Faces de carême

Aujourd’hui commence le carême. Un temps de pénitence et de préparation à Pâques. Un temps de recul, un temps pour davantage d’intériorité. Voilà pour la théorie. La pratique du peuple de Dieu, elle, diffère des lignes tracées par l’Eglise, notamment dans nos pays. Jeûne? Privations? Désert? Ces notions heurtent les slogans constants d’une société vouée à la consommation. Des notions si différentes qu’elles en deviennent incompréhensibles.

Curieusement, les médias s’intéressent davantage au ramadan des musulmans. Quels médias diront aujourd’hui, 18 février, que les chrétiens commencent leur marche vers Pâques? Par contre, le 17 ou 18 juin prochain, le début du ramadan bénéficiera d’une couverture médiatique sans proportion avec la présence musulmane dans nos pays. Le carême est-il devenu si insignifiant qu’il a disparu de nos mœurs?

Le carême est rappel. Rappel de notre finitude: «Tu es poussière et tu retourneras en poussière», est-il rappelé aux fidèles recevant les cendres sur le front, ce mercredi. Rappel du besoin de la prière: «Quand tu pries, retire-toi dans la pièce la plus retirée et prie ton Père qui est présent dans le secret», dit Jésus dans l’évangile de ce jour. Rappel aussi de la miséricorde: «Laissez-vous réconcilier avec Dieu».

Dans un monde au goût de cendres, le carême des chrétiens est un préalable. Un prélude qui prépare à l’espérance de Pâques. Les quarante jours de carême laissent place à la joie pascale qui va éclater, liturgiquement parlant, durant cinquante jours. Les cendres sont le reflet d’un monde qui meurt. «Convertis-toi et crois en la Bonne Nouvelle», dit aussi le célébrant en apposant les cendres. La conversion est un processus continuel. Notre petitesse nous est rappelée. Elle présage de la révélation de notre vraie dimension, dans la gloire de la Résurrection. Vive le carême, mais à bas les faces de carême!

Bernard Litzler