Marie-Christine Varone

L'évangile de dimanche: Heureux celui qui croit sans avoir vu

Jn 20,19-31 | Marie-Christine Varone

L’évangile de ce dimanche nous invite à lire deux épisodes différents.

1. L’apparition aux disciples et l’envoi en mission (vv.19-23)

Le Christ ressuscité se donne à voir (19-20)

Le soir de Pâques, alors que les disciples vivent encore dans un climat de mort et de peur, Jésus se manifeste à eux de manière simple (»il vint et se tint au milieu d’eux»), leur souhaitant la paix (aussi vv.21 et 26). Il ne s’agit pas là d’une simple salutation, mais bien du don pascal par excellence.

Jésus accompagne sa parole d’un geste, montrant ses mains et son côté (cf.19,34); il révèle de la sorte que le Ressuscité qui leur apparaît est bien le Crucifié.

Aucune trace de doute chez les disciples, seulement la joie de voir le Seigneur, un titre qui souligne la divinité de Celui qui a triomphé de la mort et leur apparaît.

La mission (21-23)

De ses disciples, le Christ fait des envoyés qui s’inscrivent dans le même mouvement (cf. le «comme») que celui qui fut du Père au Fils et qui va désormais du Fils aux disciples. Et, pour que cet envoi, qui doit s’inscrire dans la continuité de celui du Fils aux hommes, soit possible, le Christ leur fait don de l’Esprit: il souffle sur, un verbe unique dans le NT, mais qui dans l’AT est en lien avec la création (Gn 1,7; Sg 15,11; Ez 37,9; 1 R 17,21). C’est dire que le Ressuscité accomplit une action transformante et créatrice; il donne à ses disciples le Souffle même qui l’animait, afin que ces êtres nouveaux puissent être témoins.

Le contenu (v.23) de la mission semble étrange. C’est la première et seule fois qu’il est question de rémission des péchés dans le quatrième évangile. Animés par l’Esprit Saint les disciples reçoivent juridiction (les deux termes: «remettre et retenir» indique la totalité) sur le péché que, bien sûr, Dieu seul pardonne (la formule «leur seront remis» indique que c’est Dieu qui remet). Pourquoi parler de péché le jour de Pâques? Tout simplement parce qu’il est «puissance d’esclavage» (8,34) et déshumanise l’homme, alors que le Christ est venu le libérer de tout asservissement par sa mort et sa résurrection. Il est donc judicieux que la communauté puisse offrir sans cesse libération et réconciliation.

2. L’apparition à Thomas (vv.24-29)

L’incrédulité de Thomas (24-25)

Impossible pour Thomas d’accorder foi au «nous avons vu le Seigneur» des disciples. Il veut voir et toucher les marques de la passion (25).

L’apparition à Thomas (26-29a)

Même scénario qu’au v.19, (mais sans le climat de peur). Jésus accorde à Thomas ce qu’il souhaitait, tout en l’invitant à changer de registre, non plus celui des signes, mais bien celui de la foi (27): «ne sois plus incroyant mais croyant». Et Thomas réplique par une splendide profession de foi: «mon Seigneur et mon Dieu» qui magnifie la divinité de Jésus qui a éclaté dans sa résurrection. Il a passé du voir au croire.

Une dernière béatitude (29b)

Jésus déclare «bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru». Une béatitude pour tous ceux (dont nous sommes) qui vivent et vivront après le temps des apparitions (qui se termine avec l’Ascension). Il s’agira, soutenus par l’Esprit, de faire confiance au témoignage de ceux qui l’ont vu après Pâques.

Oui, heureux ceux qui croient que le Christ est vivant, car ils savent que la mort n’aura pas le dernier mot et que le Crucifié-Ressuscité est toujours avec eux. Ils peuvent lui dire avec la même intensité affective que Thomas: «Mon Seigneur et mon Dieu».

«Impossible pour Thomas d'accorder foi au «nous avons vu le Seigneur» des dis-ciples. Il veut voir et toucher les marques de la passion»
11 avril 2015 | 09:07
par Marie-Christine Varone
Temps de lecture : env. 3  min.
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Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

C’était après la mort de Jésus.
Le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés,
ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés,
ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas,
appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),
n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient :
« Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara :

« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous,
si je ne mets pas la main dans son côté,
non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard,
les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison,
et Thomas était avec eux.
Jésus vient,
alors que les portes étaient verrouillées,
et il était là au milieu d’eux.
Il dit :
« La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas :
« Avance ton doigt ici, et vois mes mains ;
avance ta main, et mets-la dans mon côté :
cesse d’être incrédule,
sois croyant. »
Alors Thomas lui dit :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit :
« Parce que tu m’as vu, tu crois.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes
que Jésus a faits en présence des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits
pour que vous croyiez
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.