Evangile de dimanche: Gloire du grain de blé? Donner vie!

Qui ne rêve de Gloire, de prestige, de succès? Déjà dans la cour de récréation, les enfants s’imaginent grands et forts, victorieux de grands combats. Les saints ne rêvent-ils pas aussi de grands projets? Jésus, dans l’Évangile de ce dimanche, déclare «l’Heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié». La ›gloire’, en hébreu ›kavod’, signifie le poids, la valeur d’un acte ou d’une personne, ce qu’ils valent réellement.

Avant l’Évangile de ce jour, Jésus, qui avait réveillé Lazare, entrait à Jérusalem sur un ânon, signe de douceur. Reconnaissant en lui le Messie attendu, le peuple l’acclamait: «Hosanna! Béni celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël!». En ce moment de liesse, le salut va s’ouvrir à toutes les nations : des Grecs venus adorer Dieu, demandent à voir Jésus ; il leur répond, ainsi qu’aux disciples, et à nous, lecteurs: «l’heure est venue, pour le Fils de l’Homme, d’être glorifié».

«Ce chemin de désappropriation de soi qui donne du fruit, c’est la grandeur d’une vie donnée pour d’autres»

Jésus évoque alors sa gloire d’une manière étonnante «si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit». Quel est donc ce fruit, unique issu de la mort de la graine, qui a une telle valeur…? Ce chemin de désappropriation de soi qui donne du fruit, c’est la grandeur d’une vie donnée pour d’autres, le chemin du grain de blé. Fruit d’un détachement, il est fructification en vie éternelle.

Est-ce facile d’entrer sur ce chemin? Non! Rarement nous est donné à entendre avec tant de force le combat que suppose ce chemin vers le don total. Jean nous plonge au cœur du monologue intérieur de Jésus qui devient dialogue avec son Père.

Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire? «Père, sauve-moi de cette heure»? – Mais non! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci! »Père, glorifie ton nom!»

Cet échange, dans la confiance du Fils tourné vers le Père, lui donne de mesurer l’enjeu de sa présence et de sa vie et d’y acquiescer. Ouvrir le cœur de l’homme à l’amour infini du Père, nous faire passer de nos étroitesses et resserrements à l’infini du cœur de Dieu, c’est cela le salut que Jésus est venu apporter! Et pour cela, il faut que Jésus prenne le chemin du grain de blé  afin que l’on découvre jusqu’où va l’amour de Dieu…

«Ouvrir le cœur de l’homme à l’amour infini du Père, c’est nous faire passer de nos étroitesses à l’infini du cœur de Dieu»

Alors, du ciel vint une voix qui disait: «Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore». L’évangéliste nous donne cet unique lieu de manifestation de Dieu par sa voix, au moment précis où son Fils le prie… L’Heure de la glorification de Jésus est cette Heure tant attendue, vers laquelle tout converge dans le récit de Jean. En Valais, Saint Maurice et ses compagnons ont fait ce même choix de témoignage à la vérité plutôt que de tuer des chrétiens sur l’ordre de l’empereur. Leur témoignage a parlé.

Sœur Nicole Lechanteur | Vendredi 15 mars 2024

Jn 12, 20-33

En ce temps-là,
il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem
pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.
Ils abordèrent Philippe,
qui était de Bethsaïde en Galilée,
et lui firent cette demande :
« Nous voudrions voir Jésus. »
Philippe va le dire à André,
et tous deux vont le dire à Jésus.
Alors Jésus leur déclare :
« L’heure est venue où le Fils de l’homme
doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis :
si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il reste seul ;
mais s’il meurt,
il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie
la perd ;
qui s’en détache en ce monde
la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir,
qu’il me suive ;
et là où moi je suis,
là aussi sera mon serviteur.
Si quelqu’un me sert,
mon Père l’honorera.

Maintenant mon âme est bouleversée.
Que vais-je dire ?
«Père, sauve-moi
de cette heure» ?
– Mais non ! C’est pour cela
que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! »
Alors, du ciel vint une voix qui disait :
« Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l’entendant, la foule qui se tenait là
disait que c’était un coup de tonnerre.
D’autres disaient :
« C’est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit :
« Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix,
mais pour vous.
Maintenant a lieu le jugement de ce monde ;
maintenant le prince de ce monde
va être jeté dehors ;
et moi, quand j’aurai été élevé de terre,
j’attirerai à moi tous les hommes. »
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.