Claude Ducarroz

Evangile du dimanche: Une sacrée différence

Il y a bien des manières de classer les humains. Attention ! J’ai dit classer, et non pas juger, encore moins condamner.

L’évangile de ce dimanche met aux prises deux catégories de juifs, les contemporains de Jésus. Il y a les Saducéens, qui ne croient pas à la résurrection des morts, et les Scribes pharisiens, qui y croient.

Et Jésus prend position: Dieu étant le Dieu des vivants (v. 38), celui qui donne la vie sans regretter son cadeau, les humains sont promis à la résurrection. Mieux encore: parce qu’ils sont enfants de ce Dieu-là, ils peuvent se considérer vraiment «fils et filles de la résurrection» (v. 36).

On pourrait en rester là, à savoir brasser sans fin cette querelle théologique fort théorique autour de l’après-mort. Et spéculer sur la condition des ressuscités dans le Royaume de Dieu. Pourront-ils se marier (v. 33) ? Seront-ils de vrais humains ou plutôt des anges (v. 36) ? On peut allonger la liste des questions de curiosité. Certains ne vont-ils pas jusqu’à se demander si l’on retrouvera là-haut Milou ou Minet ?

L’évènement décisif qui donne la réponse définitive a surgi le matin de Pâques. Là, tout s’est éclairé, du moins pour ceux qui veulent bien croire à cette bonne nouvelle. C’est plus qu’un message, mieux qu’une vague promesse de résurrection. C’est un ressuscité, en chair et en os, même s’il entre évidemment dans une condition nouvelle, propre au Royaume des cieux.

Je mesure l’étonnement qu’une telle présence –un mort qui est ressuscité- peut susciter, même parmi des humains plutôt religieux. Je peux comprendre que certains ne puissent pas faire le pas de la foi devant un fait aussi inimaginable. N’empêche que, si cela  est vrai, le buzz de la résurrection de Jésus provoque une sacrée différence entre les gens. Même si nous avons tous, peu ou prou, quelques velléités d’immortalité, croire que la mort a été vraiment vaincue et que nous sommes promis ferme à la résurrection: voilà qui change la donne de la destinée humaine. Pour l’après-mort, mais aussi pour cette vie.

Heureusement –grâce à Dieu !-, on peut mener une existence profondément humaine en n’ayant pour seule perspective que ce bas monde, si l’on ose parler ainsi. Mais quelle différence de vision, sur la vie et sur la mort, si l’on croit que nous sommes placés dès le départ sur orbite d’éternité ! La résurrection fait éclater notre temps limité à ces deux dates fatidiques, la naissance et la mort. Elle nous assure que nous sommes attendus par la Vie, et même par le Vivant, après la mort. Elle confère une dimension infinie aux péripéties de notre maigre aventure terrestre. Elle assure ceux et celles qui donnent la vie à des enfants, qu’ils ne multiplient pas des condamnés à mort, mais allument des étoiles dans le ciel, qui ne s’éteindront jamais.

Par nous-mêmes, nous ne pouvons pas donner chair à toutes nos espérances humaines, mais nous pouvons accueillir la promesse pascale en nous laissant aimer jusque là par l’Amour même: être des enfants de la résurrection, les compagnons du Ressuscité, qui vivront par lui.

Claude Ducarroz


Lc 20, 27-38

27 Quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus
28 et l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a prescrit : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère.
29 Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ;
30 de même le deuxième,
31 puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants.
32 Finalement la femme mourut aussi.
33 Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »
34 Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari.
35 Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari,
36 car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection.
37 Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.
38 Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »
Dieu est le Dieu des vivants
5 novembre 2016 | 09:03
par Claude Ducarroz
Temps de lecture: env. 3 min.
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