Sœur Véronique

Evangile de dimanche: Le talent de l’amour

«Jésus parlait à ses disciples de sa venue…» Ainsi commence l’évangile de ce dimanche. Mais en réalité, il s’agit plutôt de l’attente de sa venue, de notre attente, de notre façon d’attendre. Qu’est-ce qui doit remplir notre vie, habiter notre cœur dans l’attente de la venue du Seigneur?

Une fois de plus, Jésus recourt à une parabole pour rejoindre ses auditeurs. Il parle d’un homme qui part en voyage et confie sa fortune à ses serviteurs. Quel acte de confiance! Mais il donne cinq ou deux ou un talent à chacun. Bien vite nous soupçonnons cette inégalité de favoritisme voire même d’injustice. Mais le texte précise: à chacun selon ses capacités. Cela sous-entend que le maître connait ses serviteurs comme il nous connaît nous aussi. Il nous donne à notre mesure parce qu’il n’attend de nous que ce que nous pouvons donner. Invitation à toujours chercher à mieux nous connaître nous-mêmes.

A son retour, le maître demande des comptes.

Soyons attentifs aux mots. Les deux premiers tiennent le même discours«Seigneur tu m’as confié…» tous deux ont conscience de n’être que des gérants, ils ne sont propriétaires de rien.

Remarquons que le troisième qui sera blâmé de n’avoir pas fait fructifier le talent, attendait cependant le retour de son maître, il ne s’est pas endormi. Mais cette attente était vécue dans l’inquiétude et la crainte. Il ne réussit pas à vaincre sa peur et se pose plein de questions: si je n’arrive pas à gérer cet argent? si mes opérations tournent mal, de sorte que je ne puisse pas rendre la totalité de la somme confiée? alors la conclusion s’impose: enterrer cette fortune apparaît comme le plus prudent. J’ai eu peur, avoue-t-il.

«Soyons certains que le Seigneur confie au moins un talent à chacun, chacune d’entre nous, celui de son amour.»

En opposition, le texte ne dit rien des pensées et des réflexions des deux autres après le départ du maître. Ils se mettent simplement au travail, sans plus de préoccupations: «Aussitôt celui qui avait reçu cinq talents s’occupa de les faire fructifier.»

La peur n’est jamais bonne conseillère. Le troisième serviteur projette sa peur sur l’image qu’il se fait de son maître: il imagine un maître qui le juge sévèrement. «Je savais que tu es un homme dur.» Mais ce n’est pas vrai. Plus haut dans l’évangile de Matthieu, Jésus affirme qu’il est doux et humble de cœur. Ici le manque de confiance rompt la relation d’amour. Au lieu de devenir acteur de la relation, en accueillant le talent et en le faisant fructifier, le serviteur se place en spectateur inactif et craintif des préparatifs du Royaume. Ainsi il détruit la relation aimante avec son Seigneur qui n’est pour lui qu’un maître exigeant. Thérèse de Lisieux nous rappelle que c’est la confiance et rien que la confiance qui conduit à l’amour!

Soyons certains que le Seigneur confie au moins un talent à chacun, chacune d’entre nous, celui de son amour.

Allons-nous l’enterrer frileusement ou le faire porter du fruit? Ne décevons pas sa confiance et travaillons joyeusement et activement à préparer sa venue. Il y a tant d’appels, tant de cris audibles ou silencieux, tant de détresses qui attendent et espèrent notre engagement courageux et aimant.

Quand il reviendra de voyage, puisse le maître nous dire: «Très bien, serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître.»

Sœur Véronique | Vendredi 17 novembre 2023


Mt 25, 14-30

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples cette parabole :
    « C’est comme un homme qui partait en voyage :
il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
    À l’un il remit une somme de cinq talents,
à un autre deux talents,
au troisième un seul talent,
à chacun selon ses capacités.
Puis il partit.

Aussitôt,  celui qui avait reçu les cinq talents
s’en alla pour les faire valoir
et en gagna cinq autres.
    De même, celui qui avait reçu deux talents
en gagna deux autres.
    Mais celui qui n’en avait reçu qu’un
alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.

    Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint
et il leur demanda des comptes.
    Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha,
présenta cinq autres talents
et dit :
‘Seigneur,
tu m’as confié cinq talents ;
voilà, j’en ai gagné cinq autres.’
    Son maître lui déclara :
‘Très bien, serviteur bon et fidèle,
tu as été fidèle pour peu de choses,
je t’en confierai beaucoup ;
entre dans la joie de ton seigneur.’
    Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi
et dit :
‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ;
voilà, j’en ai gagné deux autres.’
    Son maître lui déclara :
‘rès bien, serviteur bon et fidèle,
tu as été fidèle pour peu de choses,
je t’en confierai beaucoup ;
entre dans la joie de ton seigneur.’

    Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi
et dit :
‘Seigneur,
je savais que tu es un homme dur :
tu moissonnes là où tu n’as pas semé,
tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain.
    J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre.
Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’
    Son maître lui répliqua :
‘Serviteur mauvais et paresseux,
tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé,
que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu.
    Alors, il fallait placer mon argent à la banque ;
et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.
    Enlevez-lui donc son talent
et donnez-le à celui qui en a dix.
    À celui qui a, on donnera encore,
et il sera dans l’abondance ;
mais celui qui n’a rien
se verra enlever même ce qu’il a.
    Quant à ce serviteur bon à rien,
jetez-le dans les ténèbres extérieures ;
là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ »

À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités | Domaine public
17 novembre 2023 | 16:49
par Sœur Véronique
Temps de lecture: env. 4 min.
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