’étroitesse d’une religion sans âme. Quelque part, nos hiérarchies, nos réussites reconnues de nos sociétés ne sont peut-être pas les bonnes, en tout cas pas celles du Royaume de Dieu.

Ces deux fils illustrent l’histoire de nos vies. Nous disons oui sans accomplir ce à quoi notre oui nous engage. Nous disons non et, pris de remords, nous réalisons ce à quoi nous avons renoncé. Ces deux fils, invités à travailler à la vigne du père, ne sont ni l’un, ni l’autre ce qu’ils paraissent, ce qu’ils disent, ce qu’ils font au moment où la parole leur est adressée. L’homme, face à la parole de Dieu, face au monde est toujours plus que ce qu’il paraît; l’homme n’est jamais tout entier dans son intention, dans sa parole, dans son acte du moment présent quels qu’ils soient, quelle que soit leur beauté ou leur laideur. L’homme est toujours plus que son intention, sa parole, son acte.

«L’homme, face à la parole de Dieu, face au monde est toujours plus que ce qu’il paraît»

Voilà une invitation à la prudence, à l’humilité tant vis-à-vis de nous-mêmes que des autres… Voilà ce qui explique la miséricordieuse patience de Dieu vis-à-vis de chacun de nous tout au long de notre vie.

Reste une question. Si mon intention, si ma parole et mes actes ne sont pas déterminants, (du moins définitivement), qu’est-ce qui est important? Qu’est-ce que veut dire travailler à la vigne du Père?

L’important, c’est ce que je deviens en contact avec la parole de Dieu, en faisant ce que je peux sans jamais m’y enfermer d’une manière ou d’une autre. C’est la parole qui est l’essentiel, le cœur de l’Évangile de ce dimanche.

Inlassablement, Dieu comme un Père nous propose le travail à sa vigne comme une invitation à découvrir la gratuité d’une relation de confiance. Travailler à la vigne du Père, c’est entrer dans une alliance toujours à choisir pour rejoindre le Christ dans sa parole d’amour. Sur les chemins du Christ lui-même, nous apprenons à vivre comme lui, dépouillés et serviteurs, pour révéler l’infinie tendresse du Père.

Dans les tempêtes qui secouent durement l’Église, seule la parole du Christ, Seigneur, peut nous ouvrir une route de lumière et d’espérance. Les faux oui et les faux non ont semé le trouble de l’hypocrisie et du mensonge au point de scandaliser les plus petits et les plus faibles. Ils ont entretenu l’irréparable en se servant de privilèges mortifères et dévastateurs. Écouter aujourd’hui l’invitation à travailler à la vigne du Père nous appelle à une confiance renouvelée pour devenir signe de son Royaume.

Bernard Miserez | Vendredi 29 septembre


En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
    « Quel est votre avis ?
Un homme avait deux fils.
Il vint trouver le premier et lui dit :
›Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’
    Celui-ci répondit : ›Je ne veux pas.’
Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
    Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière.
Celui-ci répondit : ›Oui, Seigneur !’
et il n’y alla pas.
    Lequel des deux a fait la volonté du père ? »
Ils lui répondent :
« Le premier. »

Jésus leur dit :
« Amen, je vous le déclare :
les publicains et les prostituées
vous précèdent dans le royaume de Dieu.
    Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice,
et vous n’avez pas cru à sa parole ;
mais les publicains et les prostituées y ont cru.
Tandis que vous, après avoir vu cela,
vous ne vous êtes même pas repentis plus tard
pour croire à sa parole. »

Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ›Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’     Celui-ci répondit : ›Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla | © Bernard Hallet
29 septembre 2023 | 17:00
par Bernard Miserez
Temps de lecture: env. 3 min.
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