Jeanne-Marie Ambly

Evangile de dimanche: que s’ouvrent les portes verrouillées

L’évangile de la fête de Pentecôte nous transporte au soir du premier jour de la semaine, soir de Pâques. C’est que déjà, derrière les portes verrouillées par crainte des Juifs, germe le mystère de la Pentecôte qui se déploiera cinquante jours plus tard et que nous célébrons ce dimanche.

Ces portes non seulement fermées mais verrouillées disent la volonté de se protéger de ce qui pourrait venir de l’extérieur, mais aussi celle de ne pas aller vers cet extérieur. On verrouille sa porte, le soir, quand on sait que l’on n’aura plus à sortir. Plus que les portes ce sont les cœurs et les esprits qui sont verrouillés par la peur, qui enferme et inhibe.

Dans la pièce barricadée, « Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. » Douce et réconfortante présence. Dans les cœurs craintifs, paix et joie. Fruits du passage de Jésus par la souffrance et la mort: il faut qu’il montre à ses disciples les traces de sa Passion, ses mains et son côté, pour que ceux-ci soient « remplis de joie ».

Cette présence de Jésus qui se joue des enfermements serait-elle invitation à reconstituer autour de lui le groupe rassurant des proches? A se retrouver entre soi, forts de la présence du Maître, pour échapper à l’extérieur inquiétant? Loin de là! Si Jésus apparaît à l’intérieur, c’est pour envoyer à l’extérieur. S’il donne sa paix à ses disciples, ce n’est pas pour qu’ils s’y installent confortablement mais pour qu’ils la portent aux quatre coins du monde. Aussitôt cette paix par deux fois offerte, Jésus dit à ses disciples: « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». La paix qui vient de lui n’est pas une réalité statique mais dynamique, non pas eau stagnante mais fleuve. Jaillissant du côté ouvert du Seigneur, comme le torrent décrit par Ezéchiel du côté du Temple, elle est destinée à atteindre les extrémités de la terre pour les féconder et les vivifier.

Le récit se conclut par un geste de Jésus accompagné d’une dernière parole: « Jésus souffla sur eux et leur dit ›Recevez l’Esprit Saint…’ ». C’est déjà le grand vent de Pentecôte qui se lève pour que s’ouvrent portes et cœurs, que soit proclamée la rémission des péchés et les merveilles de Dieu annoncées en toutes langues.

Jeanne-Marie d’Ambly | 2 juin 2017


Jean 20, 19-23

C’était après la mort de Jésus ;
le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

«La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.». Jn 19, 21. Vitrail de l'Abbaye de Bath, Angleterre.
2 juin 2017 | 17:30
par Jeanne-Marie Ambly
Temps de lecture: env. 2 min.
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