Bernard Miserez

Évangile de dimanche: l’Aujourd’hui de Dieu

Imaginez une caméra filmant la scène de l’Évangile de ce dimanche. Regardez bien… C’est un gros plan: en pleine synagogue, des détails précis décrivent lentement cet instant où Jésus s’apprête à faire la lecture, se lève, reçoit le Livre, puis proclame un texte du prophète Isaïe. Ensuite, il referme le livre, le rend au servant et va s’asseoir. Arrive enfin le moment extraordinaire où tous ceux qui avaient écouté Jésus avaient les yeux fixés sur lui. C’est le silence, la respiration qui contient l’attente et la curiosité des gens de Nazareth. Que va-t-il se passer ou plutôt que va-t-il dire?

Et Jésus ne fait qu’un court commentaire du texte prophétique: «Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre»

Ah si seulement toutes les homélies étaient aussi courtes. Pourtant, tout est dit dans cette Parole de Jésus. Tout est dit de lui. Tout est dit de sa mission. D’ailleurs, à partir de ce moment-là, les auditeurs de la scène se diviseront. Il y aura ceux qui accueilleront cette Parole et verront en Jésus Celui qui doit venir de la part de Dieu. D’autres soupçonneront chez le fils de Joseph, charpentier du village, une prétention bien mal intentionnée. C’est dire, une fois de plus, combien l’étonnement est une porte privilégiée pour entrer dans la foi.

Le plus étonnant, c’est sans doute, le texte que Jésus va lire. Il est questions des pauvres, des exclus, des prisonniers, des infirmes et des opprimés. Autrement dit, de celles et de ceux qui, trop souvent, sont en marge dans nos communautés. Cette attention aux pauvres n’est donc pas une option. Elle est le cœur de la mission du Christ que l’Église est chargée d’annoncer et de vivre. Seulement, un problème demeure. Qui sont ces pauvres dont parle Jésus? Où les trouve-t-on aujourd’hui? Certes, le monde donne à voir la souffrance de tant de sœurs et de frères. Des femmes, des hommes blessés, opprimés, il y en a partout et même autour de nous. Nous pourrions être amenés à croire que nous ne sommes pas concernés par cette litanie de misères.

«En accueillant aujourd’hui la Parole de Jésus, tout s’ouvre devant nous, non pas comme un miracle, mais comme un surcroît de vie.»

Or, voilà que Jésus, ce jour-là, au début de sa mission, révèle en quoi consiste le salut. Avec la force de l’Esprit-Saint, Jésus va réhabiliter l’Homme dans l’Aujourd’hui de Dieu. La situation de ces blessés que décrit le prophète Isaïe évoque chacune et chacun de nous. Elle nous suggère à reconnaître en nous la part cachée, enfouie peut-être, qui entrave le bonheur et la liberté auxquels Dieu ne cesse de nous appeler. Nos enfermements, nos paralysies, nos angoisses et nos peurs, nos blocages sont les lieux de nos vies fragiles que Jésus veut libérer.

Dans son bref commentaire, Jésus affirme que c’est aujourd’hui le moment et le temps favorable pour cette libération. En accueillant aujourd’hui la Parole de Jésus, tout s’ouvre devant nous, non pas comme un miracle, mais comme un surcroît de vie. Si la mission de Jésus consiste à libérer les femmes et les hommes blessés, il nous revient, à nous disciples, d’accomplir cette mission. Libérer les frères et les sœurs du fardeau écrasant et mortifère aujourd’hui nous renvoie à la joie de vivre l’Évangile.

Bernard Miserez | Vendredi 21 janvier 2021


Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21

En ce temps-là,
lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit,
revint en Galilée,
sa renommée se répandit dans toute la région.
    Il enseignait dans les synagogues,
et tout le monde faisait son éloge.
Il vint à Nazareth, où il avait été élevé.
Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat,
et il se leva pour faire la lecture.
    On lui remit le livre du prophète Isaïe.
Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
    L’Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération,
et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue,
remettre en liberté les opprimés,
    annoncer une année favorable
accordée par le Seigneur.

    Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit.
Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
    Alors il se mit à leur dire :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre »

Jésus à la synagogue – détail | © Berna Lopez, www.evangile-et-peinture.org
21 janvier 2022 | 17:27
par Bernard Miserez
Temps de lecture: env. 3 min.
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