Claude Ducarroz

Le mensonge du cervelas

Aimez-vous le cervelas? Moi oui! Surtout s’il est rôti au feu de bois ou délicatement apprêté en salade. Mais je déteste le cervelas quand il sert d’instrument pour booster une propagande mensongère dans l’espace public.

Quoi d’autre qu’un grossier mensonge? On veut nous faire croire que l’interdiction de la publicité en faveur du tabac parmi la jeunesse pourrait conduire – à terme – à interdire la promotion du cervelas ou du saucisson.  

L’interface entre la cigarette et le cervelas est déjà une escroquerie intellectuelle. Soupçonner les partisans de l’initiative de vouloir bannir une certaine charcuterie, en rajoute une couche à la mauvaise foi. Que je sache: l’abus du cervelas n’a pas mené à la tombe 9’500 personnes chaque année en Suisse, ce que fait, pour une part décisive, le fléau du tabagisme, dont il est urgent de protéger notre jeunesse.  

«Dans notre Église aussi, la crise des abus a révélé qu’on pouvait y pratiquer l’esquive»

La démocratie suisse est un bon système de participation populaire aux grandes décisions qui régissent notre société. Mais elle peut devenir détestable, voire pernicieuse, quand elle est instrumentalisée par des slogans trompeurs et des affirmations notoirement fausses. Pour qu’elle fonctionne bien, il faut la mettre à l’abri des démagogies qui peuvent la miner par des menteries sans scrupule…

Oui, je le sais. Dans notre Église aussi, la crise des abus sexuels a révélé qu’on pouvait y pratiquer l’esquive, la cachotterie et même le déni. Ce sont d’autres formes, plus subtiles et non moins délétères, de mensonges systémiques, d’autant plus scandaleux qu’ils se parent des oripeaux de l’amour de cette Église.   

Comme il est sans doute rude, mais surtout sauveur, de revenir à la parole du Christ dans l’Évangile: «La vérité vous rendra libres (Jn 8,32)», surtout quand elle est illuminée par la Parole de Dieu.

Coûte que coûte, car il peut être coûteux, mais combien libérateur, de faire confiance à la vérité en assument humblement la responsabilité de la reconnaître et de l’exprimer C’est un beau combat pour promouvoir une société de justice et de paix. C’est aussi une exigence de fidélité basique pour témoigner d’une Église qui se laisse guider et transfigurer par l’Évangile de Jésus, lampe sur nos pas.

Claude Ducarroz

2 février 2022

2 février 2022 | 08:21
par Claude Ducarroz
Temps de lecture: env. 2 min.
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