Bernard Litzler

Naître à Noël

Il fait Noël. Noël comme un déferlement. Noël comme un encombrement de nos villes, de nos rues, de nos esprits. Noël comme une vague incontrôlable: la fête se mue en dépenses, en stress, en excès. Le rappel de Noël nous est fait suffisamment tôt (de plus en plus tôt d’ailleurs…) pour que personne n’échappe au jour J: c’est l’heure des sapins débordants, des yeux émerveillés, d’un zeste d’enfance dans un monde amnésique. Image d’un monde parfait, Noël dessine la rencontre entre l’imaginaire de l’enfance et le goût de la fête qui nous habite. Mais, sur nos affiches, dans nos vitrines, à la télévision, Noël suinte d’une hypertrophie de scènes sirupeuses et d’une accumulation supposée nous rendre heureux.

 

Noël nous assaille, Noël nous agace… Le commerce a définitivement pris la Nativité en otage. Pourtant les fêtes les plus réussies ne sont-elles pas celles qui laissent un goût de bonheur, de «reviens-y», d’éternité?

Telle est la Nativité. Si le mot de Noël est employé abusivement, celui de Nativité garde sa fraîcheur, son innocence, sa vérité. Contrairement à d’autres, la langue française différencie les deux. Heureux sommes-nous de distinguer Noël, emprunt illégitime par les marchands, et la Nativité, qui ramène au mystère de l’Incarnation. De grands saints, François d’Assise ou Padre Pio, avaient une dévotion particulière pour cette grande fête. On les comprend… Quoi de plus normal, dans l’épaisseur de cet immense mystère, d’avoir quatre dimanches de préparation. L’Avent prépare cette advenue, il révèle progressivement de ce que représente la naissance de l’Emmanuel, «Dieu-avec-nous».

 

Noël n’est plus la Nativité. Il la caricature, la méconnaît. Mais le sens de cette divine naissance ne passe-t-il pas aussi par nous? Mettons donc sur la paille le Noël indécent et usurpateur et proclamons la victoire de la Nativité. Oui, nous devons naître à Noël, au vrai. Car la Nativité reprend le dessus quand l’Incarnation pousse à l’action, quand le partage supplante le désir de posséder, quand la solidarité naît des cœurs ouverts. Quand Jésus naît en nous, tout devient possible.

 

Bernard Litzler

Directeur du CCRT

6 décembre 2011 | 11:08
par Bernard Litzler
Temps de lecture : env. 2  min.
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