Sœur Véronique

Journée d’élections!

Parfois des alliances se créent entre les partis afin de récolter plus de voix et faire ainsi obstacle à l’opposition. Alliance éphémère et souvent à charge de revanche…

C’est un peu ce qui se passe dans la page d’évangile de ce dimanche. Deux partis que tout oppose se mettent d’accord pour piéger Jésus et avoir ainsi une bonne raison de le condamner.

D’une part, les Hérodiens, partisans inconditionnels du régime en Galilée et forcément favorables à Rome, soutiennent une politique de compromission. En face, les Pharisiens, tenants d’une observance religieuse stricte et donc très critiques vis-à-vis du pouvoir romain qui occupe Israël. Parmi les plus religieux, les plus zélés, il y a les zélotes qui organisent des attentats contre l’occupant romain et en appellent à une forme de désobéissance civile.

Or, les pharisiens veulent prendre Jésus au piège et pour cela n’hésitent pas à s’associer à leurs adversaires pour le piéger. La question posée est une des plus dangereuses: est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César? Si Jésus répond non, il sera assimilé aux dangereux révolutionnaires religieux: s’il répond oui, il peut être accusé de pactiser avec des païens et de ne pas respecter la loi.

Fidèle à son habitude, Jésus décentre la question. Habilement, il sépare les deux domaines. L’impôt relève d’une exigence civile: s’il est dû, il faut le payer. La Loi, elle, règle la relation ajustée à Dieu. L’impôt et la Loi ne sont pas au même niveau. Jésus propose de régler l’éventuel conflit en respectant ces deux niveaux.

«Il y a là une invitation à discerner ce qui est fourni par César et ce qui est donné par Dieu»

N’y a-t ’il pas là une leçon profonde pour nos problèmes de vie personnelle ou collective? Nous devons normalement trouver leur solution dans la réflexion et un discernement avant tout humain. Un recours trop rapide au spirituel peut s’apparenter à une fuite, à un désengagement personnel. Au contraire, une certaine qualité d’humanité qui affronte le réel peut ouvrir le cœur à la Parole de Dieu. Mais on peut également espérer que celui qui observe la loi d’une manière spirituelle trouvera spontanément l’attitude juste dans les situations humaines.

Remarquons encore que Jésus ne dit pas: Payez à César ce qui est à César, mais, rendez à César ce qui et à César et à Dieu ce qui et à Dieu. Quelque chose a été fourni et reçu. Il y a là une invitation à discerner ce qui est fourni par César et ce qui est donné par Dieu. Jésus ne se prononce pas sur la question du paiement de l’impôt. Sa réponse est d’une portée plus générale. C’est en toute chose qu’il y a à rendre à César ce qui est à lui et à Dieu ce qui est à Dieu. Ce «rendez» renvoie ceux qui s’adressent à lui à leur responsabilité, à leur choix et à leur propre chemin dans la vérité. Jésus a évité le piège.

La pièce d’un denier représente César sur une de ses faces, mais il y a un envers comme à toutes choses. Invitation pour nous à repérer les signes visibles vécus dans la société et les relations, tout en cherchant dans ces réalités concrètes, les indices du Royaume, plus cachés, plus discrets.

Pour rendre à Dieu ce qui vient de Dieu.

Sœur Véronique | Vendredi 20 octobre 2023


Mt 22, 15-21

    En ce temps-là,

    les pharisiens allèrent tenir conseil

pour prendre Jésus au piège

en le faisant parler.

    Ils lui envoient leurs disciples,

accompagnés des partisans d’Hérode :

« Maître, lui disent-ils, nous le savons :

tu es toujours vrai

et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ;

tu ne te laisses influencer par personne,

car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens.

    Alors, donne-nous ton avis :

Est-il permis, oui ou non,

de payer l’impôt à César, l’empereur ? »

    Connaissant leur perversité, Jésus dit :

« Hypocrites !

pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?

    Montrez-moi la monnaie de l’impôt. »

Ils lui présentèrent une pièce d’un denier.

    Il leur dit :

« Cette effigie et cette inscription,

de qui sont-elles ? »

    Ils répondirent :

« De César. »

Alors il leur dit :

« Rendez donc à César ce qui est à César,

et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Détail du tableau «Le Christ et le denier de César», par Rubens, 17e s. | melina1965/Flickr/CC BY-NC-SA 2.0
20 octobre 2023 | 17:00
par Sœur Véronique
Temps de lecture: env. 3 min.
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