Michel Fontaine

Évangile de dimanche: Heureux es-tu de croire sans avoir vu!

«Moi, je suis comme Thomas, tant que je n’ai pas vu de mes propres yeux, je ne crois pas!». Combien de fois avons-nous entendu cette phrase… Aujourd’hui peut-être, nous nous sentons proche de ce disciple de Jésus!

Visiblement, Thomas a besoin de vivre une expérience personnelle pour croire à ce qui est en train de se passer. Non seulement, il refuse le témoignage de ses compagnons, les disciples, eux qui ont cru et reconnu le Seigneur huit jours plus tôt, mais il va jusqu’à questionner la divinité de Jésus. Il ne peut donc pas partager la joie des Douze.

«C’est parce que Thomas se met à part, que le Christ va amorcer avec lui un chemin de conversion»

Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est parce que Thomas se met à part – «il n’est pas avec eux» – lors de la première rencontre et qu’il doute, que le Christ – et non plus Jésus – va amorcer avec lui un chemin de conversion qui prend naissance précisément dans cette deuxième rencontre avec le Seigneur.

Dans cette Parole, deux interpellations profondes peuvent nous aider à grandir dans notre foi: celle du doute et celle de la «fragilité» de Dieu.

Lorsque le Christ arrive pour la deuxième fois sur le même lieu, il s’adresse aussitôt à Thomas – «avance ton doigt ici…» – comme s’il comprenait ses doutes. Nous pouvons, en effet, nous demander ce que Thomas voulait vérifier en voulant le voir et le toucher. Était-ce pour découvrir comment il est revenu à la vie, autrement dit, retourné à son existence antérieure, celle de tout homme, comme Lazare?

«C’est le doute qui a ouvert à Thomas les yeux de la foi»

Ce moment est essentiel pour lui – mais aussi pour nous –, car nous entrons vraiment dans le cœur du message de la foi: Jésus n’est pas revenu à la vie comme Lazare. Il est le Christ, tué pour nous ressusciter avec Lui. L’enjeu est magistral. Sommes-nous conscients de cela?

Le Christ vient à la rencontre de Thomas pour que son doute lui permette de faire l’expérience de la foi: le doute lui ouvre les yeux de la foi. Il voit devant lui, non plus Jésus mais le Christ et son exclamation va le confirmer: «Mon Seigneur et mon Dieu».

Le chemin que fait Thomas nous ouvre aussi à une autre dimension également impensable, celle de la «fragilité» de Dieu. Oui, Thomas «voyant une chose», les blessures d’un homme, Jésus, en «croit une autre». Ce Jésus est le Christ, le Ressuscité: ses blessures sont celles de son Seigneur et de son Dieu.

«Nous ne pouvons pas comprendre qui est Dieu si nous n’intégrons pas Sa «fragilité».»

Thomas vient de reconnaître en l’homme qu’il a suivi, la grandeur mais aussi la «fragilité» de Dieu. Telle est la plénitude de la foi, car c’est là qu’abonde la grâce. Nous ne pouvons pas comprendre qui est Dieu si nous n’intégrons pas ce paradoxe de sa «fragilité».

Avec Thomas, nous comprenons alors que le Christ rejoint notre humanité dans ses doutes, ses fragilités, ses faiblesses les plus existentiels. Ce n’est pas par son visage qu’il se fait reconnaître, mais par ses blessures et les signes de ses souffrances.

Oser parler de la «fragilité» de Dieu nous aide à reconnaître que toute blessure peut être le lieu d’une renaissance. N’est-ce pas là le sens profond de Pâques? Le Ressuscité est là: Il vient nous rappeler, dans le secret de nos vies: «heureux es-tu, toi qui crois sans avoir vu».

Fr Michel Fontaine OP | Vendredi 5 avril 2024


Jn 20, 19-31

C’était après la mort de Jésus.
Le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés,
ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés,
ils seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas,
appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),
n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient :
« Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara :

« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous,
si je ne mets pas la main dans son côté,
non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard,
les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison,
et Thomas était avec eux.
Jésus vient,
alors que les portes étaient verrouillées,
et il était là au milieu d’eux.
Il dit :
« La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas :
« Avance ton doigt ici, et vois mes mains ;
avance ta main, et mets-la dans mon côté :
cesse d’être incrédule,
sois croyant. »
Alors Thomas lui dit :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit :
« Parce que tu m’as vu, tu crois.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes
que Jésus a faits en présence des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits
pour que vous croyiez
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

«Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu» | Kappel am Albis (ZH), 1305-1340
5 avril 2024 | 17:00
par Michel Fontaine
Temps de lecture: env. 4 min.
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