Sœur Véronique

Evangile de dimanche: M’établir en Vous!

Que de fêtes chrétiennes se succèdent au cours du printemps! C’est un peu comme si Pâques, si la Résurrection du Christ avait libéré toute une cascade d’événements joyeux, de révélations à connaître, de paroles à approfondir: Ascension, Pentecôte, bientôt la Fête-Dieu (fête du Corps et du Sang du Christ) et en ce dimanche, la Trinité.

Remarquons que nous ne célébrons ni des idées, ni des impressions, ni des sentiments; nous ne fêtons ni l’amour, ni la justice, ni la fraternité, ni l’espérance… L’Église fête des événements, des faits, des récits, des paroles circonstanciées.

Ainsi en est-il de la Trinité, même si pour bien des baptisés, ce terme paraît nébuleux, abstrait, un peu barbare. Certes, ce n’est pas un mot habituel, utilisé couramment; il demande un petit effort de réflexion afin de saisir que la Trinité présente Dieu comme Père, Fils et Saint-Esprit. Il est en même temps Père, Fils et Esprit. Il est un et il est trois. Voilà le mystère de la Trinité.

Le Fils, Jésus, nous est familier. Il est Dieu fait homme, Dieu avec un visage d’homme. Les évangiles nous le font connaître dans ses actions et par sa Parole.

Et plus nous le fréquentons, plus nous découvrons à quel point il est proche du Père. Quand il se retire dans la montagne, quand il passe la nuit à prier, c’est pour rencontrer Dieu son Père dans une grande intimité. «Le Père et moi nous sommes un, dira-t-il, mais aussi, Nul ne connait le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler.» C’est donc toujours en regardant, en écoutant Jésus que nous apprenons à connaître Dieu, à accueillir son vrai visage de Père.

«Au long de son histoire, l’Église a toujours prié au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ils ne font qu’un en nos cœurs, que cela se voie dans notre vie!»

 Ce Père a «envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que par lui, le monde soit sauvé. Il a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique.»

Mesurons-nous cette folie d’amour!

Donner son Fils pour sauver le monde! La position du Père comme celle de Jésus vis-à-vis du monde est favorable, bienveillante. Si Jésus est venu pour le sauver, c’est qu’il s’engage en sa faveur. Cela en dit long sur ce Fils et son Père. La tâche que Jésus accomplit et par laquelle il sauve le monde est de le délivrer du péché. Le jugement ne fait pas partie du projet de Dieu. Le pensons-nous vraiment? Le savons-nous assez?

Nous venons de célébrer la Pentecôte et nous avons vu l’Esprit faire irruption dans le cœur des disciples. Cet Esprit leur a donné la force de sortir de leurs peurs et de proclamer l’évangile avec hardiesse. C’est la naissance de l’Église. Le temps de l’Église est le temps de l’Esprit.

Jésus l’avait annoncé: je pars vers mon Père, mais je vous enverrai l’Esprit. Il est donc en nous, au plus intime de nous-mêmes, comme un ferment qui travaille une pâte, comme un souffle qu’on ne peut contenir, comme un feu qui réchauffe, brûle et éclaire. Il suffit de l’appeler et de nous ouvrir à son action.

Au long de son histoire, l’Église a toujours prié au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ils ne font qu’un en nos cœurs, que cela se voie dans notre vie!

Et comment ne pas évoquer ici au moins le début de la célèbre prière de sainte Elisabeth de la Trinité, carmélite: «Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l’éternité. Que rien ne puisse troubler ma paix, ni me faire sortir de vous, ô mon Immuable.»

Sœur Véronique | Vendredi 2 juin 2023


Jn 3, 16-18

Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais obtienne la vie éternelle.
    Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
    Celui qui croit en lui échappe au Jugement ;
celui qui ne croit pas est déjà jugé,
du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

La représentation de Dieu-Trinité, de Gino Severini, dans l'église de Semsales (FR) | © Bernard Litzler
2 juin 2023 | 17:00
par Sœur Véronique
Temps de lecture: env. 3 min.
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