Jean-Michel Poffet

Evangile de dimanche: regarder le serpent!

Décidément la Bible est étrange. Quand on croit comprendre, voilà qu’on n’y comprend plus rien. Le serpent: n’avez-vous pas quelque souvenir du récit de la Genèse? Le serpent susurre le doute dans le cœur d’Adam et Ève: Dieu ne veut pas la vie des hommes, il est jaloux de leur bonheur, il faut s’en libérer. On connaît la suite… Le serpent, c’est l’ennemi de Dieu numéro un. Celui que l’Apocalypse nomme le Dragon, l’antique Serpent, le Diable ou le Satan, le séducteur du monde entier.
S’il en est réduit à ramper dans la poussière, c’est qu’un divin courroux a dû le priver de ses pattes! Pour le voyageur à travers caillasse et déserts, souvent à pied et en sandales, le serpent représentait un danger mortel. Or voilà que Jésus met en regard sa destinée avec celle d’un serpent! Regardons-y de plus près.

Tu veux vivre ou revivre? Regarde ce serpent.

Le «docteur» Nicodème était futé en théologie, et pourtant il butait sur le langage de Jésus. Venu le trouver de nuit…, il s’entend proposer de renaître! Décidément, lui non plus n’y comprenait que goutte. Pour l’aider, Jésus lui propose de regarder un serpent! Oui, ce serpent signe de l’Adversaire, du démon, icône de tous les dangers. Jésus sait ce qu’il fait, il renvoie le lettré Nicodème à ses chères études, plus précisément à une scène de l’Ancien Testament: au désert, Moïse avait été invité par Dieu à dresser un serpent de bronze sur un bâton. Si quelqu’un était mordu et regardait ce serpent, il était guéri. Tu veux vivre ou revivre? Regarde ce serpent. Affronte avec courage ce qui te tue, et tu seras libéré: bien des psychologues aujourd’hui ne diraient pas autre chose.

Par conséquent, regardons bien la croix où Jésus a été «élevé» comme le serpent au désert. C’est un signe de violence: celle des bourreaux, celle des autorités politiques et religieuses qui ont livré Jésus, celle des lâches aussi: tous ou presque l’ont abandonné. La croix nous dit la violence du monde, notre violence, notre lâcheté. Mais depuis la résurrection de Jésus, cette même croix devient signe de gloire, de pardon et d’amour. L’arbre qui donnait la mort est maintenant l’arbre de vie. Le Serpent, père du mensonge, habile à détourner les hommes de la vie, n’a pas gagné la partie. Le Fils de l’Homme élevé sur la croix comme le serpent de bronze de Moïse, est devenu signe pascal de victoire. Regardons-le bien et demandons-lui l’humilité et le courage de venir à la Lumière et d’être des vivants…

Jean-Michel Poffet | 9 mars 2018


Jn 3, 14-21

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :
« De même que le serpent de bronze
fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement,
celui qui ne croit pas est déjà jugé,
du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici :
la lumière est venue dans le monde,
et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière,
parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière :
il ne vient pas à la lumière,
de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;
mais celui qui fait la vérité vient à la lumière,
pour qu’il soit manifeste
que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

Sculpture représentant le serpent d'Airain que Dieu ordonna à Moïse de construire, mont Nebo, Jordanie. | Flickr/I. Owais/CC BY-SA 2.0
9 mars 2018 | 17:30
par Jean-Michel Poffet
Temps de lecture: env. 3 min.
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