L’hippopotame

En Valais, la saison de la chasse haute (en haute altitude) est terminée. Au bas de ma colline au Congo, on a tué l’hippopotame qui s’égayait, discrètement pendant la nuit, dans le fleuve et les champs cultivés alentour.

C’est pour moi le deuil d’un mythe! Dès l’arrivée de notre communauté sur la Colline nous avons entendu parler de l’hippopotame femelle qui avec son petit ravageait nuitamment les champs de maïs proches du fleuve. On entendait de temps en temps son mugissement dans l’aube blafarde et le brouillard qui enveloppait le fleuve.

Puis, pendant un temps, on n’en parlait plus… Puis il revenait dans les conversations, à la faveur d’un grognement tonitruant.

Je parlais souvent à la ronde de mon désir de le voir, mais il eût fallu rester, avec les chasseurs du village, à l’affut nocturne près du fleuve, au milieu des moustiques, des serpents et des crocodiles. Cela refroidissait mes ardeurs.

Et voilà qu’au moment où en Valais la chasse est dans les conversations et dans les assiettes, les chasseurs de la colline ont tué mon mythe. L’hippopotame est mort!

On m’a envoyé des photos de son dépeçage public avec, clairement sur la photo, des policiers (en chaussures de ville à droite sur la photo). La chasse à l’hippopotame est interdite au Congo. Officiellement la police était là au moment où l’animal a été partagé, pour voir au nom de l’Etat si de bonnes raisons (ravages pour les champs ou danger pour la population) ont amené à son exécution. Officieusement pour avoir les meilleurs morçeaux.
Il faut bien voir que les villageois et les policiers du coin vivent avec la faim tenaillée au ventre; il est indéçent de leur reprocher de s’être partagé la viande de l’animal qui a réjoui beaucoup devant les cases de chaume, ces soirs-ci!

Pour terminer faisons une petite recherche sur Internet:

Hippopotame:

Statut de conservation IUCN (Union internationnale de la conservation de la nature) : Vulnérable
Protection : Il est menacé par la destruction de son habitat, sa chasse pour l’ivoire et la viande. On estime qu’il reste encore 125 000 hippopotames communs.

Et qu’est-ce qui est écrit pour Homme?

Guy Luisier