Claude Ducarroz

Evangile de dimanche: le succès d’un prophète désagréable

Re-voilà Jean-Baptiste!

Après le récit des origines du Christ (généalogie et naissance), l’évangéliste Matthieu nous transporte aussitôt dans une région désertique de Judée, là où Jean prêche et baptise. Des reporters people se contenteraient sans doute de raconter quelques anecdotes exotiques. Ce prophète portait un vêtement de poil de chameau et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Bon appétit!

Sous son accoutrement hippie et après son pique-nique peu ragoûtant, l’homme mérite beaucoup mieux que quelques photos chocs.

Nous sommes dans un contexte d’attente messianique. Jean le rappelle en citant la parole du prophète Isaïe: «Préparez le chemin du Seigneur…». N’est-ce pas ce qu’il fait lui-même par ses prédications enflammées? Oui, mais attention à l’erreur sur la personne! Il ne s’agit pas de le prendre, lui, pour le Messie qu’il annonce. Il ouvre des chemins pour un autre, celui qui vient après lui, celui dont il n’est pas digne de lui retirer ses sandales.

«Plus que jamais, notre humanité a besoin de Jean-Baptiste.»

Cette humilité ne l’empêche pas d’avoir grand succès. De partout, les juifs accourent vers lui. Et pourtant il ne craint pas de leur asséner des vérités désagréables (»engeance de vipères»), tout en leur intimant une cure d’âme très radicale (»produisez un fruit digne de la conversion»). Plus encore, il menace: «Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits va être jeté au feu». Il ne sert à rien de répéter: «Nous avons Abraham pour père».

Comment expliquer cette performance paradoxale? Par le courage d’une parole vraie. Par la proposition d’un changement en profondeur. Et surtout par l’abnégation de sa personne qui rend son message crédible. Jean ne travaille pas pour lui. Il est pleinement serviteur du Messie à venir. Il n’est que précurseur, lui qui souhaitera bientôt: «Il faut que le Christ grandisse, et que moi je diminue». (Jn 3,30.) On sait jusqu’où l’a conduit cette diminution!

Plus que jamais, notre humanité a besoin de Jean-Baptiste. Dans l’Eglise, mais aussi dans la société.

Oui, des personnes –hommes et femmes- qui aient la bravoure de paroles claires, qui proclament des messages crédibles par l’engagement généreux de leur vie, qui  n’oeuvrent pas pour leur gloire mais se recommandent par le désintéressement de leur action. En somme: des transparents de l’Evangile en actes.

On vient de me le répéter: «Le pape François, c’est vraiment quelqu’un qui fait ce qu’il dit. C’est pour cela qu’on l’aime et qu’on a envie de le suivre.»

Sur la route de l’Avent, qui ne mène pas au Vatican, mais conduit à Jésus-Christ.

Evidemment!

Claude Ducarroz | 02.12.2016


Matthieu 3, 1-12.

En ces jours-là,

paraît Jean le Baptiste,
qui proclame dans le désert de Judée :
« Convertissez-vous,
car le royaume des Cieux est tout proche. »
Jean est celui que désignait la parole
prononcée par le prophète Isaïe :
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.

Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau,
et une ceinture de cuir autour des reins ;
il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage.
Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain
se rendaient auprès de lui,
et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain
en reconnaissant leurs péchés.
Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens
se présenter à son baptême,
il leur dit :
« Engeance de vipères !
Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
Produisez donc un fruit digne de la conversion.
N’allez pas dire en vous-mêmes :
›Nous avons Abraham pour père’ ;
car, je vous le dis :
des pierres que voici,
Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres :
tout arbre qui ne produit pas de bons fruits
va être coupé et jeté au feu.
Moi, je vous baptise dans l’eau,
en vue de la conversion.
Mais celui qui vient derrière moi
est plus fort que moi,
et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient dans sa main la pelle à vanner,
il va nettoyer son aire à battre le blé,
et il amassera son grain dans le grenier ;
quant à la paille,
il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

Jean le rappelle en citant la parole du prophète Isaïe: «Préparez le chemin du Seigneur…».
2 décembre 2016 | 17:30
par Claude Ducarroz
Temps de lecture: env. 3 min.
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