Evangile de dimanche: marche à l’étoile
Trois princes couronnés. Trois hommes de tous âges : le vieux, le jeune, le moins jeune ou le moins vieux. Trois rois venus des quatre vents : le noir, le jaune et le blanc. Comme les fils de Noé: Sem qui prend son bain dans le Gange, Japhet qui boit l’eau du Rhin et Cham qui descend le Nil sur sa felouque. Trois grands de ce monde obligés de courber la tête pour pénétrer dans la maison où se trouvent la mère et l’enfant. Et de décharger leurs dromadaires, mettre à bas ces pesants cadeaux dont ils n’ont que faire, si ce n’est pour amuser l’enfant.
Que recevront-ils en échange? Que peut-on leur offrir qu’ils n’aient déjà? Fallait-il obéir à cette mystérieuse étoile, la suivre, faire ce long et imprévisible voyage pour honorer ce Petit Prince, qui n’habite même pas le palais d’Hérode, mais vit reclus dans quelque grotte proche de Bethléem? Coureurs d’aventures, pêcheurs de mirages, ces rois n’étaient-ils pas heureux chez eux? En Melchiorie, en Gasparie, en Balthazarie? Que leur manquait-il? Pourquoi sont-ils partis?
Vous vous étonnez que je transforme en légende ou parabole une si belle page d’évangile? Mais qui oserait prétendre que les légendes et paraboles soient dénuées de toute vérité? Ce qui est certain c’est que cette histoire composée par Matthieu fourmille de vérités, enveloppées, il est vrai, dans un emballage cadeau que notre évangéliste, tel un bon scribe, puise dans les coffres de sa vieille Bible. Il serait regrettable que nous n’en fassions pas notre profit. Voyons un peu.
L’important est de repartir, suivre à nouveau son étoile qui luit au fond de notre nuit.
Tout homme et toute femme vient au monde avec une faille dans son cœur. Nous cherchons tous un bonheur qui pourrait combler ce vide, étancher cette soif. Dieu seul est assez riche pour nous satisfaire. Mais le chemin qui nous y conduit, comme celui des mages, n’a rien d’une autoroute droite, sans contours ni détours. Une étoile a beau nous indiquer la direction. Il arrive que l’on se fourvoie chez Hérode, séduits par ses palais, son argent, sa puissance, trompés par sa cruelle fourberie.
L’important est de repartir, suivre à nouveau son étoile qui luit au fond de notre nuit. Il se pourrait alors que l’on arrive au but, que l’on trouve enfin ce que l’on cherchait depuis si longtemps. Non pas un Dieu comme on l’avait d’abord imaginé, mais tout petit, dérisoire, pauvre parmi les pauvres. «Un peu de paille est sa couchette», comme nous le chantions le jour de Noël.
Puis ravis de cette surprenante découverte, il faut rebrousser chemin, rentrer chez nous, mais en empruntant un autre itinéraire. Convertis, si ce mot ne vous fait pas trop peur. C’est-à-dire, en évitant sur la route du retour les Hérode qui une fois de plus retarderaient notre marche. Puis, contents de retrouver les nôtres, leur faire connaître la « bonne nouvelle » : Dieu est avec nous et ne nous quitte plus.
Guy Musy | 06.01.2017
Mt 2, 1-12
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