Sœur Marie-Paule

Évangile de Dimanche: Le trépan de la prière

Voilà donc septante-deux disciples lancés, sans qu’ils s’en doutent, à la conquête du monde. On sent passer ici quelque chose du dynamisme conquérant de la prédication chrétienne soulevée par le vent de la Pentecôte : comme si l’élément le plus stable du christianisme était l’ordre de ne s’arrêter jamais, d’aller toujours de l’avant.

« Allez plus loin !», répondait un pape à un évêque missionnaire qui lui demandait comment développer son diocèse. L’Église n’est encore que cette partie de l’humanité où le Christ commence à trouver son visage : restent alors les autres, qu’il faut gagner.

«Est-ce que je reflète vraiment le visage du Christ?»

Mais des questions me taraudent : « Est-ce que je reflète vraiment le visage du Christ ? » « La mission est-elle toujours au loin, géographiquement ? Ne commence-t-elle pas ici, dans mon cœur à peine évangélisé ? » Tellement de friches y subsistent !

Toutefois, le but du ministère apostolique consiste, non à chercher son propre succès, mais à préparer les hommes à la rencontre personnelle du Christ.

«La prière est liée à l’activité missionnaire…»

Le missionnaire en est seulement le précurseur : c’est pour Lui qu’il peine, c’est Lui qu’il presse les hommes d’accueillir, c’est Lui encore qu’il doit laisser transparaître. Tâche primordiale pour laquelle Dieu a besoin des hommes et qu’il dirige cependant.

On comprend alors combien la prière est liée à l’activité missionnaire. Dans celle-ci, il y a un au-delà qui est l’action même de Dieu, dépassant et surélevant l’apostolat.

«Prier… c’est enfoncer le trépan dans les profondeurs de l’humanité, pour en faire jaillir le Christ»

Prier, c’est en appeler à « la puissance infinie que Dieu déploie pour nous, les croyants » (Ep 1.19) ; c’est enfoncer le trépan dans les profondeurs de l’humanité, pour en faire jaillir le Christ.

Car on prie pour attendre d’un plus grand ce qu’on sait ne pouvoir décrocher soi-même. « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux » dit Jésus.

Nous, nous dirions : c’est qu’il faut travailler deux fois plus, mais le Seigneur conclut : « Priez donc le maître de la moisson ». A lui seul, ce donc suffirait à nous enraciner dans la prière et la parole de Jésus ; sa vie, ses nuits d’oraison après ses journées d’action en sont le commentaire vivant.

Sœur Marie-Paule Mermoud | Vendredi 4 juillet 2025


Lc 10, 1-12.17-20

En ce temps-là,
parmi les disciples,
    le Seigneur en désigna encore 72,
et il les envoya deux par deux, en avant de lui,
en toute ville et localité
où lui-même allait se rendre.
    Il leur dit :
« La moisson est abondante,
mais les ouvriers sont peu nombreux.
Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.
    Allez ! Voici que je vous envoie
comme des agneaux au milieu des loups.
    Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales,
et ne saluez personne en chemin.
    Mais dans toute maison où vous entrerez,
dites d’abord :
›Paix à cette maison.’
    S’il y a là un ami de la paix,
votre paix ira reposer sur lui ;
sinon, elle reviendra sur vous.
    Restez dans cette maison,
mangeant et buvant ce que l’on vous sert ;
car l’ouvrier mérite son salaire.
Ne passez pas de maison en maison.
    Dans toute ville où vous entrerez
et où vous serez accueillis,
mangez ce qui vous est présenté.
    Guérissez les malades qui s’y trouvent
et dites-leur :
›Le règne de Dieu s’est approché de vous.’ »
    Mais dans toute ville où vous entrerez
et où vous ne serez pas accueillis,
allez sur les places et dites :
    ›Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds,
nous l’enlevons pour vous la laisser.
Toutefois, sachez-le :
le règne de Dieu s’est approché.’
    Je vous le déclare :
au dernier jour,
Sodome sera mieux traitée que cette ville. »

    Les 72 disciples revinrent tout joyeux,
en disant :
« Seigneur, même les démons
nous sont soumis en ton nom. »
    Jésus leur dit :
« Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair.
    Voici que je vous ai donné le pouvoir
d’écraser serpents et scorpions,
et sur toute la puissance de l’Ennemi :
absolument rien ne pourra vous nuire.
    Toutefois, ne vous réjouissez pas
parce que les esprits vous sont soumis ;
mais réjouissez-vous
parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

Tout baptisé est envoyé. Plus seulement en stage, mais bien en mission, à la suite du Christ et des 72 | © Pierre Pistoletti
4 juillet 2025 | 17:00
par Sœur Marie-Paule
Temps de lecture : env. 3  min.
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