Bernard Litzler

L’aventure de la foi

Quel périple! Le pape François a terminé son voyage en Irak. On a peine encore à croire ce que nous venons de suivre. De Bagdad à Ur et à Nadjaf, puis à Erbil et à Mossoul, le souverain pontife a sillonné un pays meurtri et divisé. Prêcher la réconciliation sur cette terre martyre n’avait rien d’une sinécure. Même les menaces pesant sur ce voyage n’ont pas entamé la résolution de François, confiant. Il l’a fait, et comment!

«Aux périphéries», un de ses leitmotiv, le pape a visité un Irak affaibli, en recherche d’avenir. La rivalité entre chiites et sunnites, la position d’un Etat coincé entre l’Iran, la Syrie, la Turquie et l’Arabie saoudite, les difficultés de la démocratisation, la situation des Kurdes: que de défis! Conscient des enjeux, François a prêché le pardon dans tous les lieux qu’il a visités.

La reconstruction des lieux détruits par Daech prendra du temps, c’est clair. Mais les chrétiens peuvent être le levain dans la pâte d’un Irak nouveau, le pape le sait et les musulmans le demandent. «Vous n’êtes pas seuls», a dit François à Qaraqosh.

A noter la constance des propos du Saint-Père – à Rome ou dans ses déplacements – sur le dialogue entre les générations, l’espérance en un avenir meilleur ou l’opposition à l’instrumentalisation de la religion à des fins extrémistes.

Après huit ans de pontificat (le 13 mars), ses rencontres sont comme des pierres blanches sur un chemin de pacification: à Lampedusa avec les migrants, à Cuba avec le patriarche russe Cyrille, à Bangui (Centrafrique) pour l’Année de la miséricorde, à Abu Dhabi avec le grand imam sunnite Al-Tayyeb, et désormais à Nadjaf avec l’ayatollah Al-Sistani, haut responsable chiite.

L’aventure de la foi reste un chemin escarpé. Mais la joie de l’Evangile, dont François se fait le héraut planétaire, rapproche les croyants. Ur, Nadjaf, Erbil, Mossoul: ces noms nous sont devenus familiers. Alors que l’actualité n’évoque souvent ces cités que pour en souligner le côté dangereux, notre regard soudain change: ces croyants espèrent, comme tout le monde, un avenir serein sur leurs terres. Les encouragements du pape résonnent comme les ferments d’un futur meilleur.

Bernard Litzler | 8 mars 2021

Le pape, ici en mars 2021, à son arrivée à la cathédrale syro-catholique de Bagdad | © I.Média
8 mars 2021 | 13:34
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 1 min.
Irak (315), Pape en Irak (70)
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