Philippe Aymon

Le Pape François dans le texte: Homélie et angélus

l y a le pape François en images et en actes, il y a le pape François en paroles. Voici donc les textes de l’homélie et de l’angélus du dimanche 17 mars.

Abbé Philippe AYMON

 

«Je crois que nous aussi sommes ce peuple qui, d’une part veut entendre Jésus, mais de l’autre, parfois, se plaît à donner des coups de bâtons aux autres, à condamner les autres (…) Dieu ne se lasse jamais de pardonner, jamais ! «Eh, père, quel est le problème?». Eh, le problème est que nous, nous nous lassons, nous ne voulons pas, nous nous lassons de demander pardon». (Pape François)

Homélie du pape François

C’est beau : d’abord, Jésus seul sur le mont, priant. Il priait seul (cf. Jn 8,1). Puis, il s’est rendu de nouveau au Temple, et tout le peuple venait à lui (cf. v. 2). Jésus au milieu du peuple. Et puis, à la fin, ils le laissèrent seul avec la femme (cf. v. 9). Quelle sollicitude de Jésus ! Mais une sollicitude féconde: celle de la prière avec le Père et celle, si belle, qui est justement le message de l’Eglise aujourd’hui, celle de sa miséricorde envers cette femme.

Il y a aussi une différence parmi le peuple : il y avait le peuple qui allait à lui; « il s’assit et se mit à les enseigner » : le peuple qui voulait entendre les paroles de Jésus, le peuple au cœur ouvert, qui avait besoin de la Parole de Dieu. Et il y avait les autres, qui n’écoutaient rien, ne pouvaient pas entendre; ce sont ceux qui sont venus avec cette femme : Ecoute, Maître, elle est ceci, elle est cela … Nous devons faire ce que Moïse a ordonné de faire avec ces femmes (cf. vv. 4-5).

Je crois que nous aussi sommes ce peuple qui, d’une part veut entendre Jésus, mais de l’autre, parfois, se plaît à donner des coups de bâtons aux autres, à condamner les autres. Et le message de Jésus est ceci : la miséricorde. Pour moi, je le dis humblement, c’est le message le plus fort du Seigneur : la miséricorde. Mais Il l’a dit lui-même : Je ne suis pas venu pour les justes; les justes se justifient tout seuls. Va, Seigneur béni, si toi tu peux le faire : moi je ne le peux pas ! Mais eux, ils croient pouvoir le faire. Je suis venu pour les pécheurs (cf. Mc 2,17).

Pensez à ces murmures après la vocation de Matthieu : Mais il va avec les pécheurs ! (cf. Mc 2,16). Et il est venu pour nous, quand nous reconnaissons que nous sommes pécheurs. Mais si nous sommes comme ce pharisien, devant l’autel : Je te rends grâce, Seigneur, parce que je ne suis pas comme les autres hommes, et ni comme celui qui est à la porte, comme ce publicain (cf. Lc 18,11-12), alors nous ne connaissons pas le cœur du Seigneur, et nous n’aurons jamais la joie de ressentir cette miséricorde ! Il n’est pas facile de se confier à la miséricorde de Dieu, parce qu’elle est un abîme incompréhensible. Mais nous devons le faire ! «Oh, père, si vous connaissiez ma vie, vous ne parleriez pas ainsi !». «Pourquoi ? Qu’as-tu fait ?». «Oh, j’en ai fait des grosses [bêtises] !» «Bien! Va à Jésus: cela lui plaît qu’on lui raconte ces choses !» Il oublie, Il a une capacité spéciale d’oublier. Il oublie, il t’embrasse, il te serre dans ses bras et te dit seulement : «Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus.» (Jn 8,11). C’est le seul conseil qu’il te donne. Après un mois, nous sommes dans les mêmes [bêtises] … Revenons au Seigneur. Le Seigneur ne se lasse jamais de pardonner: jamais ! C’est nous qui nous lassons de lui demander pardon. Demandons la grâce de ne pas nous lasser de demander pardon, car il ne se lasse jamais de pardonner. Demandons cette grâce.

Paroles du pape François à la fin de la messe
A la fin de la messe, le curé de Saint-Anne au Vatican, le P. Bruno Silvestrini, O.S.A., et le vicaire général de sa sainteté pour la Cité du Vatican, le cardinal Angelo Comastri, ont adressé leur salut au pape. Le pape a ensuite présenté un jeune prêtre argentin qu’il avait fait venir concélébrer la messe.

Le pape François a conclu avec ces paroles à l’assemblée :
Certains ici ne sont pas paroissiens : ces prêtres argentins, dont l’un est mon évêque auxiliaire. Mais pour aujourd’hui ils seront des paroissiens. Et je veux vous faire connaître un prêtre qui vient de loin, qui est venu, un prêtre qui depuis longtemps travaille auprès des jeunes des rues, avec les drogués. Pour eux il a ouvert une école, il a fait tant de choses pour faire connaître Jésus, et tous ces jeunes des rues aujourd’hui travaillent grâce aux études qu’ils ont accomplies, ils ont la capacité de travailler, ils croient et aiment Jésus. Je te demande, Gonzalo, de venir saluer les gens: priez pour lui. Il travaille en Uruguay, il est le fondateur du « liceo Jubilar Juan Pablo II »: il fait ce travail. Je ne sais pas comment il a réussi à le faire: je le saurai! Merci. Priez pour lui.
Traduction de Zenit, Anne Kurian

 

Paroles du pape François avant l’angélus

Frères et sœurs, bonjour !

Après la première rencontre de mercredi dernier, aujourd’hui à nouveau je peux adresser mon salut à tous ! Et je suis heureux de le faire un dimanche, le jour du Seigneur ! C’st beau et important pour nous chrétiens de nous rencontrer le dimanche, de nous saluer, de nous parler comme maintenant, ici, sur cette place. Une place qui, grâce aux médias, a les dimensions du monde.

En ce cinquième dimanche de carême, l’Evangile nous présente l’épisode de la femme adultère (cf. Jn 8,1-11), que Jésus sauve de la condamnation à mort. L’attitude de Jésus touche : nous n’entendons pas des paroles de mépris, nous n’entendons pas des paroles de condamnation, mais seulement des paroles d’amour, de miséricorde, qui invitent à la conversion. «Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus !» (v. 11). Eh!, frères et soeurs, le visage de Dieu est celui d’un père miséricordieux, qui prend toujours patience. Avez-vous pensé à la patience de Dieu, la patience qu’il a avec chacun de nous ? C’est sa miséricorde. Il prend toujours patience, patience avec nous, nous comprend, s’occupe de nous, il ne se lasse pas de nous pardonner si nous savons revenir à lui avec le cœur contrit. «Grande est la miséricorde du Seigneur», dit le psaume.

Ces jours-ci, j’ai pu lire un livre d’un cardinal – le cardinal Kasper, un théologien très bien, un bon théologien – sur la miséricorde. Ce livre m’a fait tant de bien, mais ne croyez pas que je fais de la publicité pour les livres de mes cardinaux ! Ce n’est pas cela ! Il m’a fait tant de bien, tant de bien … Le cardinal Kasper disait que faire l’expérience de la miséricorde change tout. C’est la plus belle parole que nous puissions  entendre: elle change le monde. Un peu de miséricorde rend le monde moins froid et plus juste. Il nous faut bien comprendre cette miséricorde de Dieu, ce Père miséricordieux qui a tant de patience … Rappelons-nous du prophète Isaïe, qui affirmait que même si nos péchés étaient rouges comme l’écarlate, l’amour de Dieu les rendrait blancs comme la neige. C’est beau, la miséricorde!

Je me souviens qu’à peine nommé évêque, en 1992, la Vierge de Fatima est arrivée à Buenos Aires et l’on a fait une grande messe pour les malades. Je suis allé confesser, durant cette messe. Et presqu’à la fin de la messe, je me suis levé parce que je devais administrer une confirmation. Une dame âgée est venue vers moi, humble, très humble, à plus de 80 ans. Je l’ai regardée et je lui ai dit : «Grand-mère – parce que chez nous on s’adresse  ainsi aux personnes âgées : grand-mère – vous voulez vous confesser ?». «Oui», m’a-t-elle dit. «Mais si vous n’avez pas péché …». Et elle m’a dit : «Nous faisons tous des péchés …». «Mais peut-être que le Seigneur ne les pardonne pas …». «Le Seigneur pardonne tout», m’a-t-elle dit, assurée. «Mais comment le savez-vous, madame ?». «Si le Seigneur ne pardonnait pas tout, le monde n’existerait pas». J’ai eu envie de lui demander: «Mais dites-moi, madame, vous avez étudié à la Grégorienne ?» (l’université pontificale confiée aux jésuites, à Rome, ndlr), parce que c’est la sagesse que donne l’Esprit-Saint : la sagesse intérieure sur la miséricorde de Dieu.

N’oublions pas cette parole : Dieu ne se lasse jamais de pardonner, jamais ! «Eh, père, quel est le problème?». Eh, le problème est que nous, nous nous lassons, nous ne voulons pas, nous nous lassons de demander pardon. Il ne se lasse jamais de pardonner, mais nous, parfois, nous nous lassons de demander pardon. Ne nous lassons jamais, ne nous lassons jamais ! Il est le Père amoureux qui toujours pardonne, qui a un cœur de miséricorde pour nous tous. Et nous aussi, apprenons à être miséricordieux avec tous. Invoquons l’intercession de la Vierge qui a eu entre ses bras la Miséricorde de Dieu fait homme.
A présent prions tous ensemble l’Angélus.

Après la prière de l’angélus (En italien)
J’adresse un salut cordial à tous les pèlerins. Merci de votre accueil et de vos prières. Priez pour moi, je vous le demande. J’embrasse à nouveau les fidèles de Rome, et vous tous, qui venez de divers endroits de l’Italie et du monde, ainsi que tous ceux qui sont unis à nous grâce aux moyens de communications. J’ai choisi le nom du saint patron d’Italie, saint François d’Assise, et ceci renforce mon lien spirituel avec cette terre, où sont – comme vous le savez – les origines de ma famille. Mais Jésus nous a appelés à faire partie d’une nouvelle famille : son Eglise, cette famille de Dieu, en cheminant ensemble sur le chemin de l’Evangile. Que le Seigneur vous bénisse, que la Madone vous protège. N’oubliez pas : le Seigneur ne se lasse jamais de pardonner ! C’est nous qui nous lassons de demander le pardon.
Bon dimanche et bon déjeuner !
Traduction de Zenit, Anne Kurian

18 mars 2013 | 10:17
par Philippe Aymon
Temps de lecture: env. 7 min.
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